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Au Burkina Faso, le taux de chômage est élevé. Les femmes qui forment une couche sociale vulnérable ainsi que les jeunes sont les plus touchés par ce phénomène. De plus en plus, beaucoup de filles se lancent dans l’entreprenariat, pour échapper au chômage. C’est le cas, par exemple, de la jeune Palingwindé Noélie Guissou que  Libreinfo.net a rencontré à Koudougou, le 19 octobre dernier. Elle exerce dans la restauration et la fabrication de jus naturels.

Par Natabzanga Jules Nikièma

Mlle Guissou raconte avec fierté comment elle a pu s’inscrire pour sa formation en entreprise: « Pour mon inscription à la formation en hôtellerie, c’est ma mère qui m’a soutenue avec la somme de 50 000 F CFA pour la première tranche de la scolarité. Le jour de la rentrée, je ne disposais d’aucun cahier. J’ai dû volontairement proposée d’aider le directeur dont l’établissement assurait des prestations de « service-traiteur » pour la livraison de pauses-cafés. Et c’est avec ce que je gagnais ainsi que j’ai pu, au fur et à mesure, solder le reste de ma scolarité d’environ 250 000 F CFA », explique Noëlie Guissou, avec fierté.

Orpheline de père depuis 2011, Mlle Guissou, 25 ans, dit avoir décidé d’embrasser le domaine de l’hôtellerie après avoir échoué à son examen du BEPC (Brevet d’études du premier cycle). en se formant durant 2 ans (2018-2019). « J’ai appris à travers une annonce publicitaire à la radio, la formation en hôtellerie et je suis allée m’inscrire », dit-elle.

Au départ, elle voulait faire l’agriculture mais son père s’y était opposé. Ensuite, elle avait voulu s’inscrire en électricité mais avait dû abandonner après quatre tentatives infructueuses du fait de l’absence répétée du directeur de l’établissement .

Entreprenariat féminin
La jeune entrepreneure Noellie Guissou

Son amour pour le métier de restauratrice, Mlle Guissou dit le porter depuis l’enfance afin de combler un vœu cher à son défunt père : « Quand j’étais petite, entre 12 ans et 14 ans, lorsque je préparais la pâte de mil à la sauce d’aubergines sauvages et d’oseille, qui était un plat préféré de mon père, celui-ci m’appréciait et me disait qu’il souhaiterait que je devienne une grande restauratrice car je savais bien faire la cuisine. Ma mère également maitrisait la préparation des mets africains. J’ai commencé alors à m’intéresser au métier de restauratrice au détriment du tissage des pagnes traditionnels, le « Faso danfani».

« Après la formation, je me suis dit que je vais créer ma propre entreprise au lieu de travailler avec quelqu’un », soutient-elle. Ainsi, avec l’aide d’une grande sœur, elle a acheté le matériel de ses débuts, en 2021, dans une maisonnette de 10 tôles louée 35000 F CFA par mois. Au début, c’était compliqué car la clientèle était faible. Mais, trois mois après, je voyais que mon commerce avait commencé à prospérer ».

Elle poursuit son histoire : « Il faut dire que dans tout ce qu’on fait, si tu es dans l’entreprenariat, ce n’est pas simple car il y a toujours des menaces et de la concurrence .J’ai été empoisonné dans le coin et j’ai eu la vie sauve suite à une intervention chirurgicale ».

Sa mère, rencontrée par la suite, a confirmé également les propos de la jeune entrepreneure. A cause de cette situation, Mlle Guissou a fermé son restaurant puis ranger son matériel à domicile car interdite de travaux pénibles par son médecin traitant.

Des chaises et des tables à manger sont rangées dans un coin de la cour et les ustensiles de cuisine à l’intérieur d’une petite maison. Elle poursuit néanmoins ses activités en livrant de petites commandes lors de cérémonies de baptême et de mariage.

Bien que convalescente, la jeune entrepreneure Noélie Guissou n’avait pas abandonné. Elle dit se rappeler : « J’ai vu une annonce publicitaire de formation en fabrication de jus naturels en bouteilles sur les réseaux sociaux et je me suis inscrite ».

« De retour de la formation, je manquais de moyens pour acheter le matériel, car c’est coûteux » déplore-t-elle avant d’indiquer qu’elle avait néanmoins pu acheter quelques matériels abordables et nécessaires avec lesquels elle avait commencé son entreprise en attendant d’économiser pour l’achat de tout le matériel complet ».

Elle se souvient du matériel acquis ; « une capsuleuse à 55000 F CFA, des casseroles à 80 000 F CFA, des capsules à 12000 F CFA, des bouteilles vides, un thermomètre et le PH ».

Elle raconte qu’elle produisait du jus mise en bouteille, à raison de 3 cartons de 24 bouteilles par jour qu’elle livrait à 7000 F CFA pour certains jus et 6000 F CFA pour d’autres. Elle dit avoir livré ses commandes à un centre d’accueil de référence à Koudougou et à certains particuliers pour leurs cérémonies diverses ainsi qu’à un exploitant de glacier.

Elle reconnaît rencontrer cependant des difficultés dans ses activités : « A l’heure actuelle, tout est devenu cher sur le marché. Pour moi, débutante, c’est un peu compliqué car je suis obligée d’acheter le sucre et le bissap au prix de détail. Pour cela, nous devons vendre cher alors que ceux qui s’approvisionnent le font en gros vendent moins cher. Et le client se plaint de notre prix. Mais, tout cela est dû au manque de soutien. »

Mlle Guissou envisage rouvrir son restaurant mais dans un autre emplacement et rêve surtout, d’ouvrir un glacier. Pour cela, elle souhaite l’aide et le soutien de bonnes volontés car, estime-t-elle, « si tu es une fille et que tu n’as pas quelque chose à faire, et si tu comptes sur ton mari à chaque fois, cela ne va pas contribuer au développement de la famille ».

C’est pourquoi conseille-t-elle :« Je voudrais dire aux filles qui ne font rien que c’est mieux de chercher quelque chose à faire, car même si toi et ton mari vous vous entendez, ce n’est pas à chaque fois que vous allez vous entendre car il y aura des moments de mésentente. Il faut travailler et soutenir le mari pour les charges familiales car la vie d’aujourd’hui n’est plus simple ».

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