Depuis un certain temps, dans nos villes et campagnes, s’est développée l’activité de soudure. À Sapouy, dans la province du Ziro (Centre-ouest), un forgeron a développé une stratégie qui lui est bénéfique. Associer la forgerie à la soudure est le fruit de son génie créateur.
Par Inoussa Kiéma, correspondant dans le Ziro
«Je dis merci à Dieu. Aujourd’hui, j’ai une cour à Ouagadougou, trois parcelles construites à Sapouy dont l’une sert de siège de mon atelier. Et j’arrive à bien m’occuper de ma famille», ainsi s’exprime Paulin Kaboré, forgeron soudeur, que nous avons rencontré le 18 novembre 2022.
Au secteur 01 de Sapouy dans la province du Ziro, en face du bâtiment abritant l’ancienne mairie, à quelques mètres du marché central, est installé l’«Atelier Espoir du Paysan».
Un atelier mixte de forgerie et de soudure de Paulin Kaboré. Des charrues, des socles de daba, des pioches, des portes, fenêtres, des supports de matériels de lave-mains, des barriques servant de poubelles, des charrettes, des brouettes y sont fabriqués.
C’est sous un grand hangar adossé à un bâtiment que le sexagénaire Paulin Kaboré et ses employés s’activent pour satisfaire leur clientèle.
Des étincelles du feu de la forge et celles des tiges de fer pour la soudure électrique accueillent les clients qui ne repartent sans entendre le « king-king-king » du marteau battant le fer sur l’enclume.
Travailler la forgerie est l’un des héritages que Paulin Kaboré a reçus de ses grands parents. Natif du village de Bazoule-saabin, dans la commune de Tanghin-Dassouri, province du Kadiogo (région du centre), ce forgeron-soudeur a effectué son premier exode vers la province du Ziro, dans la commune de Bakata, plus précisément dans le village de Kinkirsgogo, localité située à 35 km au Nord de Sapouy.
C’était en 1985 après qu’il a bénéficié, de la part de l’Etat, une formation dans le métier de la forgerie. Quelques années après, il dépose ses valises à Sapouy, chef-lieu de la province du Ziro, ville située à 100km sud de la capitale Ouagadougou.
Formé, le jeune entrepreneur de l’époque a eu un soutien de l’Etat. «À notre sortie, on nous a donné, sous forme de prêt, du matériel pour démarrer nos projets.
À l’époque, pour avoir un tel équipement en matériels, c’était compliqué.», a dit Paulin Kaboré. Et la trajectoire de la réussite se voit tracée.
Accompagnement de l’Etat
Grâce à l’accompagnement de l’Etat, «l’ouvrier» Kaboré est arrivé à arracher des marchés de fabrication d’outils agricoles par le biais de la Chambre des métiers du Burkina Faso.
Aujourd’hui, M. Kaboré se réjouit. Son entreprise lui procure des revenus et lui permet de subvenir un tant soit peu aux besoins de sa famille qui compte une vingtaine de membres. «Je dis merci à Dieu. Aujourd’hui, j’arrive à m’occuper de ma famille», a-t-il expliqué.
Paulin Kaboré ne regrette pas le fait d’avoir vite abandonné les bancs. De nos jours, il trouve son compte dans le secteur informel et est convaincu que l’école n’est pas la seule voie de réussite.
«J’ai des promotionnaires qui sont actuellement des agents de santé, d’autres sont des enseignants. Mais si on se croise, ils ne vivent pas mieux que moi», a-t-il déclaré.
Pour mieux satisfaire sa clientèle, M. Paulin Kaboré s’est entouré d’une équipe formée de huit employés. Et la « machine » tourne du matin au soir. Le « Patron » Kaboré s’est fixé un principe: «satisfaire le client quand il exprime son besoin».
Pour lui, «lorsqu’un client vient, on doit obligatoirement le satisfaire. Puisque s’il ne gagne pas ce qu’il veut dans le délai, il va partir ailleurs. On ne doit pas donner de faux rendez-vous aux clients».
Forgeron de naissance, M. Kaboré, a déjà formé six jeunes qui ont leurs propres ateliers. Comme pour interpeller la jeunesse et l’Etat, il pense qu’il faut former les jeunes et les emmener à s’autonomiser au lieu de les habituer au goût de l’argent.