Les épreuves écrites du BAC 2023 démarrent le 20 juin 2023. Comment les candidates filles-mères se préparent-elles ? Libreinfo.net est allé à leur rencontre le 17 juin 2023, à Tenkodogo, province du Boulgou, région du Centre -Est.
Par Natabzanga Jules Nikiema , Correspondant dans le Koulpélogo
Les épreuves écrites du BAC 2023 démarrent le mardi 20 juin prochain. Il est 16 h, le samedi 17 juin 2023. Au lycée municipal de Tenkodogo, Sahibatou Moyenga, 22 ans, assise sur un pagne étalé au sol, bébé au dos, révise ses cours de mathématiques, sous le hangar du parking.
Elle a suivi les cours avec la grossesse jusqu’au mois d’avril 2023 où elle a accouché. Elle a repris les classes pratiquement à la fin des cours et se consacre à ses révisions. « Je suis-là, en train de réviser mes cours pour pouvoir aller composer » dit-elle.
« Avec le bébé, mon véritable problème, je n’ai pas de nourrisse. Je ne sais pas comment pouvoir me débrouiller pendant la composition des épreuves », s’inquiète-t-elle.
Elle raconte : « A la maison, je n’ai personne pour m’aider à garder le bébé. Je me débrouille avec lui. Je pars faire mes révisions avec lui au dos. C’est après que je m’occupe de lui jusqu’à ce qu’il s’endorme avant de reprendre encore à étudier», explique-t-elle.
A l’école « Centre A » de Tenkodogo, Judith Compaoré comme plusieurs autres candidates suivent des cours d’appui organisés à leur intention par un groupe de professeurs.
Il est 14h30. Fille-mère de 21 ans, elle est élève au lycée Privé Naaba Zoungrana, en Tle A4 avec un bébé de 20 mois.
Elle révise ses cours de français dans une classe à notre arrivée. « J’ai décidé de me battre cette année pour avoir le BAC afin de rendre mes parents fiers car malgré mon erreur, ils ont continué à payer mes études », fait-t-elle savoir.
« Je l’ai (son bébé, Ndlr) inscrit à la crèche. Quand, je sors à midi, je pars l’allaiter et m’occuper de lui jusqu’à 14h où je repars à l’école avant de revenir le chercher après 17h », explique-t-elle puis, elle lâche : « Mais, ce n’est pas facile ».
« Tant que l’enfant ne dort pas, je ne peux pas étudier . Je suis obligée de tout faire. La plupart, c’est aux heures tardives que j’arrive à étudier. Je mets l’alarme pour 4h du matin où je me réveille et j’étudie jusqu’au petit matin », indique-t-elle.
Elle doit son salut à sa tante qui prend soin de l’enfant en son absence. « Comme, il n’allaite plus, je le laisse à la maison avec sa tante et je viens au centre d’étude pour les révisions. Je traite des exercices avec des camarades à la sortie des cours. Je me repose quelques minutes et je reprends jusqu’à l’arrivée du professeur. C’est à 17 h que je rentre », ajoute-t-elle.
Au Lycée Rialé de Tenkodogo. Un calme règne. Ici, se trouve Balkissa Kaboré, élève en classe de Terminale D, au Lycée « Le Savoir » de Tenkodogo.
Elle est âgée de 26 ans et son enfant de 3 ans. Elle a pu suivre les cours durant les 9 mois. Elle dit avoir bénéficié du soutien de son mari et de sa belle-mère. « Avoir un enfant et poursuivre les études, c’est trop difficile » dit-elle.
Elle laisse son enfant avec une vieille et déroule son calendrier journalier. « Tous les jours de classe, il faut se lever tôt et préparer l’enfant. Ainsi, je me lève le matin avant 5h. J’apprête l’enfant puis je pars la laisser chez ma belle-mère avant d’aller à l’école».
A midi dit-elle je reviens le chercher puis je le ramène encore à 14h pour les cours de l’après-midi. A 17h, je reviens le récupérer » raconte-t-elle.
« Souvent, l’enfant tombe malade ou passe tout le temps à pleurer. Je dois m’occuper de lui avant de venir à l’école. Avec ces situations, j’arrive souvent en retard.»
Elle déplore que les professeurs dans l’ignorance de sa situation la grondent pour ses retards.
La situation des élèves filles mères est difficile. Tout récemment, une note de l’administration de l’Université Norbert Zongo de Koudougou interdit l’accès en salle des bébés des filles-mères avait défrayé la chronique.