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Première session ordinaire de l'année de la Coordination nationale de lutte contre la fraude
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La Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a tenu, le 10 avril 2025 à Pô dans la province du Nahouri, sa première session ordinaire de l’année 2025. « Assèchement des sources de financements du terrorisme : impact de la lutte contre le trafic illicite des biens stratégiques et le blanchiment de capitaux ». C’est sous ce thème que des autorités administratives, militaires et paramilitaires, des notabilités coutumières et religieuses ont mené la réflexion. 

 

Les terroristes se nourrissent, se déplacent, se soignent, grâce au trafic illicite, à la fraude et au blanchiment de capitaux. C’est une remarque que la Commission nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a faite et elle semble en avoir bien conscience. C’est pourquoi, depuis toujours, elle mène des opérations coup de poing visant à combattre ces fléaux sous toutes leurs formes.

Le 10 avril 2025, à l’occasion de sa première session ordinaire de l’année, la CNLF a pu réunir tous les acteurs engagés dans cette lutte acharnée pour « renforcer le niveau de compétences de ses membres en les mettant au diapason de l’information juste, vraie et pertinente ».

Des acteurs engagés dans la lutte contre la fraude
Des acteurs engagés dans la lutte contre la fraude

En tenant cette session à Pô, une ville frontalière qui voit toutes sortes de marchandises passées, la Commission nationale de lutte contre la fraude a voulu attirer l’attention des acteurs économiques « sur la vigilance qui doit être la leur » aux côtés des structures de lutte contre la fraude, pour décupler les acquis dans ce bras de fer que l’Etat burkinabè veut gagner par tous les moyens.

Les terroristes et les cupides des fonds illicites

« Chaque instance de réflexion sur la fraude est déjà une victoire d’étape en ce qu’elle constitue un tremplin pour éveiller les consciences des masses, un levier pour raffermir notre engagement et une opportunité d’information et de sensibilisation», déclare le Coordonnateur national de la CNLF, Dr Yves Kafando, qui soutient que « la lutte contre le terrorisme est, depuis une décennie, un enjeu vital pour notre communauté de destin ».

Le Coordonnateur national de la CNLF, Dr Yves Kafando
Le Coordonnateur national de la CNLF, Dr Yves Kafando

Pour lui, il s’agit de se battre pour réaffirmer « notre souveraineté ou s’empêtrer à vie dans les chaînes de l’esclavage culturel, économique et politique ». « Il n’y a qu’un choix à faire, celui de l’assumation de notre souveraineté en brisant les fers de tout asservissement», fait-il comprendre.

Et de faire observer ce qui suit : « Si terrorisme il y a, c’est que des circuits existent pour l’arroser, l’entretenir et, in fine, l’exhiber comme une arme de destruction de nos populations et de nos Etats ». Le Coordonnateur national de la CNLF, Dr Yves Kafando, est convaincu que lutter efficacement contre la fraude « c’est inéluctablement contribuer efficacement à assécher les sources de financement du terrorisme ».

Pour s’autofinancer, poursuit-il, « le terrorisme se gargarise des flux financiers qui échappent à tout contrôle de l’Etat, le terrorisme structure sa mobilité par les hydrocarbures frauduleusement entrées dans notre pays ». Et ce n’est pas tout : « Il s’empiffre des cargaisons alimentaires savamment orchestrées par des complices tapis dans nos espaces de vie ; il se goinfre des tabacs et autres drogues qui ont surfé sur nos propres routes, dans nos véhicules pour se retrouver entre les mains de ses géniteurs ; il se nourrit et se développe avec les armes obtenues grâce à la contrebande. Et comble de l’ironie, il se soigne avec nos médicaments trafiqués par des cupides et des sicaires des fonds illicites.»

Pour le bonheur des populations qui sont frappées de plein fouet par les affres du terrorisme, Dr Yves Kafando invite les acteurs impliqués dans la lutte contre la fraude à faire du sacerdoce.

Dr Yves Kafando aux micros des journalistes
Dr Yves Kafando aux micros des journalistes

Il déclare : « Les populations que nous avons choisies de servir ne nous demandent pas d’être sacrifiées. Elles nous sollicitent plutôt le sacerdoce, ce supplément de lucidité et de probité qui reste à l’échelle humaine, l’arme la plus redoutable contre tout fléau d’envergure.»

« Si nous voulons gagner cette guerre qui nous est imposée, l’assèchement des sources de financement du terrorisme ne doit pas être une vue de l’esprit. Certes, c’est une lutte de longue haleine, c’est une lutte pour la survie, une lutte impitoyable mais elle reste à la portée de la bravoure et de la détermination du peuple burkinabè. Agissons dès maintenant et accordons à l’histoire la latitude de nous juger dans le temps», a-t-il fait savoir.

La fraude, un cancer économique 

Cette session a connu la présence d’autorités de la ville de Pô, dont le président de la Délégation spéciale de la commune, Illassa Dianda. Selon lui, en choisissant de poser le débat sur l’assèchement des sources de financement du terrorisme, la Commission nationale de lutte contre la fraude met le doigt sur une problématique cruciale.

Le président de la Délégation spéciale de la commune, Illassa Dianda
Le président de la Délégation spéciale de la commune de Pô, Illassa Dianda

Dans un contexte de lutte contre le terrorisme, « il est nécessaire de penser à des solutions holistiques qui prennent en compte tous les paramètres », soutient le PDS Dianda.

Il affirme que la Délégation spéciale entend unir ses forces aux structures à compétence nationale comme la CNLF pour combattre la fraude qu’il qualifie de « cancer économique et financier ».

Illassa Dianda est soutenu par le Haut-commissaire de la province du Nahouri dont Pô est le chef-lieu. Il s’agit de Kam Sié Aristide Mohamed qui fait remarquer que le crime organisé ne connaît pas de frontières. D’après lui, la lutte contre la fraude, le blanchiment de capitaux, ne peut être efficace que si elle est collective. « Faisons-en une priorité nationale», dit-il.

Kam Sié Aristide Mohamed, Haut-commissaire de la province du Nahouri
Kam Sié Aristide Mohamed, Haut-commissaire de la province du Nahouri

Le Lieutenant-colonel Pascal Zida est l’un des communicateurs de la session. Il fait savoir qu’au Burkina, le terrorisme est financé par diverses sources comme les trafics divers et les financements qui viennent de façon légale, mais détournés dans leur destination.

Sur le plan de la lutte contre le blanchiment de capitaux, indique-t-il, « beaucoup de mesures ont été prises pour encadrer ce domaine, afin d’éviter que ces moyens illégaux ne tombent dans les mains des terroristes ».

Le Lieutenant-colonel Pascal Zida
Le Lieutenant-colonel Pascal Zida

Au plan national, le Lieutenant-colonel Pascal Zida ajoute qu’il y a des mesures qui sont également prises, sur le plan de la coordination, dans le cadre de la surveillance des flux financiers illicites qui se font. « Et justement, cette surveillance permet de stopper le blanchiment de capitaux», conclut-il.

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