Dans un communiqué rendu public le 22 novembre 2022, l’ONG Oxfam s’insurge contre les politiques économiques des réduction des dépenses publiques, notamment, adoptées par les gouvernements pour limiter l’inflation et relever l’économie après la pandémie de la Covid 19. « Ce sont les femmes qui souffrent le plus des conséquences physiques, émotionnelles et psychologiques de ces coupes budgétaires dans les services publics essentiels », déplore Amina Hersi, responsable de la justice et des droits relatifs au genre à Oxfam.
Par Daouda Kiekieta
La pandémie de la Covid 19 a mis à mal l’économie mondiale, obligeant les États à adopter des mesures pour faire face à l’inflation. Pour ce faire, la majeure partie des gouvernements ont réduit les dépenses publiques, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale. Toute chose n’est pas de conséquences énormes sur les populations vulnérables, notamment, celles marginalisées en raison de leur genre et de leur origine ethnique dans tous les pays.
En effet, selon Oxfam, plutôt que d’instaurer un impôt sur la fortune et de taxer les bénéfices exceptionnels, quatre gouvernements sur cinq à travers le monde ont imposé ces mesures d’austérité sans tenir compte des besoins des femmes et des filles qui sont les plus touchées.
« Le relèvement économique post-pandémique a lieu grâce au dur labeur des femmes et des filles, au détriment de leur vie et de leur sécurité », déplore Amina Hersi, responsable de la justice et des droits relatifs au genre à Oxfam, qui précise que l’austérité est une forme de violence basée sur le genre.
A titre d’exemple; l’Oxfam cite, le Nigeria qui a annoncé une réduction de 42 % de ses dépenses de santé en 2020, alors que ce pays a l’un des taux de mortalité et de morbidité maternelles les plus élevés au monde. Et pour conséquence, des centres de santé de première ligne au Nigeria se retrouvent avec deux infirmières en service pour répondre à plus de 150 femmes dans un service prénatal.
De plus, des rapports récemment publiés par des agences des Nations Unies montrent que les femmes et les filles vivent déjà dans des situations extrêmement précaires. Comme pour enfoncer le clous, poursuit Oxfam, le Fonds monétaire international (FMI) a exigé de neuf pays, dont le Cameroun, le Sénégal et le Suriname, qu’ils introduisent ou augmentent la taxe sur la valeur ajoutée, qui s’applique souvent à des produits courants comme les denrées alimentaires. Et ce dans un monde où « plus de 60 % des personnes qui souffrent de la faim au niveau mondial sont des femmes ».
Des solutions pour réduire le poids du coût des services publics sur des femmes et des filles
En finir avec l’austérité et trouver des solutions alternatives, c’est l’une des solutions de l’ONG Oxfam. Pour cela, les gouvernants peuvent opter pour « la budgétisation féministe et la fiscalité progressive visant à financer les services publics et la protection sociale universelle, afin de mettre les besoins spécifiques des femmes et des filles au cœur de leurs politiques ».
Les Etats peuvent, ajoute-elle, « augmenter les impôts pour ceux qui sont en mesure de les payer. « Un impôt progressif sur la fortune des millionnaires et des milliardaires permettrait de générer près de 1 000 milliards de dollars (plus de 500 000 milliards de francs CFA) de plus que les coupes budgétaires annuelles que les gouvernements envisagent à partir de 2023 », estime le rapport d’Oxfam.
Par ailleurs, Oxfam appelle le FMI à arrêter d’imposer des mesures d’austérité économiques douloureuses et vouées à l’échec et à suspendre les conditions fondées sur l’austérité dans tous les programmes de prêts en cours. Elle « exhorte les pays riches à annuler sans tarder les dettes des pays à revenu faible et à leur accorder des financements sans dette ».
Lire aussi: L’ONG Oxfam s’inquiète de la hausse de faim en Afrique notamment au Burkina Faso
En rappel, chaque 25 novembre est célébrée la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
