Le directeur de publication du journal «Le Reporter», Boureima Ouédraogo et son rédacteur en chef Aimé Kobo Nabaloum ont comparu, ce 14 septembre 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga II pour des faits de «diffamation» et «complicité d’actes de diffamation». Cela fait suite à une plainte qui a été déposée par le ministre de l’Économie Dr Aboubacar Nacanabo, le directeur général des Douanes Mathias Kadiogo et le directeur général des impôts Daouda Kirakoya.
Par Nicolas Bazié
Dès l’ouverture du dossier ce 14 septembre, les avocats des prévenus Boureima Ouédraogo et Aimé Kobo Nabaloum ont demandé le renvoi du dossier.
Lors des débats, la défense a indiqué que l’ASCELC a fait une enquête sur une affaire en lien avec le présent dossier.
« Les faits évoqués dans le journal ont fait l’objet d’une enquête», soutiennent les avocats de la défense qui trouvent qu’il faut un renvoi du dossier pour que l’on prenne connaissance du contenu de cette enquête dont les pièces ont été transmises au parquet du tribunal de grande instance Ouaga I.
Me Christophe Birba fait partie de ces avocats. Pour lui, la demande de renvoi vise à éviter une éventuelle erreur judiciaire. « Nous n’avons pas de problème à envoyer les preuves de ce que nous avons écrit dans le journal. Mais, le problème que nous avons posé est assez sérieux parce qu’il s’agit d’une affaire de diffamation et, l’une des sources de vérité dans ce dossier se trouve au Tribunal Ouaga I », a déclaré Me Birba.
Il poursuit : « Monsieur le président, il faut que vous communiquiez avec vos collègues de Ouaga I. Il y a des mécanismes en la matière pour obtenir les pièces. Nous pouvons aussi demander au parquet d’écrire à ses collègues du TGI Ouaga I pour obtenir les pièces ».
À cette demande, le procureur n’a pas trouvé d’inconvénients. « Il y a lieu de donner la chance aux prévenus de mieux se défendre en apportant les pièces en question pour verser au dossier », a dit le procureur qui promet qu’en début de semaine, il pourra se procureur du contenu de l’enquête de l’ASCE-LC.
Cependant, pour les avocats des plaignants (le ministre de l’Économie Dr Aboubacar Nacanabo, le directeur général des Douanes Mathias Kadiogo et le directeur général des impôts Daouda Kirakoya, ndlr), il y a une sorte de manipulation pour que le dossier ne soit pas jugé.
« Monsieur le président, le journal Le Reporter n’a pas les preuves de ce qu’il a écrit ; il veut gagner du temps pour que quelqu’un d’autre lui apporte les preuves », estime l’un des avocats de la partie civile. Selon lui, un renvoi du dossier n’apportera rien de nouveau.
Après avoir écouté toutes les parties, le juge a décidé du renvoi ferme du dossier au jeudi 21 septembre 2023, pour une bonne administration de la justice.
Les faits….
Tout est parti de la publication d’un article dont le titre est : « Finances publiques : Le ministre des Finances, les DG et les milliards de FCFA d’Essakane ».
Dans le numéro 360 du 15 au 30 juin 2023, en effet, Aimé Nabaloum, poursuivi pour «complicité d’actes de diffamation», a écrit un article sur une transaction entre l’Etat burkinabè et la société minière ESSAKANE. Son infraction est punie par les articles 95, 101, 114, 123 et 124 de la loi N°057-2015/ CNT du 4 septembre 2015 portant régime juridique de la presse.
Dans cet article incriminé, le rédacteur en chef du journal a révélé que l’État aurait perdu 97 milliards de francs CFA dans cette transaction. Ce que contestent les mis en cause qui affirment avoir agi en toute légalité et selon leurs compétences.