Des acteurs de la société civile ont initié en mai dernier un projet dénommé “le comité appel de Manéga” pour promouvoir selon eux la paix, la concorde et la réconciliation nationales au Burkina Faso. Ce pays traverse une situation particulièrement difficile de son histoire depuis la chute du président Blaise Compaoré en 2014 et la montée des groupes terroristes dans son territoire. L’idée est de réunir cent signatures (en référence au centième anniversaire de la reconstitution de la Haute-Volta en 1919 actuel Burkina Faso) de burkinabè influants dans un document de recommandations et de proposition de solutions qui sera soumis aux autorités du pays et à ses partenaires en vue d’aider les burkinabè à vivre ensemble.
Les initiateurs du projet ont expliqué que cet appel est une alerte face au danger du spectre de la division qui guette la société burkinabè. C’est pourquoi, une « réconciliation entre les fils et filles du pays s’impose », peut-on lire dans l’introduction du document de l’appel. Ces fils et filles que Lookman Sawadogo porte-parole et membre initiateur du projet appelle «les politiques qui ont cheminés ensemble pendant 30 ans et qui nourrissent aujourd’hui une haine entre eux».
Ce projet à l’aval du célèbre avocat et homme de lettres burkinabè, Me Titinga Pacéré, prix littéraire d’Afrique noire en 1982 et fondateur du musée de Manéga, village dont il en est aujourd’hui le chef coutumier. D’où l’appellation “appel de Manéga. L’objectif visé est bien entendu de promouvoir la paix et la cohésion sociale au Burkina.
Les promoteurs de l’appel de Manéga ont donc réussi à obtenir plus de 200 signatures de burkinabè leaders dans leurs secteurs d’activités pour élaborer des recommandations et des propositions qui ont été consignées dans un document.
Ce document vise à aider le Burkina à sortir du prisme de l’intolérance et de la vengeance. Il a été solennellement remis aux acteurs nationaux et internationaux au cours d’une cérémonie ce samedi 03 août 2019 à Ouagadougou.
Parmi les signataires, on retrouve des acteurs de tous les domaines et secteurs d’activités exercés par les burkinabè. De Zéphirin Diabré, leader de l’opposition politique du Burkina, à Iron Bibi leader en sport de masse, la société est largement représentée dans la signature de cet appel. Des attestations de reconnaissance ont été décernées à certains signataires au cours de cette cérémonie.
Dans son allocution, la représentante des signataires Béatrice Damiba, journaliste et ex-présidente du Conseil Supérieur de la Communication a réaffirmé l’engagement de l’ensemble des signataires pour la paix, la cohésion et la concorde nationale. «Malgré ce qui nous fend aujourd’hui, le Burkina Faso va connaître l’aurore» a-t-elle déclaré.
Il n’en était pas moins pour le représentant du Bobo Mandarè. L’émir du Liptako qui était présent à cette cérémonie a due offrir du lait à un Yarga avant que celui-ci ne libère sa place au présidium. Chose qui montre que la parenté à plaisanterie occupe une place prépondérante dans le projet.
Plongé dans sa sérénité d’homme le plus fort du monde, Iron Bibi a estimé que sa présence a cet évènement est un devoir. « C’est un devoir pour nous en tant que burkinabè de nous engager pour la paix» a-t-il expliqué.
La remise de l’appel de Manéga a été effectuée en l’absence de certaines institutions invités. Celles-ci ne se sont pas faites non plus représenter.
Le président Kaboré recevra son document grâce à sa représentante. L’Union Européenne et beaucoup d’autres institutions quant à elles, étaient absentes à cette cérémonie.
Lookman Sawadogo affirmera à cet effet qu’il «est difficile d’avoir tout le monde un samedi». Le document propose de « promouvoir par l’exemplarité le dialogue inclusif pour l’émergence d’un consensus national salvateur ».
Le dialogue politique initié par le président Kaboré en juillet dernier avait également débouché sur une panoplie de propositions et de recommandations. L’appel de Manéga également propose des solutions. Les attentes des burkinabè en matière de sécurité sont fortes, ces propositions et recommandations viennent s’ajouter à d’autres depuis le début des difficultés que traverse le pays.
Nourdine Conseibo
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