La région de l’Est est composée des provinces de la Gnagna, du Gourma, de la Kompienga, de la Komondjari et de la Tapoa. Les communautés vivant dans ces localités souffrent des attaques terroristes depuis 2018. Plusieurs milliers de déplacés internes sont dans le chef-lieu de chaque province. Malgré les actions militaires engagées pour vaincre l’hydre terroriste, le phénomène du terrorisme continu de faire des victimes. D’où l’organisation d’une journée de dialogue intercommunautaire le 16 mai 2022, à Fada N’Gourma, chef lieu de la région de l’Est, pour promouvoir le vivre ensemble dans cette partie du Burkina Faso.
Par Coulidiati Soanguipali, correspondant Gourma
Cette situation d’insécurité est devenue intenable pour l’ensemble des communautés qui vivent dans la région de l’Est. Des leaders communautaires ont donc pris l’initiative d’organiser une journée de dialogue intercommunautaire.
C’est le gouverneur de la région de l’Est Colonel Hubert Yaméogo qui a procédé au lancement de la journée de dialogue des communautés. Il a salué et encouragé les initiateurs de cette journée intercommunautaire, convaincu que le dialogue est une solution endogène pour se parler et trouver des solutions idoines aux problèmes d’insécurité vécu depuis plusieurs années et qui annihilent les efforts de développement.
Les instigateurs sont Moussa Thiombiano connu sous le pseudonyme de Django, responsable des Kolgoweogo de la région de l’Est et Hamidou Bandé, président national des Rouga du Burkina.
Les deux représentants des communautés ont bénéficié de l’accompagnement des autorités administratives régionales et du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), pour entreprendre le dialogue entre les membres de chaque communauté pour le retour de la paix dans la région.
Pour Moussa Thiombiano, les auteurs des attaques terroristes ne viennent pas d’ailleurs mais plutôt des communautés de la région de l’Est. Il a dit s’appuyer sur les langues parlées par ceux qui sont en brousse avec les armes. C’est pourquoi il lance un appel à ceux qui détiennent les armes, à les déposer et revenir, pour reconstruire ensemble le vivre ensemble dans la paix.
La cérémonie qui s’est tenue à la place du marché à bétail de Fada N’Gourma, a connu la présence des délégations venues de trois provinces que sont celle de la Gnagna, la Komondjari et la Kompienga. Plusieurs responsables religieux, coutumiers étaient présents à la cérémonie.
Le président national des rouga, Hamidou Bandé quant à lui, trouve que pour un retour de la paix, il y a nécessité que les uns et les autres se parlent pour que ceux qui ont pris les armes pour des motifs quelconques acceptent les déposer.
Il a aussi invité toute personne qui détient un pouvoir de faire en sorte que la paix revienne. Django a pris l’engagement d’œuvrer pour une fin du phénomène du terrorisme dans la région.
Prenant la parole au nom des communautés vivant dans la Tapoa, Ounténi Coulidiati a appelé à une trêve des attaques terroristes au plus tard en juin 2022, pour permettre aux populations de pouvoir regagner leurs localités d’origine.
Il a aussi invité les autorités du Burkina Faso à répartir équitablement les ressources du pays entre les régions, car selon lui, le terrorisme trouve un terreau fertile dans les localités délaissées par les dirigeants en termes d’investissement dans le développement local.
Moumouni Diallo est un membre de la délégation venue de la Kompienga. Il a émis le vœu que les forces de défense et de sécurité fassent preuve de discernement et évitent la stigmatisation des membres de certaines communautés.
Les membres de certaines communautés ne savent plus à qui se confier parce qu’ils sont traqués d’un cotés par les FDS et de l’autre par les hommes armés non identifiés, a-t-il fait savoir.
La province de la Gnagna qui jusqu’à récemment n’avait pas connue d’importantes attaques terroristes, en a enregistré beaucoup ces derniers jours. Kokolo Lankoandé qui est un fils de la province a déclaré que si la communauté s’engage comme une seule personne déterminée, le phénomène du terrorisme sera vaincu.
Il a par ailleurs dénoncé l’application mécanique de la démocratie sous nos tropiques qui d’après lui, a brisé les liens sociaux, sans oublier la perte de certaines valeurs.