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Afrique : Et la danse des urnes se poursuit …

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Pas moins de onze élections présidentielles figurent dans l’agenda politique de l’Afrique pour cette année 2024. Quatre d’entre elles se sont déjà tenues et le rendez-vous des Rwandais, le 15 juillet prochain, avec les urnes de leur pays, inaugure le cycle pour le second semestre déjà bien entamé. La danse des urnes se poursuit donc sur le continent, avec des enjeux multiples et des conséquences diverses.

Par Serge Mathias Tomondji

L’année 2024 poursuit sa marche inexorable et l’agenda électoral assez fourni en Afrique déroule, imperturbable, son calendrier. Sur les onze élections présidentielles à l’ordre du jour au titre de cette année en effet, quatre ont déjà eu lieu, au moment où le deuxième semestre est bien entamé. 

Les urnes ont donc à nouveau parlé sur le continent, avec des fortunes et infortunes diverses. Et jusque-là, les présidents sortants, candidats à leur succession, ont tous validé leurs tickets pour un second ou un troisième mandat à la tête de leurs pays à l’issue des rendez-vous électoraux de ces six premiers mois de 2024, entre contestations ici, violences là.

C’est l’Union des Comores qui a ouvert le bal, le 14 janvier, à travers une élection sanctionnée, dix jours tard, par une victoire dès le premier tour de Azali Assoumani, qui se maintient à la tête de l’archipel pour la troisième fois. « Malgré les dizaines de recours, les manifestations, les violences, un mort et six blessés par balle, la Cour suprême des Comores a (en effet) validé le résultat du premier tour de l’élection présidentielle du 14 janvier 2024 », qui octroie officiellement 57,02% des suffrages exprimés au chef de l’État sortant.

En Afrique du Sud, les élections générales du 29 mai 2024 se sont relativement déroulées dans le calme, mais les résultats, qui ont consacré un net recul de l’African National Congress (ANC, au pouvoir), ont d’abord été contestés par l’ancien président Jacob Zuma. Contestation de pure forme, qui n’a pas empêché la réélection de Matamela Cyril Ramaphosa à la tête du pays, avec un parti qui a perdu, la première fois depuis trente ans, sa majorité absolue. Le président sud-africain a ainsi obtenu 283 voix des 400 parlementaires qui lui ont accordé un second mandat de cinq ans.

La vitrine sénégalaise

Contrairement à l’Afrique du Sud, c’est un suffrage universel direct qui a consacré la réélection du président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, dès le premier tour avec 56% des voix. Ce verdict des urnes du 29 juin 2024 a été confirmé, le 4 juillet dernier, par le Conseil constitutionnel. L’instance suprême a notamment rejeté les recours formulés par Biram Dah Abeid, arrivé deuxième comme lors de l’élection précédente, en 2019, qui a appelé la population à « manifester pacifiquement pour refuser ce qu’il qualifie de hold-up électoral ».

C’est le Sénégal qui fait figure de vitrine dans la série des élections présidentielles organisées sur le continent au cours du premier semestre de l’année 2024. Après les tensions et violences qui ont caractérisé la période préélectorale, le pays de la Téranga a, en effet, tenu son rang d’exemple démocratique en portant à la présidence, dans le calme et dans les urnes du 24 mars 2024, le plus jeune chef d’État de son histoire. 

Candidat de substitution, en prison deux semaines plus tôt, ainsi que son mentor, Ousmane Sonko, qui n’a pas pu faire acte de candidature, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, 44 ans, est élu dès le premier tour d’un scrutin exceptionnel. Initialement prévue le 25 février 2024, cette douzième élection présidentielle organisée par le Sénégal depuis son indépendance consacre ainsi, en 64 années sans le moindre coup d’État, le cinquième président de cette République, après Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall.

Encore sept rendez-vous

On attend donc maintenant sept autres scrutins présidentiels sur le continent pour cette seconde partie de l’année. Les urnes seront, en effet, à nouveau sollicités dès le 15 juillet prochain au Rwanda, où Paul Kagame, au pouvoir depuis 1994, est en lice pour un cinquième mandat à la tête de son pays.

Élection sans enjeu, cette présidentielle rwandaise enregistre aussi les candidatures de Frank Habineza du Parti vert démocratique du Rwanda (PVDR) — considéré comme un « minuscule et seul parti politique d’opposition », ne disposant d’aucun siège au Parlement — et de l’indépendant Philippe Mpayimana. Une compétition qui ne laisse donc pas la place au suspense et qui devrait maintenir le président du Front patriotique rwandais (FPR) à la tête du pays.      

On suivra ensuite avec attention les scrutins présidentiels en Algérie et en Tunisie. Initialement prévue en décembre 2024, l’élection présidentielle devrait finalement se tenir le 7 septembre prochain en Algérie. L’annonce en a été faite le 21 mars dernier, à l’issue d’une réunion présidée par le président Abdelmadjid Tebboune, désormais candidat à sa succession. En fonction depuis le 19 décembre 2019 après la longue ère Bouteflika, l’actuel chef de l’État, 78 ans, est un homme de l’appareil politique algérien. 

Plusieurs fois ministre de la République, Premier ministre entre mai et août 2017, Abdelmadjid Tebboune devrait logiquement tirer, en septembre prochain, les bénéfices électoraux d’une « vie politique pratiquement gelée », ainsi que de la torpeur actuelle des médias, « contraints à la prudence pour survivre ». D’autant que l’annonce de l’anticipation de l’élection intervient dans une perplexité générale.

Le voisin tunisien ne fait pas mieux. Dans ce pays, indique-t-on, en effet, « l’opposition peine à faire émerger des candidats susceptibles de rivaliser avec le chef de l’État sortant, dont le mandat se termine en octobre, alors que plusieurs de ses leaders ont été emprisonnés ». Le chef de l’État sortant, Kaïs Saïed, dont le mandat se termine le 23 octobre prochain, s’est, en effet, arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en suspendant notamment le Parlement.

Au pouvoir depuis le 23 octobre 2019 suite à  une élection présidentielle qui a suscité tant d’espoir dans la lignée du printemps arabe — et qu’il a remportée au second tour avec 72,7% des suffrages exprimés face à l’homme d’affaires Nabil Karoui — Kaïs Saïed, 66 ans, semble avoir déçu les attentes des Tunisiens et de l’Afrique.

Mais ce juriste, spécialisé en droit constitutionnel, qui bénéficiait pourtant d’une excellente image de probité en 2019 possède aujourd’hui tous les leviers pour se succéder à lui-même à l’issue de cette élection présidentielle prévue le 6 octobre prochain.

Un quart de la population africaine aux urnes !

Le mois d’octobre 2024 sera d’ailleurs riche en consultations électorales, avec notamment la danse des urnes au Mozambique, le 9 octobre, et en Éthiopie où, ici, il s’agira d’une élection au suffrage indirect. L’Ile Maurice et le Ghana boucleront ensuite le cycle électoral présidentiel de cette année sur le continent. 

Considérée comme l’une des démocraties les plus solides d’Afrique, l’Ile Maurice organisera les douzièmes élections générales depuis l’indépendance du pays le 12 mars 1968. Lors des précédentes consultations, en 2019, « près de 90 % des Mauriciens ont voté » dans ce pays qui « possède aussi l’un des environnements médiatiques les plus ouverts du continent ». Les prochaines élections générales sont programmées pour novembre 2024 et le Mouvement socialiste militant (MSM, au pouvoir) cherche à conserver le pouvoir afin d’offrir un nouveau quinquennat au Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth.

Quant au Ghana, qui est également cité comme l’une des références démocratiques de l’Afrique, la prochaine élection présidentielle est prévue le 7 décembre 2024.

Ainsi que l’on peut le constater, les urnes parlent et parleront encore sur le continent d’ici à la fin de l’année. Alors que sept scrutins présidentiels étaient dans les starting-blocks de la course à la magistrature suprême en 2023, avec des enjeux divers et des conséquences variées, il y en a onze cette année, toujours avec des enjeux cruciaux. Onze consultations électorales en 2024 qui concerneront « 350 millions d’habitants, soit 24% de la population africaine, estimée à 1,460 milliard d’habitants ».

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