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Burkina/Ramadan : les conseils de l’imam Alidou Ilboudo sur le jeûne musulman

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Les musulmans du Burkina Faso vont bientôt débuter le mois de jeûne de ramadan, un des grands piliers de l’islam. Ils vont durant un mois s’abstenir de boire et de manger du matin au soir, comme l’exige la religion musulmane. Imam Alidou Ilboudo, coordonnateur du Centre culturel islamique du Burkina pour le dialogue et le vivre ensemble (CCIB), par ailleurs imam à l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina Faso (AEEMB) et au Centre d’étude, de recherche et de formation islamique (CERFI) apporte des éclairages sur certains principes essentiels du mois de Ramadan

Propos recueillis par Issoufou Ouedraogo

Libreinfo.net : Imam, pour vous, c’est quoi le jeûne musulman en islam ?

Imam Ilboudo : c’est vrai dans quelques jours, nous allons aborder le mois béni de ramadan où l’acte essentiel, c’est le jeûne.

Le jeûne en islam signifie l’abstention. C’est l’action de s’abstenir de faire quelque chose. On peut appliquer le jeûne par exemple au silence.

Quelqu’un qui décide de toute la journée de ne pas adresser la parole aux humains dans un cheminement d’adoration. On peut dire qu’il fait le jeûne de la parole.

Mais pour ce qui est du jeûne du mois de ramadan, il s’agit de s’abstenir de boire, de manger, d’avoir des relations intimes du lever du soleil à son coucher.

Et cela dans le but d’obéir à Allah qui nous prescrit ce jeûne-là et dans le but de l’adorer.

Donc en quelque sorte, c’est arrêter de se nourrir de ce qui est charnel à l’être humain pour aiguiser la dimension spirituelle qui existe en lui.

Donc, on prive la chair, le corps de tout ce qui donne vigueur et plaisir dans le but de l’assainir, de le fortifier, de le maîtriser et de le vouer à l’adoration purement par l’esprit à Allah. Il va consister en l’abstention de nourriture et de plaisir.

Libreinfo.net : quels sont les actes que le jeûne musulman est autorisé à faire durant ce mois ?

Imam Ilboudo : c’est vraiment un grand pilier de l’islam puisque ça fait partie de ce qui est communément appelé les cinq piliers de l’islam. Ça fait partie des premières révélations aussi en matière d’adoration musulmane.

Et comme je l’ai dit, l’homme musulman, la femme musulmane qui est pubère, qui a atteint l’âge de raison, qui est libre de ses actions, qui est en bonne santé physique et qui est résident, qui n’effectue pas de voyage, cette personne sera amenée à jeûner.

Il doit s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des rapports charnels du matin jusqu’au coucher du soleil.

En dehors de cela, tout ce qui n’est pas cité est autorisé. C’est surtout tout ce qui est interdit que nous mettons en évidence.

Libreinfo.net : En quoi consiste l’acte de jeûner ?

Imam Ilboudo : si je m’abstiens de ce que je viens de citer, on peut dire que je jeûne. Maintenant, il y a des activités que les gens parfois mettent dans le cadre du jeûne qui ne font pas partie. Par exemple, le fait de se doucher durant la journée du ramadan.

Cela n’est pas interdit. Ce qui est interdit, c’est que je ne laisse pas passer l’eau au-delà de ma gorge.

Le fait aussi de se rincer la bouche ou de se brosser, cela n’est pas interdit. C’est le cas aussi par exemple de se pommader ou de mettre de l’antimoine au niveau des yeux. Tous ces actes ne sont pas interdits en Islam. Voilà ce qui est toléré en matière de jeûne.

Libreinfo.net : certains disent que pendant le mois de jeûne, on ne doit pas donner son sang, les regards, ta façon de parler. Tout doit changer.

Imam Ilboudo : l’acte de jeûner vise à nous faire maîtriser tout ce qui est corporel, cher à nous et qui nous amène à la passion qui est la désobéissance. Tout acte qui rentre dans cela, tel que le regard lascif.

Nous savons qu’actuellement tout ce qui est réseaux sociaux où il y a beaucoup de vidéos qui circulent et qui peuvent amener à des pensées négatives au niveau de l’être humain est déconseillé.

C’est pourquoi, tout ce qui peut nous amener à la désobéissance sera déconseillé, tel que le regard lascif.

Tout cela sera interdit parce qu’on ne peut pas dire formellement que ça rompt le jeûne tant les éléments cités au début ne font pas partie mais ça amoindrie beaucoup sa valeur.

Quant aux actes essentiels de la vie comme donner son sang, cela n’est pas un acte interdit en soi mais comme la personne ne s’alimente pas, ce n’est pas sûr que la personne qui donne son sang alors qu’il est en jeûne puisse supporter le restant de la journée.

Il est bon qu’il attende la fin du jeûne. Mais si c’est une nécessité comme parfois, il y a des groupes sanguins qui sont très difficiles à trouver et c’est lui la personne qui doit le faire, ce qui est conseillé, c’est que la personne rompt son jeûne et accomplisse son devoir social.

Et à la fin du mois de jeûne, il rembourse ce jour-là. Ce qui est mieux. Mais quand il s’agit de prise de sang pour un examen où une piqûre intraveineuse pour prendre un médicament, tous ces actes ne sont pas interdits.

Libreinfo.net : qui peut faire le jeûne et qui ne peut pas le faire ?

Imam Ilboudo : c’est le musulman qui atteint l’âge de la majorité et nous généralement en islam, la majorité est définie à partir de 15 ans.

Cette personne, femme ou homme qui est en bonne santé, qui n’a pas de maladie et qui n’est pas soumise à la prise de médicament durant la journée. Et que cette personne soit résidente.

Une personne qui voyage peut reporter son jeûne. Une personne âgée au-delà de 75 -80 ans peut s’abstenir de jeûner. C’est vrai que la personne ne ressent pas la privation de l’eau et du manger mais sur le plan scientifique, il est déconseillé que la personne jeûne.

Ce sont des gens à qui il faut rappeler de boire l’eau au cours de la journée. Donc ces personnes ne jeûnent pas. C’est la personne qui est en bonne santé, qui est résidente, qui a atteint l’âge de la majorité qui jeûne le mois de ramadan.

Les malades et les voyageurs peuvent reporter le jeûne. C’est vrai, il y a des malades qui sont définitivement dispensés du jeûne parce que ce sont des malades chroniques dont on n’espère pas une guérison, donc ces personnes paient une compensation en nourriture pour chaque jour de jeûne.

Mais les personnes qui tombent occasionnellement malade durant le mois de jeûne (maux de tête, paludisme, etc.), ils laissent le jeûne et à la fin du mois de ramadan quand ils seront en bonne santé, ils remboursent ces jours de jeûne.

Libreinfo.net : Ce mois de ramadan coïncide avec le carême chez les chrétiens, est-ce que ce n’est pas un signal pour plus de tolérance ?

Imam Ilboudo : Oui, il y a toujours des similitudes et même si le mois ne coïncidait pas, nous constatons déjà ces dernières années, on jeûne presque au même moment parce que le calendrier du jeûne que ça soit chez les musulmans où chez les chrétiens est un peu tournant.

C’est que dans la prescription du jeûne musulman, Allah fait référence aux communautés qui ont précédé, il est dit que « le jeûne vous a été prescrit comme il a été prescrit à ceux-là qui ont reçu la révélation avant vous.

Ainsi vous atteindrez la piété, donc il y a beaucoup de choses qu’on partage dans le jeûne.

Ce qui montre aussi qu’en définitive, nous sommes tous des êtres humains et notre radical commun, c’est que nous partageons la même humanité.

Nous vivons les mêmes réalités donc ça doit nous sensibiliser à prendre en compte cette dimension de l’humain de réunir tous les hommes au-delà des différences que nous avons créées que ce soit au niveau technique, communautaire, idéologique et sensible à la cause humaine.

C’est le moment aussi de nous mettre ensemble pour prier pour notre pays qui traverse des difficultés.

Libreinfo.net : Quel appel avez-vous à lancer à cette communauté durant ce mois de ramanda ?

Imam Ilboudo : Il faudra que nous prenions conscience de la valeur du mois de ramadan, c’est un mois d’éducation, c’est une école et c’est un creuset de valeur.
Parce que quand je me prive de l’essentiel, il y a deux éléments fondamentaux.

Le premier élément, je me rends compte qu’il y a des gens qui vivent cette privation tous les jours et dans cela du 1er janvier au 31 décembre et je dois pouvoir être sensible à leur cause.

Le deuxième élément, c’est que sur un plan personnel, je vais vivre moi-même le manque.

Quelqu’un qui est soumis à un travail intense et qui prend une tasse de thé tous les jours à 10 h s’il ne le prend pas, il est irritable.

Il ne le prendra pas durant ce mois et il devra aussi supporter autrui qui est à côté de lui.

Et tout cela, c’est une posture d’éducation et chacun de nous saisit cette occasion pour se lancer en matière de conduite, corriger ses erreurs et rebondir à la fin du mois de ramadan, sortir grandir en foi pour savoir qu’on peut se corriger.

Pour un jeune, c’est une occasion de renaissance, c’est le printemps de la foi et c’est le moment de prendre des résolutions très fortes.

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