L’état de mise en œuvre de la politique de gratuité de soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes a fait l’objet de débat ce 13 juin 2023 à l’Assemblée législative de Transition (ALT) du Burkina Faso.
Par Nicolas Bazié
De 2016 à fin mars 2023, plus de 125 millions de prestations gratuites ont été offertes aux populations, dans le cadre de la politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
C’est en substance, la réponse donnée par le ministre de la Santé, Jean-Claude Kargougou, lorsque Basile Nana, membre de l’Assemblée législative de Transition a cherché à savoir l’état de la mise en œuvre de cette politique et les mesures prises face aux insuffisances dans la fourniture des consommables médicaux.
Selon le ministre, l’utilisation des services de santé a connu une augmentation avec le contact par habitant chez les enfants de moins de 5 ans. La mesure de gratuité des soins, poursuit-il, est appliquée dans toutes les 2328 formations sanitaires publiques fonctionnelles du Burkina Faso ainsi que dans 29 formations sanitaires privées.
Elle a contribué surtout à la réduction de la mortalité des femmes et des enfants de moins de 5 ans, selon lui.
« De 2015 à 2021, le ratio de mortalité maternelle est passé de 330 à 223 décès pour 100 000 naissances vivantes et le taux de mortalité infanto-juvénile est passé de 81,7 à 48 décès pour 1000 naissances vivantes» a-t-il dit.
Les cibles de la gratuité des soins représentent 30 % de la population burkinabè, affirme le ministre de la Santé. Ainsi, fait-il savoir, de 2016 au 30 mars 2023, ce sont 194 milliards 551 millions 872 mille francs CFA que l’Etat burkinabè a payé aux formations sanitaires, contre une facture de 225 milliards 296 millions 904 mille francs CFA, soit un taux de paiement des factures de 86,35 %. Le financement est entièrement assuré par l’État, a-t-il fait savoir.
Cependant, la dette de l’État était de 30 milliards 745 millions 032 mille francs CFA en mars 2023. « La mise en œuvre de la politique de gratuité de soins connaît des difficultés qui sont principalement les arriérés de paiement des factures, les ruptures de médicaments et des irrégularités relevées au niveau des formations sanitaires» a expliqué M. Kargougou face aux membres de l’Assemblée législative de Transition.
Dans son intervention, le ministre de la Santé a trouvé judicieux de digitaliser la feuille de soins en cours et de mettre en œuvre la pharmacie hospitalière. Il estime qu’en digitalisant cette feuille de soins, l’on parviendrait à réduire de façon significative, les fraudes dans la facturation et à améliorer l’usage rationnel des médicaments.
De ses explications, il y a aussi une nécessité d’augmenter l’enveloppe financière de la mesure de gratuité de soins, car, soutient-il, la panier de soins s’augmente avec la gratuité de la radiothérapie, de la planification familiale.
Les comités de gestion des centres de santé
M. Basile Nana a aussi voulu avoir une idée des difficultés que rencontrent les comités de gestion des centres de santé au Burkina Faso. Le ministre d’indiquer que cela n’est pas «exclusivement» lié à la politique de gratuité des soins.
« Nous sommes d’accord avec vous que les arriérés de paiement due à l’insuffisance d’allocation des ressources financières à la gratuité retentissent dans le fonctionnement des formations sanitaires» souligne le premier responsable du département de la santé.
Il a promis qu’il y aura une amélioration dans la gestion financière des formations sanitaires périphériques avec la digitalisation des flux financiers dont une phase pilote est en cours dans huit centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et quatre centres médicaux avec antenne chirurgicale.