L’institut Free Afrik a suscité un débat le 30 octobre 2019 sur le bilan des cinq ans de l’insurrection populaire d’octobre 2014.Il a été animé par trois panélistes Abdoulaye Diallo coordinateur du centre national de presse Norbert Zongo et de Ciné Droit Libre, Mahamadé Sawadogo professeur de philosophie morale et politique à l’université Joseph Ki-Zerbo et Bruno Jaffré auteur du livre Burkina Faso, l’insurrection inachevée. Un panel modéré par Boureima Salouka, journaliste.
‘’Insurrection populaire : 5 ans après, où en est le Burkina Faso ?’’tel est le thème qui a fait l’objet du débat entre les différents analystes. La conviction que l’insurrection n’a pas apporté les espoirs qu’elle a suscités requiert l’assentiment des différents panélistes. Par contre, les avis divergent quant aux raisons pour lesquelles celle-ci a échoué. Auteur de Burkina Faso, l’insurrection inachevée, Bruno Jaffré estime que l’insurrection et le régime de transition ont plutôt réussi. « L’échec c’est plutôt l’après transition avec l’arrivée au pouvoir d’anciens proches de Blaise Compaoré » assène-t-il. Cet échec est, selon lui, imputable aux partis politiques qui ont démissionné et qui de ce fait n’ont pas préparé l’après insurrection. Pour une réussite totale de l’insurrection, il aurait fallu mettre des comités dans les différents quartiers sous la forme des Comités de Défense de la Révolution (CDR) pour assurer sa pérennité.
Tout aussi critique quant à ce qui est advenu de l’insurrection, le Pr Mahamadé Sawadogo estime lui, qu’au contraire, ce sont les politiques qui ont contribué à la dévier en se servant des organisations de la société civile (OSC). Le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) qui a hérité du pouvoir ne manque pas d’idées selon le professeur de Philosophie politique à l’université Joseph Ki-Zerbo mais est victime de ce qu’il est. Moins sévère, le troisième panéliste Abdoulaye Diallo, proche du Balai citoyen analyse quant à lui que si l’insurrection a échappé aux partis politiques, le peuple a fait pour sa part preuve de maturité politique. « Ce qui a contribué à sauver le pays de sombrer dans le chaos » explique-t-il. Il en veut pour preuve le balayage des rues et d’autres actions civiques fort louables. L’insurrection a tout de même garantie la liberté de parole aux Burkinabè.
Et maintenant ?
Alors que le pays est englué dans une crise sécuritaire sans précédent, les différents panélistes entrevoient l’avenir du pays aussi en termes de mobilisation du peuple comme celle que l’on observe au profit des déplacés internes à cause du terrorisme même si les panélistes la trouvent insuffisante. « La vraie réflexion est encore à mener » croit savoir Abdoulaye Diallo. Cette réflexion doit se faire à travers des Etats généraux de la nation comme le propose Bruno Jaffré ? Mahamadé Sawadogo lui estime que l’insurrection n’est ni le meilleur ni le dernier moment de l’Histoire du Burkina Faso.
Soumana Loura,Stagiaire
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