Le 7 juillet 2023 au tribunal de grande instance Ouaga I du Burkina Faso, Abdoul Karim Baguian dit Lota, un des leaders de la société civile écope d’une peine de 30 mois d’emprisonnement et d’une amende de 2 millions FCFA. Cette nouvelle condamnation qui fait suite à son implication dans l’affaire appel à incendier le palais du Mogho Naaba montre que ce leader, à mi-chemin entre le monde politique et celui de la société civile est un habitué des poursuites judiciaires. Son passé le prouve assez.
Par Daouda Kiekieta
Abdoul Karim Baguian dit Lota, commerçant de son état, est bien connu sur la scène politique et celle de la société civile du Burkina Faso. En effet, l’homme est un fervent militant du parti politique le « Congrès pour la démocratie et le progrès » (CDP) de l’ex-président du Burkina Blaise Compaoré.
Il s’est lancé aussi dans les activités des organisations de la société civile, telles que le M21, (Mouvement du 21 avril 2013) créé et dirigé par Marcel Tankoano,
C’est ce mouvement M21 qui avait d’ailleurs conduit la manifestation du 21 novembre 2021 pour exiger la démission de l’ancien Président du Faso Roch Kaboré.
Lota a un passé « peu radieux », car ayant fait l’objet de plusieurs interpellations et poursuites judiciaires. Lota est un habitué de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).
Après les événements du coup d’Etat manqué du général Gilbert Diendéré le 16 septembre 2015, Lota avait été interpellé et déposé à la MACO. Il lui avait alors été reproché des « coups et blessures volontaires et dégradations aggravées de biens ».
Lors de ce procès tenu en 2018, Lota avait reconnu avoir agressé l’agent de sécurité du Président Roch Kaboré à son domicile pendant les événements qui avaient émaillé le putsch manqué de 2015. Il avait donc écopé en 2018 d’un an de prison ferme après avoir passé plus d’un an en détention à la MACO.
En novembre 2019, Lota avait été de nouveau appelé devant les juges pour répondre des faits de diffamation contre l’ancien ministre de la Solidarité et de l’action humanitaire, Mme Laurence Marshal Ilboudo. Cette fois, Lota est condamné à 12 mois de prison avec sursis, un million de F.CFA d’amende et un million de F.CFA de dommages et intérêts.
Deux ans après, suite à la manifestation du 27 novembre 2021 qui avait occasionné, entre autres, le saccage des services de l’état civil de la mairie de Ouagadougou, Abdoul Karim Baguian dit Lota avait encore été mis aux arrêts et déféré avec plusieurs autres leaders de la société civile. Il avait ensuite été condamné le 22 décembre 2021 à une peine d’emprisonnement de 12 mois avec sursis et 300.000 F.CFA d’amende ferme.
Moins d’un an après cette affaire judiciaire, Lota avait été de nouveau convoqué devant la justice pour une affaire de diffamation des membres fondateurs du mouvement « Le Balai Citoyen ». C’est ainsi que le mardi 15 mars 2022, il avait été déclaré coupable de diffamation à l’encontre de Me Guy Hervé Kam, Serge Bambara alias Smokey et Karim Sama alias Sams’K Le Jah.
Récemment, le 7 mai 2023, Lota a été arrêté et déféré à la MACO dans l’affaire dite « Appel à incendier le palais du Mogho Naaba ». Dans ce dernier procès, il est poursuivi avec neuf autres leaders d’opinion pour, entre autres, des faits « de provocation d’attroupement, de mise en danger de la vie d’autrui, de complicité de non dénonciation ».
Le procureur a requis 5 ans de prison et 5 millions de F.CFA d’amende, le tout ferme contre lui. Le verdict du procès rendu le 7 juillet 2023 au tribunal de grande instance OuagaI le condamne à une peine de 30 mois d’emprisonnement et à une amende de 2 millions.
Déjà, le même procureur a indiqué lors du procès que Abdoul Karim Baguian dit Lota est cité dans un autre dossier « d’atteinte à la sûreté de l’État » dont l’instruction est en cours.