A Ziniaré, province de l’Oubritenga dans le Plateau-Central, Safiatou Ouédraogo est une mécanicienne auto-moto. Installée à son propre compte depuis 2021, après 8 ans d’apprentissage, elle est actuellement la seule femme qui exerce dans ce domaine. Reportage.
Safiatou Ouédraogo. 29 ans. Mariée. Son atelier de mécanique est situé à 200 m environ du feu tricolore du marché central de Ziniaré, face à un espace vert, sur la rue qui mène vers la Place de la Nation.
Interrogée sur les raisons qui l’ont amenée à apprendre la mécanique, un métier réservé aux hommes, elle explique que c’est par passion qu’elle s’est lancée dans ce métier.
En effet, «tout a commencé entre 2007 à 2008 lorsque j’ai abandonné les études en classe de 5e au collège. Avec l’aide et l’accompagnement de mes géniteurs, j’ai intégré l’atelier de mécanique moto de François Tiendrebeogo dit Franck Moto Service, comme apprentie».
Elle avoue que ses débuts étaient difficiles en tant que fille à apprendre la mécanique dans cette ville. « Je ne connaissais rien et le regard moqueur des hommes me dérangeait », se souvient-elle en souriant.
Elle ajoute: « Beaucoup de personnes s’étonnent de me voir en train d’apprendre ce job ».
Mais au fil des années, elle a commencé par s’habituer au regard des hommes et les railleries étaient moindres. Ainsi « j’ai pu tenir toutes mes huit années d’apprentissage ».
S’installer à son compte!
C’est suite à un appel à candidatures pour le financement de projets lancé par le ministère de la jeunesse et de l’emploi à l’époque qu’elle a pu s’installer.
« J’ai bénéficié d’appui matériel et financier composé de clés et de 100000 FCFA », indique-t-elle. A ces frais d’installation, Safiatou a eu un apport personnel, précise-t-elle.
Par jour, elle peut réparer plus d’une dizaine de motos. Seulement qu’«actuellement le marché est morose» déplore-t-elle, le visage contracté.
Ses petites économies sont directement injectées dans l’achat des articles. Elle bénéficie parfois du soutien de son «mari qui est un revendeur de pièces détachées».
François Tiendrebeogo, son formateur retrouvé à domicile, indique : « Elle était très attentive et déterminée à apprendre car elle savait ce qu’elle cherchait.»
« Elle connaît très bien la mécanique. Mais, l’emplacement de son atelier est un peu caché. Et cela ne lui permet pas de mieux s’imposer au milieu des hommes », déplore-t-il.
Elle n’est membre d’aucune association, ce qui fait qu’elle dit ne bénéficier pour l’instant d’aucune assistante.
Safiatou Ouédraogo est détentrice de plusieurs attestations et diplômes de formation en mécanique.
En plus de la mécanique, elle est coiffeuse à domicile les soirs. A l’endroit des filles, elle dit : « Un métier exercé à base des mains reste toujours bénéfique ».