Ne les oublions pas ! Ils sont nombreux, les otages enlevés au Burkina Faso de 2015 à 2019 et qui sont toujours entre les mains des terroristes. Parmi ces otages figurent : Le roumain, Gherghut Lulian, kidnappé le 4 avril 2015 sur le site de Tambao. Au début de son enlèvement, sous la transition, le Burkina Faso avait pris contact avec les ravisseurs et plusieurs échanges ont eu lieu avant l’arrestation du Général Gilbert Diendéré. Ce dernier était l’interlocuteur des terroristes via d’autres négociateurs également.
Le rapt du Roumain avait été revendiqué par Al-Mourabitoune, un groupe lié à Al-Qaida. Sa dernière apparition date du 31 octobre 2015 dans une vidéo où l’otage demandait au gouvernement Roumain de tout mettre en œuvre pour sa libération. Et jusqu’à ce jour plus rien !
Après le Roumain, ce fut l’Australien, le Docteur Arthur Kenneth Elliott, enlevé avec son épouse à Djibo dans la nuit du 15 au 16 janvier 2016.Si son épouse a été libérée quelques jours plus tard, lui, il n’aura pas cette chance. Son épouse Jocelyn Elliott avait été libérée grâce à des négociations menées par le gouvernement du Niger, souvent engagé dans les pourparlers sur les otages occidentaux détenus par les groupes jihadistes actifs au Sahel.
Malgré les multiples appels de sa famille l’on n’a toujours pas de ses nouvelles. Arthur Kenneth Elliott âgé de 85 ans, a été naturalisé burkinabè. Ni les groupes jihadistes, encore moins le gouvernement burkinabè ne donnent de ses nouvelles. Mais selon Wassim Nasr, journaliste de France 24, spécialiste des réseaux jihadistes, Arthur Kenneth Elliott et Lulian Ghergut sont détenus par Al-Qaïda au Magrheb islamique (Aqmi), qui détient plusieurs otages au Sahel. Arthur Kenneth Elliott vivait au Burkina depuis 1972 et était engagé dans des actions humanitaires en faveur des populations de la province du Soum. Son enlèvement a été revendiqué par Ansar Dine, un groupe jihadiste de l’ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly.
En 2018, le Burkina Faso a encore connu des enlèvements notamment des employés du site minier d’Inata. Deux expatriés : un Indien Vikram Akoliya, un Sud-Africain Christo Bothma et un Burkinabè ont été enlevés le 23 septembre 2018. Jusqu’à ce jour, aucune nouvelle sur les trois otages. Personne ne peut dire avec exactitude quel groupe terroriste détient les trois employés de la mine d’or d’Inata. L’enlèvement avait eu lieu le dimanche 23 septembre 2018 « sur l’axe Inata-Djibo ».
En 2019, le même scenario se déroule toujours avec les enlèvements et surtout dans la même partie du Burkina, la région du sahel. Des élus locaux et des employeurs de plusieurs sociétés ont été pris en otage par des individus chaque fois non identifiés. Le cas le plus emblématique est celui de l’Abbé Joël Yougbaré « L’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, parti à Bottogui, hier dimanche 17 mars 2019, pour la messe, n’est pas rentré à Djibo jusqu’à cette heure », pouvait-on lire dans un communiqué de l’évêque de Dori, Mgr Laurent Dabiré .
Cet otage avait été donné pour mort en fin avril dernier mais quelque temps plus tard Mgr Laurent Dabiré déclare que « C’est une fausse information ».
Face à ces situations, on se demande bien que fait le gouvernement burkinabè pour la libération des otages ? L’armée burkinabè avec un effectif d’au moins quinze soldats a contribué auprès de l’armée française et avec les renseignements américains à libérer deux français, une sud-coréenne et une américaine dans la nuit du 9 au 10 mai 2019.
Cette libération qui s’est déroulée dans une opération spéciale a montré que les otages n’ont pas les mêmes prix. Est-ce une faute de moyens militaires ? Logistiques ou manque de volonté à travailler pour retrouver ces otages capturés depuis des mois ?
La force multinationale G5 Sahel devrait participer à la libération aussi des otages, car le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad deviennent un seul espace bien commun militairement.
La libération de ces otages y va de l’intérêt du Burkina Faso à tout point de vue car ces otages sont tous pris sur des chantiers très utiles qui apportent beaucoup plus au Burkina de façon économique, sociale et religieuse. Les libérer, garantie la confiance aux autorités burkinabè, la sécurité dans les activités mais aussi le bonheur de leur propre famille.
Les dernières frappes de la force Barkhane conjointement menées au Mali et au Burkina sonnent comme un espoir, mais encore faut-il se rappeler de ces otages et faire de leur libération une priorité; jusque-là, on nous parle peu d’une éventuelle libération des otages au menu de ces assauts. C’est à croire que ces otages sont oubliés. Vivement que le gouvernement burkinabè bouge !
Siébou Kansié
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