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A Ouagadougou beaucoup de femmes ramasseuses d’ordures ménagères ne se protègent pas suffisamment dans l’exercice de leur activité. La plupart d’entre elles ne  sont pas protégées parce qu’elles n’ont visiblement pas les moyens de s’acheter des gants et des masques de protection.

Par Rama Diallo

Sans masque, ni gants, Albertine et Mariam (prénoms d’emprunt) passent chaque jour ouvrable dans les ménages et services pour vider les poubelles.

Au quartier Toeyibin, avec une charrette, Albertine, habillée d’un  haut rouge et d’un pagne traditionnel appelé « lwili peedé », sa collègue Mariam en robe bleue, toutes les  deux foulards sur la tête, passent dans certaines cours pour y ramasser les ordures.

Albertine, 59 ans et Mariam 50 ans, affirment parcourir  une dizaine de kilomètres par jour. Elles interviennent à la patte d’oie, a Toeyibin et à Pagla Yiiri.

Dans l’exercice de leur activité, les deux cinquantenaires ont affirmé qu’elle se blessent et tombent souvent malades parce qu’elles ne sont pas protégées contre les objets tranchants et les maladies infectieuses.

« Tu vois mon pied-là, explique Albertine, un jour, alors que  je vidais la poubelle dans un ménage, j’ai été blessée par un tesson  de bouteille. La plaie s’est infectée par la suite. J’ai passé un mois à la maison sans pouvoir me tenir sur le pied. Je me suis soignée à mes propres frais ; pourtant je travaille pour quelqu’un ».

Les femmes ramasseurs d’ordures

Elle précise qu’elle est fréquemment enrhumée à force de respirer les odeurs des déchets.

Les mains de Mariam, elle, sont recouvertes de petites plaies. Selon elle, cela est dû au fait que ses mains ne sont pas protégées contre les microbes.

Après le ramassage des ordures, les deux dames confient qu’elles se lavent les mains  avec uniquement du détergent ou de l’eau simplement.

Les videuses de poubelles ont indiqué qu’elles sont payées à 25000 francs le mois chacune. Mais selon elles,  cet argent ne leur permet pas de s’acheter du matériel  de protection  car  elles ont des charges familiales énormes.

La plus âgée explique : « Dès que je prends mon argent, je dois acheter du riz, du maïs et d’autres choses pour la maison. Les 25 000 F CFA ne suffisent même pas pour mes dépenses ; donc je suis obligé de faire avec,je n’ai pas le choix».

Vu leurs âges, peu de personnes acceptent de leur donner du travail. C’est pourquoi Albertine ironise en ces termes : «  Je suis déjà morte… qui va confier son travail à une vieille comme moi. Si je ne fais pas ce travail c’est la faim qui va me tuer ».

Mariam, elle, à  un moment donné, avait voulu arrêter le ramassage des ordures pour aller ramasser du  sable pour vendre. Mais, elle a constaté que la vente de sable est encore plus compliquée pour elle. Parce qu’il faut se réveiller très tôt le matin et il y a aussi trop de disputes entre les femmes travaillant dans ce domaine. Pour éviter les histoires, elle dit préférer  vider les poubelles.

Les vieilles dames doivent passer deux fois par semaine pour vider la poubelle dans les cours qui louent leurs services. Malheureusement, un de leurs clients qui ne veut pas être cité nommément affirme que les ramasseuse d’ordures peuvent faire un mois sans passer. Il est parfois obligé de payer une autre personne pour vider la poubelle.

« Chaque fin du mois je paye 1500 F CFA  pour leur service. Mais je ne suis pas satisfait de leur travail. Comme ce sont mes mamans, je ne parle pas. Souvent, j’essaie de leur dire d’être plus régulières mais bon, c’est toujours la même chose… Comme elles ne sont pas dans les conditions, c’est peut-être  pour cela que c’est comme ça. Aujourd’hui ramasser les ordures avec la charrette surtout à leurs âges ce n’est pas facile », ajoute notre interlocuteur.

Interrogées sur les irrégularités dans le ramassage d’ordures, Albertine et Mariam ont fait comprendre que souvent leur charrette est en panne  et leur patronne met du temps avant de la réparer.

Elles expliquent aussi que : «Les ordures ramassées sont vidées dans une décharge non loin du marché du 15. Le camion qui est chargé de ramasser ces déchets peut faire des jours sans venir. Tant que le camion ne vide pas ce qui est déjà sur les lieux, il n’y a pas de place pour les nouvelles ordures. C’est ce qui fait que c’est compliqué pour nous souvent de passer régulièrement dans les concessions pour vider les poubelles.

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