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[Interview] : Alliance États du Sahel (AES) « contrairement au G5 Sahel, c’est une initiative des États concernés», Oumarou Paul Koalaga

Alliance États Sahel AES
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé le 16 septembre 2023, une charte instituant l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé le 16 septembre 2023, une charte instituant l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans un entretien accordé à Libreinfo.net, Oumarou Paul Koalaga, directeur général de l’Institut de Stratégies et des Relations Internationales (ISRI) donne son point de vue sur cette charte et sur la volonté des trois pays à lutter efficacement contre le terrorisme.

Propos recueillis par Issoufou Ouedraogo

Libreinfo.net: En tant qu’expert en relations internationales, que pensez-vous de cette nouvelle alliance ?

Oumrarou Koalaga : Cette initiative est louable. Des États décident de mutualiser des efforts en vue d’apporter des réponses à un certain nombre de questions qui dépassent les capacités individuelles des États. On sait que la question centrale, c’est la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière.

Ces questions vont au-delà de la capacité des États pris individuellement surtout qu’on sait que ce sont des États qui ont des ressources assez limitées. A priori, c’est une bonne chose surtout que le Burkina, le Mali et le Niger sont les États qui aujourd’hui sont dans une situation fragile dans l’espace du Liptako-Gourma.

Ce n’est pas quelque chose qui est apparu ex-nihilo parce qu’on se rappelle déjà qu’ils avaient dans une première tentative de coupler le volet développement, notamment avec l’autorité du Liptako-Gourma, en prenant en compte la question sécuritaire.

Beaucoup de choses ont été faites pour permettre un développement au niveau de ces trois États dans la zone du Liptako-Gourma, en mettant l’accent sur un certain nombre d’activités.

A l’époque, le président Kaboré, le président Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Issoufou avaient tenté d’apporter des modifications au texte fondamental de l’Autorité de Liptako-Gourma où la question de la sécurité avait été prise en compte.

Libreinfo.net : Cela dit, devrait-on se féliciter d’une telle initiative ?

Oumrarou Koalaga : Toute initiative qui concourt à apporter des réponses à un certain nombre de phénomènes comme le terrorisme et la grande criminalité est à saluer.

C’est vrai que c’est écrit dans la charte que c’est contre les agressions extérieures, mais il est clair que ces trois États présentent les mêmes vulnérabilités que ça soit au niveau sociologique, au niveau des populations et partagent un certain nombre de valeurs historiques.

Cette alliance présente déjà un outil qui permet de résoudre un certain nombre de questions. On sait que pendant longtemps, la question des poursuites entre ces trois États, était un obstacle dans la lutte contre le terrorisme.

C’est vrai qu’il y a eu des efforts à un moment donné, 50 Kilomètre après les frontières, mais aujourd’hui avec cet outil, il y a vraiment une volonté de mutualiser les efforts et de partager les renseignements.

Avec cet outil, on peut dire que c’est une continuité de ce qui avait été entrepris déjà avec le G5 mais maintenant avec un format un peu plus réduit. On espère que cette alliance apportera des réponses plus efficaces dans cette lutte.

Libreinfo.net : quelles sont, selon vous, les forces et les faiblesses de cette charte qui institue l’Alliance des Etats du Sahel ?

Oumrarou Koalaga : Déjà, cette Alliance n’a pas encore mené des actions sur le terrain, mais en termes de force, se mettre à trois pour commencer cette initiative, c’est une force. Avec ce format réduit de trois États qui partagent les mêmes réalités et qui, dans cette lutte, sont les plus touchés, les trois pays ensemble, c’est une bonne chose.

Alliance Etats Sahel
Oumarou Paul Koalaga

Le contexte aussi aidant, cette union peut décupler les efforts. Ce sont des défis qui vont se présenter à ces États et on se dit qu’il aura une proximité dans la collaboration afin d’aller dans le sens d’apporter des réponses.

Contrairement au G5 Sahel, c’est une initiative portée par les États concernés dans un contexte particulier, donc, il aura une certaine unité, une solidarité surtout qu’il n’y a pas uniquement les États mais aussi les populations.

Ce qui est différent du G5 Sahel qui n’avait pas ce soutien des populations. Dans cette Alliance, le peuple est derrière leurs dirigeants. Ce qui un élément qui marque la différence avec le G5 Sahel.

A l’épreuve du terrain, nous allons voir les réalités. Ces États vont-ils arriver à réduire les menaces au niveau de leurs frontières respectives ? Toujours est-il qu’au niveau des limites, on sait qu’au niveau de tel outil, on pèche souvent sur la question du financement. Il va falloir trouver ses propres ressources.

Le Burkina le fait déjà bien en prélevant des ressources à l’interne et je pense que les deux autres vont le faire pour que l’outil puisse être moins dépendant de leur coopération avec les partenaires.

Généralement, quand on dépend du financement extérieur, des agendas sont dictés vers certains objectifs par les États qui financent. On peut avoir la volonté et les ressources peuvent manquer.

Libreinfo.net : Cette charte est-elle différente des engagements pris par les anciens chefs d’État au niveau de l’Autorité de développement intégrée du Liptako-Gourma (ALG) ?.

Oumrarou Koalaga : Des initiatives ont été menées dans cette zone pour rendre viable la vie des populations, mais avec les nouveaux défis qui se sont présentés dans ces différents États, les choses n’ont pas abouti.

A un moment donné, les chefs d’États avaient anticipé pour réfléchir sur comment coupler l’outil de développement avec le pilier de la sécurité. Il y a eu quelques aménagements, mais qui ont été intégrés dans le texte fondateur de l’Autorité de Liptako-Gourma.

Ils ont pris conscience qu’on ne peut pas aller au développement sans sécurité. Cette fois-ci, je pense qu’on a franchi le pas pour avoir un outil plus complémentaire qui prend en compte la question de la sécurité comme outil de défense et de prévention.

On commence avec trois États, en espérant que d’autres États dans cet espace sahélien puissent également intégrer cette Alliance. Cet outil est nouveau par rapport aux autres initiatives. Cette alliance n’a pas été suggérée par des partenaires extérieurs.

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