Le secteur de l’éducation est un domaine stratégique pour le développement du Burkina Faso. A cet effet, dans le budget de l’Etat, exercice 2021, l’éducation représente 23,66% de la part budgétaire. Mais, pour les acteurs, ce budget ne comble pas les besoins de fonctionnements des écoles.
Par Frank Pougbila
Le budget de l’Etat, exercice 2021, est de 2110 milliards 974 millions 391 mille francs CFA en recettes. Dans les parts budgétaires des secteurs sociaux, l’éducation représente 23,66% du budget soit 499 milliards 456 millions 540 mille 910 francs CFA. Ce secteur regroupe le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales et celui de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Des acteurs de l’éducation trouvent ce transfert budgétaire insignifiant. Par exemple en 2020, les fonds transférés dans la commune de Kaya étaient de 308 millions 390 milles 575 francs CFA, selon le maire de Kaya, Boukary Ouédraogo. Il note que ces fonds ne couvrent pas les besoins de fonctionnement des écoles de sa commune. « Au niveau du matériel de fonctionnement, le montant alloué ne nous permet pas de payer autres choses que la craie. Or il y a par exemple les ardoises, les équerres et autres », a laissé entendre le bourgmestre. Il relève que l’Etat respecte ses engagements concernant l’allocation du budget conformément à l’arrêté de transfert des ressources. Néanmoins, il constate souvent des retards.
Contrairement à lui, le président de l’Association des parents d’élèves (APE) du Lycée Marien N’Gouabi, Baudile Hien a fait savoir que l’Etat ne transfert pas des ressources financières à l’établissement. Pour lui, l’école vit des cotisations des frais de scolarité et de la contribution de l’APE qui s’élève à 40 millions francs CFA. « Le Marien N’Gouabi a environs trois mille élèves, chaque année. Les frais APE s’élève à cinq mille francs. 40% de cette somme est destiné directement au fonctionnement de l’école », affirme M.Hien.
Il souligne, également, que les 60%, des frais APE qui reste, sont utilisés pour payer et réparer du matériel didactiques comme les photocopieuses et les ordinateurs. De même, le vigile, les personnes chargées du nettoyage et les activités des élèves sont financés par le bureau des parents d’élèves. « L’Etat n’envoie rien au lycée Marien N’Gouabi. Au contraire, lorsqu’un élève paie sa scolarité, il y a une part qui doit être reversée à la direction régionale » insiste-t-il. De ses dires, la contribution de l’Etat à Marien N’Gouabi n’est que le paiement des salaires des professeurs et l’envoie « de temps en temps » des boites de craies et de rames de papiers. Il dit que l’Etat intervenait pour les vacations mais depuis deux ans, il n’intervient plus.

Le Responsable chargé de la presse de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-Synter), Noel Rouamba constate une démission pure et simple de l’Etat dans la gestion des écoles. Il confirme les dires du président de l’APE. « Il y a une absence d’allocation budgétaire dans les établissements et c’est vérifiable. Le ministère ne veut pas que la population découvre qu’il ne fait rien. Et le dire, peut t’attirer les foudres du département », lâche-t-il. Ce budget, dit-il, est utilisé pour faire fonctionner le ministère à travers les salaires, le fonctionnement des structures déconcentrées, le carburant, la communication et les missions.
L’investissement n’a pas de place dans le budget, regrette-t-il. « L’Etat ne construit pas beaucoup d’établissements, si ce n’est l’appui des partenaires techniques et financiers et le privé qui assure le relais », renchérit M. Rouamba. Il rappelle que le syndicat n’est associé qu’au Conseil d’administration du secteur ministériel pour la validation des programmes et le bilan de fin d’année. Le syndicaliste déclare que la nationale des syndicats de l’éducation avait demandé à l’Etat d’allouer au minimum 30% du budget à l’éducation.