La caravane pour la paix et la cohésion sociale a connu son épilogue, dimanche 7 février 2021, à Ouagadougou au cours d’une cérémonie officielle. Organisée par la coalition Jam, la caravane était partie de Djibo 19 décembre 2020 et avait fait escale dans les villes de Fada N’Gourma, Ouahigouya, Dédougou, Kaya et Bobo- Dioulasso. A chacune de ses escales, la caravane organisait sur place un forum d’échanges et de sensibilisation sur la paix et la cohésion sociale. La cérémonie de clôture de la caravane à Ouagadougou connu la participation de Zéphirin Diabré, ministre d’Etat, en charge de la réconciliation nationale, de Cheriff Sy, ministre d’Etat de la défense et des anciens combattants, de El hadj Mahamadou Sanou de la communauté musulmane, de l’abbé Emile Simboro de la communauté chrétienne, le Bolé Naba représentant les coutumiers. Les groupes d’autodéfense ont également été présent à cette cérémonie.
Par Etienne Sanon
La reprise en chœur du Ditanyè, l’hymne du Burkina Faso, par les participants, a donné le top de départ de la cérémonie. El hadj Moussa Cissé, président de la coalition Jam, s’est félicité pour la tournée qui s’est « déroulée sans incident ».
Pour l’imam Djoni Talouta, imam du CERFI et de l’AEEMB à Fada N’Gourma, « aller dans 6 régions du pays où l’insécurité est une difficulté majeure et finir la tournée sans incident, cela mérite qu’on rendre grâce à Dieu ». Il s’est dit animé du « sentiment d’avoir rempli une de ses missions, qui n’est autre que vouloir la paix et mettre tous les moyens pour l’atteindre. »
Pendant cette tournée, entre 1800 et 2000 leaders d’opinions venus des différentes localités du pays ont pris part aux différents fora organisés par la coalition Jam, assure Ali Ouédraogo, membre du comité d’organisation de la caravane.
La stratégie de la coalition Jam s’est basée sur des communications et des travaux de réflexions en atelier. Les communications ont eu comme thème, « rôles et responsabilités des leaders d’opinions dans la quête de la paix et de la cohésion sociale », « la tolérance religieuse », « l’ethnocentrisme ».
Les réflexions des participants ont porté sur deux thèmes. Le premier était une réflexion sur : « comment identifier les germes des conflits dans les différentes localités ». Et le deuxième a porté sur, « comment identifier les actions fortes et urgentes à entreprendre pour apaiser et raffermir le climat social dans votre région et dans le Burkina Faso, en précisant le rôle des leaders d’opinions et des populations. »
Des recommandations pour renforcer le vivre ensemble et la cohésion sociale
A l’issue des travaux d’un atelier de synthèse tenue à Ouagadougou, les participants ont invité les autorités à tendre la main aux burkinabè qui ont pris les armes contre leur pays afin qu’ils puissent les déposer et venir à la table du dialogue. Il faut également créer des opportunités de réinsertion socioprofessionnel pour ces acteurs. L’atelier a fait ressortir qu’il est opportun de reformer le système éducatif burkinabé de sorte à promouvoir la culture des valeurs de citoyenneté et de l’auto-employabilité aux apprenants. Le gouvernement doit également œuvrer au recouvrement de l’intégrité du territoire national et au retour des personnes déplacées internes dans leur terroir.
A l’endroit des forces de défense et de sécurité, il a été demandé le respect strict des droits de l’Homme, dans l’accomplissement de leur mission et quelles œuvrent au rétablissement de la confiance entre elles et les populations civiles.
Il est primordial pour les Hommes politiques de privilégier l’intérêt supérieur des burkinabè et éviter la manipulation et l’instrumentalisation des populations à des fins électoralistes, selon les participants.
Aux populations, les participants les ont exhortés à toujours privilégier le dialogue dans le traitement de leurs différends, de bannir la violence, la stigmatisation, le complexe de supériorité, le repli identitaire et de promouvoir la parenté à plaisanterie.
Pour Zéphirin Diabré, patron de la cérémonie, « la cohésion sociale est belle et bien possible au Burkina Faso ». Pour preuve, « la rencontre ce jour, des différentes communautés ethniques, linguistiques, socioculturelles, socioprofessionnelles, politique et confessionnelles, venues des 45 provinces du pays ».
A l’entendre, les résultats auxquels a abouti cette tournée de caravane « sont très appréciables et porteurs d’espoir ». Il ajoute « qu’aucune intelligence ne sera de trop pour tracer avec le gouvernement le chemin de la réconciliation et de la cohésion sociale »
Zéphirin Diabré a dit voir dans les recommandations des participants, « un tremplin intéressant pour toute la nation Burkinabé et des repères pour asseoir et consolider une stratégie de paix durable, ce qui nous garantira une stabilité et une cohésion sociale ».
Il a poursuivi « nous sommes convaincu que notre nation ne retrouvera pas la paix et sa quiétude d’antan tant que nous ne continuons pas le travail difficile, mais sacerdotal, de construire la réconciliation et la cohésion sociale. Nous ne devrons donc pas baisser les bras. »
El hadj Moussa Cissé président de la coalition Jam avait auparavant invité chacun des participants « à être un ambassadeur de la paix et de la cohésion sociale dans son milieu de vie et de travail. »
L’imam Djoni Talouta, qui a été l’un des communicateurs durant la caravane de la coalition Jam, a affirmé que c’est avec un sentiment de satisfecit qu’il « pense avoir apporté sa très petite contribution pour le retour de la paix, la sécurité et le vivre-ensemble dans notre cher Faso. »
Kadiata Diallo, porte-parole de la coalition s’est dit satisfaite de la tournée de la caravane pour la paix et la cohésion sociale, à l’image des autres membres. Pour elle, par cet acte, « nous sommes en train d’emprunter le bon chemin pour que la paix revienne au Burkina Faso et c’est maintenant que le travail va commencer. »
Pour Albert Oussé, un des participants de la caravane, cette rencontre a été très bien « le Burkina Faso a besoin de cela », ‘’à l’issue des travaux, tous les participants étaient unanimes pour le dialogue pour un retour à la paix.’’
La valorisation de la parenté à plaisanterie à l’étape de Ouagadougou
Tout comme l’étape précédente à Bobo- Dioulasso, la parenté à plaisanterie s’est invitée à celle de Ouagadougou. Le représentant Bôbô, à la rencontre, a apporté du chitoumou (chenilles de karité), comme présent au président de la coalition Jam, un parent à plaisanterie à lui.
Naba Diebado de Fada a dans la même lacée ‘’attaquer’’ les Yadsé. Les Mossis et les Samos sont par la suite entrés dans la danse, tout cela dans une ambiance de gaité, au nom de la parenté à plaisanterie.
La coalition Jam a décerné des attestations de reconnaissances à Zéphirin Diabré, à El hadj Moussa Cissé, à sa majesté le Mogho Naaba Baongo et à deux membres du comité d’organisation de la caravane, à savoir Belko Barry et à Souhaibou Diallo pour leurs efforts dans la quête de la paix et de la cohésion sociale.