Le Burkina Faso a publié un rapport général relatif à ce que l’on appelle «étude nationale prospective Burkina 2025». Elle analyse les déterminants et les mécanismes d’évolution de la société burkinabè ; explore le champ des avenirs réellement envisageables pour le Burkina Faso sur une période de 25-30 ans ainsi que leurs conditions de réalisation ; définit le profil souhaité de la société burkinabè en 2025 ; et dégage la stratégie de développement à long terme souhaitée ainsi que les stratégies intermédiaires à mettre en œuvre pour rendre ces évolutions possibles ; etc.
Par Nicolas Bazié
L’étude nationale prospective « Burkina 2025 » est portée par le Conseil national de prospective et de planification stratégique (CNPPS).
Dans la rétrospective politique, par exemple, il ressort que « l’histoire politique du Burkina Faso a été dominée par une grande instabilité politique caractérisée par l’alternance de régimes dits constitutionnels et de régimes non constitutionnels ou d’exception et le balancement entre l’autoritarisme (mou ou dur) et le libéralisme politique».
Le rapport général de l’«étude nationale prospective Burkina 2025» explique qu’il « en est résulté un processus démocratique heurté, s’identifiant à un véritable travail de Pénélope.»
Les tendances lourdes…
Le rapport note que hormis la période révolutionnaire (1983-1987) qui a marqué une rupture radicale aux plans institutionnel, politique, idéologique et même du discours politique, le modèle de référence dans la construction politique de l’Etat a toujours été la démocratie pluraliste de type libéral.
«C’est dire que, depuis l’indépendance, presque rien n’a fondamentalement changé au double plan de l’administration et des forces politiques», lit-on dans ce rapport général de 149 pages.
Pour ce qui est de l’administration publique burkinabè, « deux tendances lourdes méritent d’être notées». Le rapport cite « la persistance d’une administration de soumission sur le modèle français», relevant aussi une administration publique coloniale qui se signale par « son excessive concentration et sa trop grande centralisation qui induisent disparités et déséquilibres tant dans le déploiement administratif que dans l’allocation des ressources ».
Les menaces…
Il a été donné de savoir que les menaces, en l’espèce, sont liées aux défis de la régionalisation, à la dépendance vis-à-vis de l’aide publique au développement (APD) et à la question des Burkinabè de l’extérieur.
Ce qu’il faut retenir, c’est que « le processus de mondialisation/ régionalisation ne peut être source d’opportunités pour les Etats que si ces
derniers ont une claire vision des enjeux que comportent la mondialisation et la
régionalisation».
Cependant, lit-on toujours dans le rapport, «l’ignorance ou la méconnaissance des problèmes que soulèvent ces phénomènes risque d’accroître davantage la marginalisation d’un pays comme le Burkina Faso. Or, tout porte à croire que les acteurs politiques et économiques ne sont pas suffisamment préparés pour affronter ces défis». Ce qui signifie que « le processus d’intégration souffre d’un manque de dynamique intrinsèque et soutenue».
Tout ceci laisse entrevoir que le principal défi à relever pour les 25 à 30 ans à venir en matière politique « reste la consolidation du processus démocratique par l’établissement d’un large consensus sur les règles du jeu politique démocratique au sein de l’élite et la participation effective des populations aux élections et aux autres processus institutionnels».
Dans l’«étude nationale prospective Burkina 2025», l’on propose « une gouvernance démocratique et un appareil d’Etat développeur » ainsi qu’un certain nombre de réformes indispensables à sa
transformation.
«Le dialogue, le compromis, le pacte comme méthode de gouvernement et pierre angulaire des rapports entre gouvernants et gouvernés, telle est la clé pour parvenir à un consensus indispensable, non seulement à la consolidation de la démocratie mais aussi à la promotion du développement économique et social», conclut l’étude.