Le secteur artisanal occupe une place de choix dans l’économie nationale du Burkina Faso. Environ 2 millions de personnes y tirent leurs revenus, pour une participation de 30% au Produit intérieur brut (PIB). C’est fort de cela que le pays abrite l’un des plus grands rendez-vous de l’artisanat en Afrique, en l’occurrence le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).
Par Daouda Kiekieta
De l’artisanat de production à l’artisanat d’art en passant par l’artisanat de service, le secteur est le troisième pourvoyeur d’emplois au Burkina Faso après l’agriculture et l’élevage en 2022 et contribue dans le PIB du pays, selon Mme Germaine Compaoré, présidente de la Chambre des métiers de l’artisanat.
L’artisanat occupe environ 2 millions de personnes au Burkina Faso et contribue à près de 30% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce secteur regroupe plus de 240 métiers différents, occupant environ 30% de la population active.
En 2021 , au moins 1002 entreprises artisanales ont été enregistrées, selon le Centre de formalités des entreprises (CEFORE).
De plus, en 2021, le Village artisanal de Ouagadougou (VAO) a enregistré au 3 février 2023, un chiffre d’affaires de 163 200 000 F. CFA (143 600 F. CFA revenant aux artisans et 19 600 000 F. CFA à l’administration du VAO) selon M. Maurice Sama, gestionnaire du VAO cité par l’AIB (Agence d’information du Burkina).
C’est fort de cette contribution à l’économie nationale, que le gouvernement a engagé, depuis plusieurs années, des mesures en vue de moderniser ce secteur jusque-là dominé par l’informel et d’accroître davantage cette contribution.
Vers la modernisation du secteur artisanal
Ces mesures visent également à promouvoir et à rendre compétitifs les produits de l’artisanat sur le plan national et international.
Ainsi, en 2020 un accord-cadre pour la commande publique a été lancé par les autorités burkinabè.
Cet accord encourage le gouvernement à recourir aux artisans comme pour la fourniture des tables-bancs dans les écoles publiques.
Le pagne traditionnel, le Faso Dan Fani a été recommandé pour la décoration des bâtiments administratifs lors des cérémonies officielles.
Par ailleurs, la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina Faso (CMA-BF) a lancé, le 24 janvier 2020, le projet d’identification et d’immatriculation de masse des artisans.
89% des artisans ont été ainsi identifiés et immatriculés en 2020 selon la CMA-BF.
Dans la même veine, ce sont 1.420 métiers à tisser qui ont été acquis et distribués aux artisans et associations ; et 1785 artisans et entreprises artisanales ont été également immatriculés à la date du 31 décembre 2020.
Place du SIAO dans l’économie nationale
Le SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) est la biennale qui permet de réunir, d’exposer et de vendre des milliers de produits d’artisanat venus des quatre coins du continent africain.
Cet événement d’envergure internationale a pu tenir sa 16ème édition du 27 janvier au 5 février 2023 malgré le contexte sécuritaire difficile.
Pour chaque édition, ce sont plusieurs milliers de vendeurs et d’acheteurs qui se croisent dans la capitale burkinabè.
Dans la foulée, c’est une aubaine pour les secteurs du tourisme, de l’ hôtellerie et de la restauration.
Pour la 16ème édition de cette biennale, le gouvernement a consenti un investissement de plus de 800 millions de F.CFA pour accueillir 350 exposants venus de 24 pays et plus 300 000 visiteurs, selon M. Serge Poda, ministre du Commerce de l’Artisanat et du Développement industriel.
De la labellisation pour protéger les produits locaux contre la concurrence déloyale
Si le secteur artisanal occupe une place de choix dans l’économie nationale du Burkina, c’est sans doute grâce à la bravoure des artisans et artistes nationaux. Ces derniers ont su valoriser leur savoir-faire partout dans le monde.
C’est pourquoi les autorités du pays se sont engagées à valoriser et à protéger la production artisanale locale en procédant notamment à la labellisation de plusieurs produits locaux dont l’étoffe Faso Dan Fani en février 2021.
Ce pagne tissé traditionnellement est un symbole fort du “consommons local” défendue par Thomas Sankara sous la révolution d’août 83.
Mais, au-delà de l’histoire, ce tissu à base de fil de coton lourd, est un produit stratégique pour le Burkina dont le potentiel de revenus annuels est évalué à plus de 50 milliards de F. CFA, selon des informations diffusées par Radio France internationale (RFI).
Derrière ce pagne, c’est toute une économie qui espère sortir de l’ornière, notamment sa filière cotonnière.
En plus du Faso Dan Fani, le chapeau de Saponé, le beurre de karité et le pagne Koko Donda ont été également labellisés et protégés.
Cependant, l’insécurité liée au terrorisme a porté un coup dur au secteur artisanal.
Nombreux sont les acteurs du secteur qui ont fui leurs localités ou qui ne parviennent plus à écouler leurs productions.
C’est le cas des artisans qui sont totalement dans le désarroi. Les villages artisanaux implantés à Ouagadougou, à Kaya, à Bobo-Dioulasso et dans d’autres villes du pays ne reçoivent plus assez de visiteurs et de clients.
L’insécurité et l’insuffisance voire l’absence d’accompagnement du gouvernement affectent énormément le secteur de l’artisanat, ce qui pourrait porter un coup à la contribution du secteur dans le PIB du Burkina Faso.
Il connaît des difficultés, entre autres, de financement et de moyens modernes, pour l’éclosion véritable du secteur.
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