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Autonomie énergétique : « À quand l’Afrique?»

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Les délestages de l’énergie électrique continuent d’être une réalité pour de  nombreuses populations africaines, surtout en ces temps où la canicule fait rage. Depuis longtemps déjà, la question de l’autonomie énergétique est cruciale est Afrique, où elle conditionne aussi le développement. Un véritable défi à relever… 

Par Serge Mathias Tomondji

…Et l’on continue de subir le crucial déficit énergétique de l’Afrique ! Ces dernières semaines sont éprouvantes pour les populations dans plusieurs capitales, où les délestages de l’énergie électrique affectent les ménages, déjà exposés aux affres d’une hausse caniculaire inédite.

Le mercure est ainsi récemment monté à 48,5°Celcius au Mali, record historique de chaleur en Afrique pour un mois d’avril, alors que le thermomètre tutoie régulièrement les 43°Celcius au Burkina.

Au Burkina justement, on n’en peut plus de l’effet étouffoir de ce pic caniculaire qui s’aggrave des coupures drastiques d’électricité, avec d’énormes conséquences sur le quotidien, les commerces, l’administration, l’économie… 

Le directeur général de la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel), Souleymane Ouédraogo, a ainsi longuement expliqué le 3 avril dernier sur le plateau de la télévision nationale, la situation dans laquelle se trouve le pays sur le plan énergétique. 

En effet, sur les 500 mégawatts additionnels demandés par les clients de la Sonabel entre 2011 et 2024, les investissements réalisés n’ont permis de mobiliser que 222 mégawatts. 

Et les partenaires dont dépend la Nationale de l’électricité pour amortir le choc, le Ghana et la Côte d’Ivoire, sont eux aussi obligés de revoir leur contribution à la baisse. 

Cette situation n’est pas nouvelle. En mai 2021 par exemple, la Côte d’Ivoire a dû réduire ses exportations d’électricité de 200 à 60 mégawatts, la production interne d’électricité ne suffisant pas pour approvisionner l’ensemble de la demande sur le sol ivoirien. 

Un problème conjoncturel qui a entraîné le rationnement de la fourniture d’électricité pendant trois mois, avec six heures quotidiennes de coupure dans les ménages ivoiriens.  

Une situation récurrente

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les problèmes énergétiques du continent africains sont cruciaux. Et comme l’a indiqué le directeur de la Sonabel, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest traversent actuellement « des difficultés d’approvisionnement en gaz dues à des travaux de maintenance des installations au Nigéria. Du coup, l’insuffisance de gaz fait que tous les producteurs basés dans ces pays ont des difficultés pour générer suffisamment d’électricité pour leur consommation interne d’abord, mais également pour pouvoir transmettre aux partenaires ».

Pour faire face à cette préoccupation récurrente, les ministres de l’Énergie du Bénin, du Ghana, du Nigéria et du Togo se sont retrouvés le 2 avril dernier à Lomé pour examiner « les problèmes d’électricité dans leur pays respectif afin de rechercher des approches de solutions durables ». 

Une rencontre qui vise à « évaluer les progrès du projet du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO), d’évaluer ses progrès, d’identifier les défis et de concevoir de nouvelles stratégies pour améliorer l’approvisionnement en gaz naturel et fournir une solution durable à la crise énergétique actuelle en Afrique de l’Ouest ».

On aimerait bien croire et espérer que cet énième conclave sur un sujet aussi crucial pour le développement du continent, et singulièrement de l’Afrique de l’Ouest, fasse bouger les lignes dans le sens d’une amélioration de l’offre. 

Le projet de Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest, qui comprend 678 kilomètres de pipeline, a facilité depuis 2012, rappelle-t-on, « le transport du gaz naturel du Nigéria vers les centrales thermiques de production d’énergie électrique du Bénin, du Togo et du Ghana ».

Tableau sombre…

Seulement voilà ! Les chiffres du lourd déficit énergétique de l’Afrique sont implacables : 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité et 900 millions n’ont pas accès à un combustible de cuisson propre.

Sans compter que les taux d’accès à l’électricité sont inférieurs à 50 % dans 24 pays. C’est du moins ce qu’il ressort d’une étude intitulée « Prix de l’énergie en Afrique : transition vers une énergie propre pour l’industrialisation de l’Afrique » présentée le 22 juin 2021 par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

Cette étude cite « le Libéria, le Malawi, la République centrafricaine, le Burundi et le Soudan du Sud comme ayant stagné ou inversé l’accès à l’électricité », tandis que « des pays comme le Nigéria, la RD Congo et l’Éthiopie enregistrent les plus gros déficits d’accès à l’électricité ». 

Un tableau sombre en effet, qui a fait dire au chargé des affaires économiques de la CEA, Anthony Monganeli Mehlwana, qu’« il est urgent d’investir dans les infrastructures électriques, de diversifier l’approvisionnement en électricité et d’adopter les énergies renouvelables modernes ».

En tout état de cause, souligne le rapport, « 40 milliards de dollars d’investissements par an sont nécessaires pour répondre aux besoins énergétiques du continent ».

Alors, combien de temps faudra-t-il encore attendre pour trouver enfin les vraies solutions au gap énergétique qui ruine notre continent et qui tue, au propre comme au figuré, ses vaillantes populations ?

Jusqu’à quand devons-nous accepter la fatalité qui fait, selon les chiffres de l’Africa Progress Panel, qu« au Burkina Faso, au Mali et au Niger, plus de 80 % des écoles primaires n’ont pas accès à l’électricité », tandis que « ce chiffre s’élève à 98 % au Burundi et en Guinée » ?

Ces questions méritent d’être posées, et même d’être tranchées, 64 ans après les indépendances des pays de l’Afrique noire francophone.

La réflexion a été menée, le diagnostic posé et il ne reste plus que l’action. L’Africa Progress Panel, Think tank de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait ainsi tiré la sonnette d’alarme en indiquant que… 621 millions d’Africains, soit la moitié des habitants du continent, n’ont pas accès à l’électricité. 

Le savez-vous ? « Une villageoise du nord du Nigeria, un pays où 93 millions d’habitants sont privés d’accès à l’électricité, paie le prix le plus cher au monde pour l’électricité, soit 60 à 80 fois plus qu’un New Yorkais ! » Mais ce n’est pas tout… « Près de 600 000 Africains — dont la moitié sont des enfants de moins de 5 ans — meurent chaque année à cause de la pollution de l’air générée par les combustibles solides utilisés pour cuisiner ! »

« Akon Lightning Africa » en berne…

Publiée le 5 juin 2015, l’étude de l’Africa Progress Panel convie les dirigeants africains et les institutions internationales à investir massivement dans l’électrification « pour faire jaillir la puissance énergétique du continent et réduire ainsi la pauvreté et les inégalités ». Mais qu’a-t-on fait concrètement depuis sur ce chantier ?

Malheureusement, la lumière d’espoir portée par le rappeur Akon, initiateur d’un projet d’électrification rurale par l’énergie solaire piétine. Et même fait flop !

Après avoir lancé son mouvement caritatif Akon Lightning Africa en 2014, le chanteur américano-sénégalais a ouvert, en mai 2015 à Bamako, au Mali, une académie solaire, afin que « les centaines de millions de personnes qui vivent dans les communautés rurales de l’Afrique puissent avoir accès à l’électricité ».

Que devient cette académie, au moment où les « Akon city » programmés au Sénégal et en Ouganda n’ont pas dépassé la phase des annonces ?

En tout cas, il faut le savoir, et c’est l’Africa Progress Panel qui l’affirme, en dehors de l’Afrique du Sud, « un Africain ne consomme en moyenne que 162 kilowattheures par an alors que les autres terriens en consomment 7 000 » ! Qui dit mieux ?

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