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Burkina Faso: la gouvernance toujours à reculons

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Ce 29 novembre 2018, les travailleurs ont observé une grève d’avertissement de 24h suivie d’une marche de protestation nationale contre l’augmentation du prix des hydrocarbures au Burkina Faso.

Il fallait s’y attendre, c’était évident que cette mesure n’allait pas passer facilement chez les partenaires sociaux. Même si le gouvernement a réussi à calmer un temps soit peu les ardeurs des transporteurs contre une augmentation quelconque des prix des produits et du transport, il serait trop tôt pour le gouvernement de se réjouir. Combien de temps va-t-il durer ce compromis ? Ce n’est pas sûr que cet amour spontané entre le gouvernement et les transporteurs puisse résister au-delà de six mois parce qu’on a beau vouloir cacher la réalité, elle finit par nous rattraper.

Ce mariage de circonstance ne peut pas engendrer un climat social apaisé. La preuve en est que les accords entre les deux parties sont restés flous ce qui nous rappelle à l’époque, les accords entre le gouvernement et les financiers.

La suite, on la connait ! C’est la preuve que le gouvernement burkinabè surf sur les problèmes du moment, on ne travaille pas à créer pas suffisamment les conditions d’un développement structurel car on n’a pas besoin d’aller à une école d’économie pour comprendre qu’une telle augmentation du prix des hydrocarbures va causer impérativement une inflation sur toute la chaine.

Pendant combien de temps le gouvernement va continuer à jouer à ce jeu d’amateur ? Hier, l’on a refusé de satisfaire la plateforme des transporteurs sous prétexte qu’il n’y a pas de moyens. Aujourd’hui, l’on promet de satisfaire certains points de la revendication contre une augmentation des produits et du transport, il y a un paradoxe.

Dans tous les cas, cette entente entre les transporteurs et le gouvernement n’a pas pu éviter la grève d’avertissement de 24h et de protestation nationale des travailleurs. La question que l’on se pose est: si la grogne sociale continue, le gouvernement va-t-il renoncer à ses promesses avec les transporteurs ou va-t-il également concéder aussi une satisfaction aux revendications des travailleurs ? Dans l’un ou l’autre cas, l’on se retrouvera dans une situation plus compliquée.

Rien n’exclut que la forte mobilisation de la coalition contre la vie chère n’inspire pas les transporteurs. Le syndicat a déjà un allié qui est l’opposition politique dont la dernière journée nationale de protestation a connu un succès.

Il faut donc craindre une éventuelle mobilisation commune puisque le gouvernement donne de la matière à ses adversaires. Sinon, comment peut-on expliquer cette fameuse retenue à la source de la taxe de résidence ce mois ? Elle est certes légale la taxe, mais l’opportunité et la démarche posent problème. C’est à croire que le gouvernement burkinabè veut plutôt, à tout prix, de l’argent pour renflouer ses caisses contrairement aux raisons qu’il développe. Il est temps que des discussions franches soient engagées dès à présent par le gouvernement. A défaut, il faut bien se préparer à la grogne sociale dans le premier trimestre de 2019.

 

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