Un nouveau président de la Communauté musulmane du Burkina Faso a été officiellement installé le 18 juin 2022 à Ouagadougou. Il s’appelle El Hadj Moussa Koanda. C’est désormais lui qui va diriger l’organisation religieuse, qui avait fait l’objet d’une crise de leadership entre El Hadj Oumarou Koanda et El hadj Abdou Rasmane Sana en 2020.
Par Nicolas Bazié
Ils étaient des protagonistes, ils voulaient tous être chef. Sauf qu’à la tête de la communauté musulmane du Burkina, il n’y a qu’un seul président élu. El hadj Abdou Rasmane Sana qui était en fin de mandat depuis le 6 juin 2020, refusait catégoriquement de passer le témoin. C’était sans compter sur El Hadj Oumarou Koanda et son camp qui se sont farouchement opposés à cela.
L’une des pommes de discorde, à l’époque, serait la rénovation de la grande mosquée de Ouagadougou. D’aucuns auraient estimé qu’une partie des contributions mobilisées pour la circonstance pouvait servir à d’autres fins tel que le paiement des factures d’électricité.

Il fallait donc précipiter le départ du président El hadj Abdou Rasmane Sana. C’est là qu’une véritable »guerre de trône » éclate entre deux camps opposés, faisant couler beaucoup d’encre et de salive.
En octobre 2019, une assemblée générale extraordinaire a eu lieu, à Bobo Dioulasso, et El Hadj Omarou Kouanda avait été désigné par consensus, président par intérim de la Communauté, en remplacement d’El hadj Abdou Rasmané Sana, qui aussi tient mordicus à garder son fauteuil.
Omarou Koanda devrait organiser un congrès pour mettre en place un nouveau bureau. Le même jour, du côté de Ouagadougou, le président Sana et ses éléments étaient aussi en conférence de presse, au cours de laquelle, ils ont tiré à boulets rouges, sur les agissements du camp adverse.
On se rappelle qu’à l’installation du El Hadj Oumarou Koanda, comme président transitoire de la Communauté musulmane, à la Grande Mosquée de Ouagadougou, il y a eu des échauffourées, et il a fallu l’intervention d’éléments de la sécurité pour maîtriser les deux camps.
Aucune des parties ne voulait se laisser faire dans cette guéguerre. La tentative de médiation entreprise par le Médiateur du Faso d’alors, Sara Seremé, pour concilier les protagonistes et qui avait abouti à une déclaration publique de fin de crise, n’avait pas été approuvée par le président sortant, Rasmané Sana. Il avait dénoncé ce qu’il a appelé, « les velléités du Médiateur du Faso de prendre position pour un camp ».
Après cet épisode théâtral, la communauté musulmane a pris ses responsabilités. Résultat, aucun des deux protagonistes n’est président. D’où l’élection de El Hadj Moussa Koanda à la tête de l’organisation. Son installation officielle le 18 juin fait donc de lui, le président par excellence de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF).