A plusieurs reprises, lors de ses interventions, le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré a évoqué la nécessité de repenser le secteur agricole burkinabè. En plus de l’insécurité liée au terrorisme qui préoccupe les Burkinabè, le capitaine Traoré se lance dans un autre chantier aussi colossale que la réforme du secteur de l’agriculture.
Par Daouda Kiekieta
Alors que les Burkinabè attendent impatiemment le retour de la sécurité dans le pays, le nouveau président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le capitaine Ibrahim Traoré, entend se lancer dans plusieurs chantiers, notamment celui de l’agriculture, en plus de celui de la lutte contre le terrorisme.
Lors de sa première interview sur les ondes de la radio Omega le 1er octobre dernier, le capitaine Traoré disait vouloir travailler pour “révolutionner la production agricole burkinabè” à travers la participation des soldats dans la production. “Nous avons écrit plusieurs documents pour que l’armée participe au développement de cette nation” avait-il dit.
Pour lui, il s’agira, pour l’armée, de travailler aux côtés des populations dans les domaines de l’agriculture en « conquérant les terres (ndlr : occupées par terroristes), en installant les populations et en les aidant à produire”. “On ne peut pas continuer à dépendre de l’extérieur. Nous avons des terres, nous pouvons produire” a-t-il soutenu.
Lors de son discours de prestation de serment au conseil constitutionnel le 21 octobre 2022, le capitaine Traoré a réitéré sa volonté de repenser le secteur agricole, qui occupe plus de la moitié de la population, en misant sur le concept du “développement endogène”.
Il a, en effet, déclaré : “C’est aussi d’envisager un développement endogène en ne comptant que sur nous-mêmes. En essayant de repenser profondément notre agriculture, notre élevage, notre technologie et en interrogeant les socles de nos aspirations à la prospérité ».
Face à cette volonté du président du MPSR d’engager d’autres chantiers en plus de la question cruciale du terrorisme, l’on se demande s’il pourra tenir cet engagement de révolutionner un secteur aussi important que celui de l’agriculture.
En effet, la situation sécuritaire a été l’un des prétextes avancés par son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, pour perpétrer son coup d’Etat le 24 janvier 2022. Huit mois après, le terrorisme continue de gagner du terrain. Les tombeurs u lieutenant-colonel Paul Henri Damiba lui avaient même reproché d’avoir relégué la question sécuritaire au second plan au profit d’aventures politiques.
Le capitaine Ibrahim Traoré voudrait-t-il aussi reléguer la question sécuritaire au profit d’autres réformes profondes ? En tout cas, son agenda à la tête du pays semble être court pour engager d’autres priorités en plus de la situation sécuritaire liée au terrorisme, si on s’en tient à l’une des conclusions des assises nationales qui fixe la durée de la Transition à 21 mois, à compter du 2 octobre 2022.