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Attaque de Solhan : Quand les dirigeants burkinabè optent pour la communication défensive 

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La communication défensive est l’acte de se défendre afin de neutraliser une menace extérieure. Suite à l’attaque de Solhan dans la commune rurale de Solhan, dans la province du Yagha, le gouvernement et la hiérarchie militaire sont restés sans aucune communication durant plusieurs heures.    Cela signifie que l’autorité n’a pas été offensive dans la communication.  Chose qui a donné lieu à plusieurs bribes d’informations. Et c’est dans ces informations tous azimuts que les dirigeants sont venus de façon défensive pour démentir.

Par Frank Pougbila

L’attaque perpétrée par des terroristes sur les populations de Solhan a fait plusieurs victimes, dont 132 morts et une quarantaine de blessés, selon le gouvernement.

Si le massacre a causé au sein des populations, l’autre problème, c’est la divergence dans la coordination des messages et de la communication.

Dans un premier temps, le Porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, a annoncé une centaine de morts. Le même chiffre a été communiqué par le chef de l’Etat, Roch Kaboré. Un chiffre imprécis qui a donné lieu à des polémiques.

Si certains s’en tenaient à cette centaine de victimes annoncée par le gouvernement, des médias et des internautes iront plus loin. Des chiffres faisant cas de « 60 morts, 120 morts, 160 morts » ont circulé.

Il a fallu plusieurs heures pour que l’exécutif revienne avec un chiffre. Le ministre informe que 132 personnes sans distinctions d’âge ont été tuées. Et les blessés, une quarantaine, sont pris en charge dans les centres sanitaires de Dori, Sebba, Kaya et Ouagadougou. De même, 707 ménages se sont déplacés.

Des données qui ne convainquent plus certains médias nationaux et internationaux. Dans les articles qui ont paru après cette annonce du gouvernement, il n’est pas rare de voir des presses évoquer jusqu’à 170 morts en lieu et place des 132 morts.

Toujours sur la même actualité, un autre fait à provoquer des divergences en matière de communication. Au lendemain de l’attaque, soit le dimanche 6 juin, alors que le deuil national décrété est en vigueur, des alertes d’attaques ont été données.

La première alerte est celle faisant écho d’un mini-car qui serait intercepté sur l’axe Sebba-Dori et dont les occupants auraient été tués. Une information qui a fait la chronique des médias numériques. Au même moment, une autre alerte signalait une attaque à Dambam (Oudalan).

La troisième alerte faisait cas du retour des terroristes dans la nuit du samedi 5 juin 2021 à Solhan pour incendier des boutiques et exécuter des tirs à l’air.

Retard dans le démenti

Des informations qui ont circulé autour de 10 heures, dans la matinée du dimanche 6 juin. Les autorités sont restées sans aucune communication pendant plusieurs heures. Il a fallu attendre 16 heures pour que des communications officielles apparaissent.

La première est faite par le Chef d’état-major général des armées pour rejeter en bloc ces informations. Il apporte un démenti, tout en indiquant que ce sont des informations erronées et fallacieuses.

A sa suite, c’est au tour du gouverneur de la région du Sahel de faire savoir qu’« après vérification aérienne et terrestre par les forces de défense et de sécurité (FDS), aucun car ou autre véhicule n’a été intercepté, ce dimanche 6 juin 2021, encore moins des passagers exécutés sur l’axe Dori-Sebba ».

Si dans le premier temps, ce sont des sources officielles et officieuses qui se contredisent, un autre aspect n’est pas à perdre de vue. Il s’agit là des propos du maire adjoint de la commune de Sebba.

Contacté par nos confrères de RFI, le bourgmestre adjoint, Youssoufi Sow raconte : « Hier (ndlr : samedi 5 juin 2021) vers 22 heures, on nous a appelés pour nous dire que les assaillants étaient revenus, cette fois dans le marché de Solhan.

Là, ils ont cassé les boutiques et brûlé le reste. Cela veut dire qu’ils sont restés là depuis 22 heures jusqu’à 5 heures ce matin (ndlr : Dimanche 6 juin 2021), lorsqu’on nous a dit qu’ils sont partis ».

Des propos qui prennent en contrepied le communiqué de l’Etat-major des armées. Dans ce communiqué de l’armée, il est écrit : « Suite à l’attaque tragique contre des populations civiles à Solhan le 5 juin 2021, des informations alarmantes et fallacieuses circulent dans certains médias, et sur les réseaux sociaux.

Ces informations laissent croire que les terroristes seraient revenus la nuit du 5 au 6 juin pour poursuivre impunément leur basse besogne… ».

En clair, pour l’adjoint de l’édile de Sebba, les terroristes sont retournés et ont terminé leur « basse besogne » de façon impunie. Tandis que le chef de l’armée burkinabè trouve cette narration « fallacieuse ».

Ces éléments cités poussent à s’interroger sur la communication en matière de crise. Si l’on sait bien que l’offensive reste la meilleure technique conseillée aux gagnants dans plusieurs domaines, il reste à s’interroger sur la communication appropriée en matière de crise, si l’on sait que « les crises se nourrissent de la communication ».

Les autorités militaires et politiques doivent-elles faire « la communication offensive» ou « la communication défensive» ? Cela renvoie également à l’éternelle question de l’anticipation en matière de crise.

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