L’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) et le Front Patriotique pour le Renouveau (FPR) ont, conjointement, animé une conférence de presse, le vendredi 2 avril 2021 à Ouagadougou. Ils dénoncent une tentative d’intimidation du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Par Frank Pougbila
Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATDC) a envoyé une correspondance à des partis politiques, dont l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) et le Front Patriotique pour le Renouveau (FPR), après leur déclaration de non-appartenance au Chef de file de l’opposition politique (CFOP). La note du département indique que la loi ne reconnait que le CFOP comme le seul interlocuteur légal de toute autorité administrative ou institution qui voudrait requérir l’avis ou la position de l’opposition. Mais, cette correspondance est vue comme une « tentative flagrante d’intimidation politique, une persécution douce, un déni de démocratie » au Burkina Faso par l’UNDD et le FPR. C’est pourquoi, les deux formations politiques ont animé une conférence de presse, le vendredi 2 avril 2021 à Ouagadougou.
Pour le Président du FPR, Dr Aristide Ouédraogo, si rien n’est fait, le pays des Hommes intègres évolue vers l’installation d’un bipartisme imposé dont les deux entités visibles seront la majorité et une « opposition complice ». Il étaye ses dires par la loi n⸰046-2013/AN portant modification de la loi n⸰009-2009/AN portant statut de l’opposition politique. Il précise qu’il est stipulé en son article 4, que pour être membre de l’opposition, tout parti politique doit faire une déclaration écrite publique de son appartenance à l’opposition ou à la majorité avec une copie au ministre en charge des libertés publiques pour enregistrement. « Qu’il est donc clair que la référence au CFOP ayant disparu de la nouvelle et toute dernière version de la loi portant statut de l’opposition politique, l’action de s’inféoder ou de s’affiler au CFOP n’est pas automatiquement une obligation », a indiqué Dr Ouédraogo. A l’écouter, affirmer que la loi ne reconnait pas un autre cadre de concertation de l’opposition que les partis affilés au CFOP, c’est « une volonté de tordre le cou de notre Constitution ou une méconnaissance des textes par certains leaders ».
Dans la même vision, le président de l’UNDD, Me Hermann Yaméogo se questionne sur l’intérêt qu’a le MATDC à vouloir que les partis de l’opposition s’affilent au CFOP. Il a estimé que c’est une volonté du pouvoir pour contrôler l’arène politique avec la complicité « d’une opposition qui se fait distinguer difficilement de la majorité ». Il dit douter de la sincérité de l’opposition. A l’entendre, un contre-pouvoir qui vote la loi de finance et le Premier ministre de la majorité mérite des questionnements. « Que reprochez-vous au pouvoir en place ? » A la réponse à cette interrogation de la presse, Me Yaméogo voit une violation des libertés politiques ainsi que les droits humains en conjonction avec l’effectivité d’un système réel de contre-pouvoir au profit de la nation.
Les deux partis ont réaffirmé leur refus de s’affiler au CFOP et exhortent les populations à s’impliquer dans la vie politique pour la consolidation de la démocratie.