Le Centre d’étude et de recherche-action pour le développement économique et social intégré (CERADESI) a organisé un atelier, le vendredi 14 mai 2021 à Ouagadougou. L’objectif est de valider l’étude sur l’analyse des allocations budgétaires aux secteurs sociaux destinées à la réalisation des droits de l’enfant et de la femme de 2017 à 2021.
Par Frank Pougbila
Tirer la sonnette d’alarme sur les inégalités en matière de partage des ressources pour une bonne gestion dans l’optique de protéger les personnes vulnérables. C’est le combat du Centre d’étude et de recherche-action pour le développement économique et social intégré (CERADESI).
Dans cette vision, il a mené une analyse sur les évolutions des allocations budgétaires sur la période 2017-2021 de trois secteurs prioritaires pour le bien-être de l’enfant et de la femme. Il s’agit des secteurs de la santé, de l’éducation de base et de l’eau et l’assainissement.
Les sous-secteurs de la nutrition, des infrastructures scolaires et de l’assainissement sont passés au scanner. Il s’est agi concrètement, explique le représentant du Conseil d’administration du CERADESI, Moussa Sissao, d’examiner les tendances des dépenses de ces secteurs. Cela permet de déterminer les efforts que fait l’Etat et de mettre en cohérence ces niveaux d’allocations budgétaires avec les engagements nationaux et internationaux.
Le consultant du CERADESI, Gustave Nebié souligne une tendance saine du budget de l’Etat en termes de réalisation. Une hausse moyenne des recettes totales de 9,20% et un accroissement moyen des dépenses de 7,1% ont été remarqués. Néanmoins, une hausse des dépenses courantes de 8,6% en moyenne annuelle est visible. Les dépenses du personnel s’établissement à 13,2%. Ce qui est au-delà du taux de croissance des recettes et dépenses totales.
Le consultant regrette que le budget prévisionnel des trois secteurs sociaux ne soit pas « significativement » évolué durant la période de l’étude. Il relève une croissance de 33,46% en 2021 contre 33 % en 2017. Le secteur de la sécurité, lui, est passé de 7,8% en 2017 à 14,4% en 2021.
Au niveau des réalisations budgétaires, la situation est encore plus frappante. La part des secteurs sociaux est passée de 34,7% en 2017 à 31% en 2020. Et dans la même période , pour la sécurité passait de 8,6% à 14,3%. « En 2017, les dépenses sociales étaient quatre fois plus élevées que celles de la sécurité. En 2020, les dépenses de sécurité représentaient 46% des dépenses sociales », explique le consultant.
L’étude, qui est un rapport provisoire, indique que d’ici 2025, si rien n’est fait, l’incidence de la pauvreté passerait à 46,9% (40,1% en 2014) à cause de l’impact négatif de la COVID19. Une inflation de 3,2% est survenue depuis l’avènement de la Pandémie.
Un voyage d’étude au Rwanda
Pourtant sur le secteur de la santé, Nebié confie qu’une importante dotation a été faite en 2020 au ministère. Toutefois, la consommation budgétaire est en baisse par rapport aux autres années. Pour lui, il y a une évolution en dents de scie des taux d’exécution du budget. Ainsi, ils sont de 84% en 2017 à 78% en 2018 pour atteindre 92% en 2019, puis sont revenus à 78% en 2020.
Au niveau du secteur de l’éducation, la part du budget allouée au ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales est située en moyenne à 19,61. « A dépense égale, le Burkina pourrait faire passer son taux net de scolarisation à 98% contre 78% actuellement », a argumenté M. Nebié.
Pour le secteur eau et assainissement, le budget alloué est de 2 et 3%. Le consultant relève une baisse des dotations dans ce domaine qui est primordial. C’est pourquoi, il propose l’accroissement des recettes fiscales et les financements innovants comme des sources prometteuses d’augmentation de l’espace budgétaire. Des recommandations ont été formulées. Il s’agit notamment d’un voyage d’étude au Rwanda pour étudier l’amélioration de l’efficience de la dépense publique dans le domaine de la santé. L’allocation suffisante des ressources financières au secteur de l’éducation pour les dépenses d’investissement a été préconisée ainsi qu’une meilleure gestion des ressources en eau. La réduction des iniquités entre urbain et rural en termes d’accès à l’eau et à l’assainissement a été également sur la tables des recommandations.