Les cargaisons contenant les matériaux dont certains ont des cristaux d’or au niveau des parois, ont été ouvertes ce 9 octobre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I.
Par Nicolas Bazié
L’ouverture étant publique, elle s’est faite devant tous ceux qui étaient dans la salle d’audience N°1 du TGI Ouaga I ce lundi 9 Octobre 2023.
Dans la première cargaison, on aperçoit des briques réfractaires (des matériaux qui résistent aux températures élevées et sont utilisés pour la réalisation et la réfection de fours, de hauts fourneaux, ndlr), des scories (résidus solides provenant de la fusion de minerais métalliques, de la combustion de la houille, ndlr) , etc.
La deuxième cargaison ouverte contient deux sacs ‘’bôrô’’ selon les constatations faites par les parties. Dans ces sacs se trouvent des corps solides «homogènes» appelés «colmatés». Une sorte de gros cailloux.
Que ce soit dans les deux sacs, les scories contiennent des «grains d’or visible à l’œil nu» selon les dires des experts qui ont manipulé lesdits corps et après les constatations de l’huissier de justice, Me Conombo.
Cependant, ces experts trouvent qu’il faut des analyses pour avoir la certitude que les matériaux contiennent vraiment de l’or. Selon un agent de Essakane SA qui comparait en qualité de prévenu, il est normal de retrouver des résidus d’or sur les matériaux.
Et les lingots d’or ?
Au stade actuel de l’expertise, il est difficile de confirmer ou d’infirmer la présence de lingots d’or dans les cargaisons.
Toutes les parties ont pu constater la présence de grains d’or en lieu et place de lingots d’or sur les parois des scories présentées.
« Il n’y a pas de lingots d’or », a dit l’un des experts. Il est vite recadré par le procureur, qui lui fait comprendre qu’il n’avait pas à répondre à la question qui lui a été posée puisque des analyses n’ont pas encore été faites.
Saisie à titre conservatoire…
Au cours de ce procès, l’agent judiciaire de l’État a introduit une requête qui est la saisie à titre conservatoire des avoirs et des substances précieuses désormais produites par la société minière IAMGOLD Essakane SA et des biens meubles et logistiques de la société Bolloré.
Une requête qui a provoqué de vifs débats, les avocats de la défense estimant qu’elle n’a pas sa raison d’être. Me Moumouny Kopioh, l’un des avocats de la défense va même déclarer que l’agent judiciaire de l’État n’est pas compétent pour introduire une telle requête, car relevant du ressort du procureur selon lui. Il justifie aussi son opposition par le fait que les prévenus ne sont pas condamnés.
Me Prosper Farama, avocat du REN-LAC voit les choses autrement. Pour lui, l’État a le droit d’introduire sa requête. Et, à l’en croire, la saisie conservatoire par essence se fait bien avant la condamnation.
L’audience a été renvoyée au 11 octobre 2023, pour mieux statuer sur le traitement des corps solides, la désignation d’un juge superviseur des cargaisons ainsi que la requête en question.