Le Centre d’étude et de recherche appliquée en finances publiques (CERA FP) a rendu public, le 27 mai 2022 à Ouagadougou, son premier rapport de suivi citoyen de l’exécution des budgets alloués aux services sociaux que sont la santé, l’éducation et la protection sociale. Il ressort de ce rapport que les indicateurs sociaux n’ont pas connu une amélioration malgré les efforts de l’État.
Par Daouda Kiekieta
S’inscrivant dans le cadre du projet « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel », le rapport révèle que 30% du budget national sont consacrés aux secteurs de la santé, l’éducation et la protection sociale, mais l’amélioration des conditions de vie des populations reste à désirer.
Selon ledit rapport, cette situation s’explique en partie par la croissance rapide de la population, la gestion relative des deniers publics et le contexte sécuritaire du pays.
« Concernant ces trois secteurs (santé, éducation et protection sociale), il ressort, pour ce qui est de l’éducation, que les budgets ont connu des évolutions assez intéressantes et ont même respecté la cible de 30% du budget national à allouer à ces secteurs. Par contre, en ce qui concerne la santé, nous sommes toujours en deçà du chiffre de 15% à allouer à ce secteur tout comme celui de la protection sociale où on est encore en deçà des 3,5% », a indiqué Hermann Doanio, secrétaire exécutif du CERA FP.
En ce qui concerne le secteur éducatif, le rapport indique que l’État a consacré une dépense de 27 959 FCFA pour chaque Burkinabè en 2020. En 2022, la prévision est de 28 420 FCFA pour l’éducation de chaque Burkinabè, précise toujours le rapport.
Sur le secteur de la santé, le ratio des dépenses sur l’effectif de la population révèle que l’État a consacré en matière de santé, à chaque Burkinabé, la somme de 17 229 francs CFA en 2020, 19 046 francs CFA en 2021 et 20 189 francs CFA en 2022
Par ailleurs, les budgets alloués aux secteurs sociaux n’ont pas été suffisamment utilisés dans les investissements pour permettre l’atteinte des objectifs, ajoute le rapport. Les réalisations restent en deçà des prévisions alors que les défis à relever dans ces différents secteurs sont énormes.
En 2021 par exemple, dans le secteur de la santé, sur une prévision d’investissement de 126,54 milliards, seulement 55,19 milliards ont été exécutés soit un taux de réalisation de 43,60 %. Sur une prévision d’acquisition de biens et services au profit du même secteur de 49, 78 milliards, seulement 25, 54 milliards ont été exécutés soit un taux de réalisation de 51,31%.
Selon le secrétaire exécutif, ce faible taux de réalisation des budgets en 2021 s’explique par plusieurs raisons. « En 2021 on était déjà dans la première année. Après les élections les choses n’étaient pas encore peaufinées. Il y a eu aussi une recrudescence des attaques terroristes en 2021 comparativement en 2020. Les entreprises ne pouvaient même plus aller sur les sites de réalisations ».
Une meilleure exécution des budgets, revoir à la hausse les ambitions en matière de prévisions et les budgets alloués aux secteurs de bases et alléger la procédure d’attribution des marchés publics, sont entre autres les recommandations émises par le CERA FP.
Le projet « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel » est mis en œuvre au Burkina Faso, au Niger et au Tchad.
Au Burkina Faso, il est réalisé conjointement par le CERA FP, l’Association des femmes juristes et le Balaie citoyen. L’Agence française de développement (AFP) est partenaire financier.