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Ferronnier : Une activité qui nourrit son homme à Bobo-Dioulasso 

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Le secteur informel est caractérisé par une multitude d’activités, de petits boulots. A Bobo-Dioulasso, nous nous sommes intéressé à l’activité de ferronnier. Reportage.

Par Kapidgou, correspondant à Bobo-Dioulasso

Quartier Bindougousso de Bobo-Dioulasso au bord du Boulevard de la révolution. Au niveau de ce marché à ciel ouvert, des dizaines de ferronniers se sont installés, chacun avec une spécialité.

Sous un hangar, nous retrouvons Bakary Kané et ses apprentis à la tâche depuis le petit matin.

Ferronnier depuis près de quarante ans, Bakary Kané s’est spécialisé dans la fabrication de louches, de poêles et d’écumoires destinés aux ménagères. Il vend ses louches et écumoires entre 100 et 300 FCFA suivant leur taille.

Bakary Kané dans son atelier
Bakary Kané dans son atelier

À quelques pas de là, un autre atelier. Celui de Arouna Sanou. Une dizaine de personnes spécialisées dans la fabrication artisanale de marmites travaillent ici. Arouna Sanou, 30 ans de métier, a sa propre méthode de préparation. Il établit sa base et met en terre son moule et le recouvre de terre. Il nous explique son mode de fabrication.

«Il faut d’abord faire fondre l’aluminium et le verser dans un moule pour lui donner la forme que l’on souhaite. Une fois l’aluminium versé, il faut attendre 5 mn pour que les premières marmites sortent de terre», fait-il savoir. Le ferronnier Sanou en fabrique 30 par jour.

Le prix d’une marmite varie entre 1 000 et 15 000 FCFA selon la taille. À peine les premières marmites sorties du four que les clients affluent déjà.

Aicha Terra, accompagnée de sa tante, est venue acheter des ustensiles de cuisine pour le mariage de sa cousine. «La marmite est indispensable dans un foyer. C’est avec ça qu’on prépare les repas. Donc, nous sommes venues pour en acheter deux pour ma cousine qui doit se marier d’ici là. Nous avons eu les deux marmites à 7 000 FCFA, soit 3 500 FCFA l’unité. Je trouve que le prix est élevé », a déclaré la jeune dame.

Au détour d’une rue, nous retrouvons des ferronniers atypiques comme Dramane Dao. A 75 ans, il exerce la ferronnerie depuis une soixantaine d’années. Il travaille bien le fer, l’acier ainsi que l’aluminium. Pour lui, le fer ou l’acier n’a plus de secrets pour lui. Sa spécialité : la fabrication de fourneaux et de cantines.

Dramane Dao, ferronnier depuis 60 ans
Dramane Dao, ferronnier depuis 60 ans

Le talent de ce vieil artiste ferronnier lui rapporte entre 200 000 et 300 000 FCFA par mois. «Ce métier m’a conduit au Niger, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Même si je n’ai pas eu une fortune, j’arrive à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille grâce à ce travail», avoue le vieux Dao.

La fabrication de poêles est le domaine de prédilection de Khalifa Keita. Il en fabrique en moyenne 20 par jour et vend l’unité à 2 000 FCFA. Âgé de 39 ans, Khalifa Keita dit avoir hérité ce métier de son père.

Khalifa Keita :«j'ai hérité la ferronnerie de mon père»
Khalifa Keita :«j’ai hérité la ferronnerie de mon père»

«Je ne suis pas allé à l’école. Tout petit, j’aidais mon père dans son atelier et, aujourd’hui, j’ai pris sa relève. C’est grâce à la ferronnerie que je me suis marié et j’assure les charges familiales », déclare-t-il.

Ce sont des revendeurs comme Barthélémy Banhoro et Adama Sanou qui récupèrent les marchandises des artisans de métaux pour les mettre sur le marché. Nous avons trouvé le dernier cité en pleine discussion avec une cliente.

Mme Kambou (c’est ainsi qu’elle se présente) est venue chercher des cantines pour ranger ses documents. Après de longues minutes de négociations, elle a fini par en prendre deux à 70 000 FCFA à raison de 35 000 FCFA l’unité.

«Je préfère les cantines aux valises car elles résistent mieux au temps et en cas d’incendie les documents qui s’y trouvent pourront être épargnés», estime-t-elle.

Salif Ouattara, lui, vient d’acheter un fourneau pour chauffer ses poussins.«Il fait frais en ce moment. Alors, il faut assurer le chauffage des poussins au risque de les perdre. C’est pourquoi je suis venu acheter ce fourneau. Je l’ai eu à 5 000 FCFA et je pense que c’est cher», indique-t-il.

Pour justifier les prix de leurs articles, les ferronniers évoquent l’augmentation du coût des matières premières. «Avant, on pouvait avoir une barrique vide à 7 500 FCFA mais aujourd’hui, il faut débourser 10 000 FCFA et, en plus, on en trouve rarement», explique Arouna Sanou.

Le métier de ferronnier fait vivre plusieurs centaines de personnes à Bobo-Dioulasso. Toutefois, le secteur gagnerait à mieux s’organiser.

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