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Burkina Faso : entre déficit et distribution tardive des intrants agricoles subventionnés, des agriculteurs mécontents

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L’Etat burkinabè a subventionné les intrants agricoles pour soutenir le monde de l’agriculture. 27 mille tonnes d’engrais subventionnés à 12 mille FCFA le sac, ont été mobilisés, à la date du 7 mai 2022. Sur le terrain, si ce n’est pas la distribution tardive qui est dénoncée, c’est le déficit par rapport aux besoins exprimés qui est décrié par les agriculteurs. Libreinfo.net est allé à la rencontre de plusieurs agriculteurs du Plateau-Central le 27 juin 2022.

Par Daouda Kiekieta, de retour de Ziniaré.

Face à la flambée du prix des intrants agricoles, l’Etat burkinabè a décidé de subventionner la campagne agricole 2022-2023, afin de booster la production nationale. Sur le terrain, nombreux sont des agriculteurs qui dénoncent l’arrivée tardive des semences et intrants agricoles subventionnés. C’est le cas des agriculteurs de la région du Plateau-Central.

Sous une légère pluie, dans la matinée du 27 juin, nous nous dirigeons vers la commune de Nagréongo, dans la province de l’Oubritenga, région du Plateau-Central, située à environ 38 kilomètres de Ouagadougou, la capitale du pays.

Après une bonne heure de traversée sur la route nationale n°4 (RN4), nous débarquons au village de Watinooma situé à environ 5 km de l’hôtel de ville de Nagréongo.
A proximité d’un champ où une dizaine de personnes cultivent, nous descendons du véhicule pour aller à la rencontre de ceux pour qui nous sommes venus. Eux, ce sont des agriculteurs et représentants des coopératives agricoles de la commune de Nagréongo.

Les échanges se déroulent à proximité d’un champ d’une superficie de 4 hectares, loué par une famille de déplacés internes. Notre premier interlocuteur s’appelle Paul Ouédraogo. Il est le président de l’Union des producteurs et semenciers de Nagréongo.

Selon lui, en dépit de la quantité insuffisante, les semences sont arrivées avec un retard. « Les semences, composées entre autres de maïs, de mil, de haricot, de riz, nous sont parvenues avec un retard. Cela fait que nous sommes toujours dans la phase de distribution », a-t-il expliqué, indiquant que « les semences du maïs et du mil sont vendues à 1000f par 15 kilogrammes et celles du haricot sont données gratuitement aux femmes ».

Paul Ouédraogo
Paul Ouédraogo, le président de l’Union des producteurs et semenciers de Nagréongo.

Quant aux engrais, la distribution n’a pas encore commencé, alors que le besoin se fait sentir au niveau de ceux qui ont déjà semé il y a plus de 20 jours.

Engrais organique comme alternative à la cherté des intrants

Olivier Zoungrana est producteur de maïs et de sésame. A défaut d’engrais chimique qui arrive avec un retard, cet agriculteur de Watinooma utilise l’engrais organique. «J’ai deux fosses de fumure organique que j’ai préparées avant la saison pluvieuse. J’utilise cet engrais en complément de l’engrais subventionné qui est difficile à avoir et très cher sur le marché », a indiqué M. Zoungrana.

Pour les personnes vulnérables, les personnes déplacées internes, les conséquences de l’insuffisance des engrais chimiques sont dramatiques.C’est le cas de Salamata Bamogo et sa famille qui ont fui le terrorisme, pour se refugier à Nagréongo. Sur un champ de 4 hectares arboré d’arbres, cette famille a loué l’hectare à 20000 f.

Malgré tout effort pour éviter la mendicité, elles n’arrivent toujours pas à se nourrir suffisamment, à cause du manque de fertilisants.« Comme la terre n’est pas fertile et que nous ne pouvons avoir de fertilisants, il est difficile d’avoir de récoltes meilleures à même de combler nos besoins alimentaires », a fait savoir Salamata Bamogo.

Le 07 mai dernier, Inoussa Ouédraogo, président du conseil d’administration de la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et en Matériel agricole (CAIMA), a affirmé que l’engrais a été subventionné à hauteur de 12 000 FCFA le sac de 50 kg, sur une de 27 000 tonnes déjà mobilisée. Ce sont 73 000 tonnes d’engrais qui ont été promis aux agriculteurs, sur des besoins en engrais estimés à 750.000 tonnes, sur le plan national.

Des cultures menacées par les insectes ravageurs

En plus de l’arrivée tardive des semences et leur quantité insuffisante, les producteurs sont confrontés également au phénomène des chenilles et insectes ravageurs.« Il y a des chenilles qui attaquent les cultures, notamment le maïs. En une semaine, les chenilles peuvent finir tout un champ. Les différents traitements que nous appliquons ne sont pas efficaces contre ces ravageurs », a indiqué Paul Ouédraogo, le président de l’Union des producteurs et semenciers de Nagréongo.

Chez les cotonculteurs de cette zone, des problèmes similaires sont évoqués. Attaque des insectes ravageurs, insuffisance des intrants, sont entre autres les difficultés que vivent ces acteurs du monde agricole.« Les insecticides que nous utilisons se sont révélés inefficaces contre les ravageurs comme la mouche blanche », a confié Ousmane Sawadogo, président de l’Union départementale des producteurs de coton de la commune, présent à cette rencontre d’échanges.

Et à Edmond Sawadogo, producteur de coton à Nagréongo de renchérir: « Nous pouvons pulvériser un champ dans l’objectif de tuer les insectes, et le lendemain, nous revenons trouver ces insectes qui sont toujours vivants».

De Nagréongo, nous déposons nos valises dans la commune de Songpelcé. Après les échanges avec les agriculteurs de Nagréongo, nous déposons nos valises dans la bourgade de Songpelcé, commune de la province d’Oubritenga, située à une quarantaine de kilomètres de Nagréongo

Avec notre guide de la localité, Rita Pascaline Béré, animatrice à la Confédération paysanne du Faso affectée à Ziniaré, nous nous rendons sur un champ semé près d’une colline pour rencontrer les agriculteurs.

Rita Pascaline Béré
Rita Pascaline Béré, animatrice au CPF affectée à Ziniaré

Nous sommes accueillis par Amado Sebgo, président de l’Union régionale des producteurs semenciers de Ziniaré (URPS) et quelques agriculteurs.Amado Sebgo a affirmé que sa région n’a pas officiellement reçu les intrants agricoles promis, après le lancement de la campagne agricole 2022-2023. « Pourtant, la plupart des spéculations ont besoin d’engrais 15 jours après la semence », a-t-il dit.

A côté de Amado Sebgo, Ablassé Sebgo, étudiant en médecine qui a aménagé 3 hectares de soja, fait face à un sérieux problème d’équipements agricoles.« Pour labourer mon champ c’est tout un problème. J’ai appelé un propriétaire de tracteur pour qu’il vienne labourer mon champ. On a tourné deux semaines sans le voir. On était obligé de faire une partie du champ en Zaï et labourer l’autre partie avec des bœufs », déplore-t-il.

Selon Rita Pascaline Béré de la CPF, « les agriculteurs font chaque fois face à l’arrivée tardive des intrants agricoles ». Toute chose, conjuguée à la mauvaise pluviométrie qui ne permet pas aux producteurs d’amorcer sereinement campagne agricole, selon elle.

Au regard des contraintes que rencontrent les agriculteurs à l’entame de la saison, il revient au gouvernement burkinabè de redoubler d’efforts pour accompagner les acteurs concernés afin de rattraper ce qui peut toujours l’être.

Selon le ministre de l’agriculture, Delwendé Innocent Kiba, 5 383 000 tonnes de céréales, 1 798 000 tonnes de culture de rente et 897 000 tonnes d’autres cultures vivrières sont les objectifs de la production de la présente campagne.

Selon le Comité de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle (CPSA), la campagne 2021-2022 a connu « une baisse de 10 % de la production céréalière, soit environ 4,66 millions de tonnes récoltées ».

www.libreinfo.net

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