Le Réseau national de lutte anti-corruption(REN-LAC) a publié, ce 6 décembre 2022, son rapport annuel sur l’état de la corruption en 2021 au Burkina Faso. Il ressort de ce rapport que le taux de la corruption a connu une augmentation de 3,3% par rapport au taux de 2020 avec la Police municipale au premier rang (51,3%).
Par Elza Nongana
La Police Municipale vient en première position dans le classement des services les plus corrompus en 2021 selon le rapport du REN -LAC.
Dans ce rapport, la Police Municipale est suivie de la Douane avec 37,3%, de la Police Nationale avec 31,8 %, de l’Enseignement post primaire avec 15,7 %, de la DGTTM avec 15,2 % et de la Santé avec 15,2%. La gendarmerie nationale occupe la 7e place avec un taux de corruption de 12,1%.
Il ressort que le taux de la corruption de l’année 2021 est de 85,23% comparativement à celui de 2020 qui était de 81,95%,
Ce taux a connu une croissance de 3,3%. Pour l’élaboration du rapport annuel sur l’état de la corruption au Burkina Faso, 3 000 personnes ont été enquêtées dans 14 villes du territoire national, selon le REN-LAC. Ces enquêtés estiment que le phénomène est fréquent dans les différents services.
Parmi eux, 49,5% sont de sexe masculin et 50,5 de sexe féminin. Il ressort de ce rapport également que les femmes sont les plus exposées aux cas de corruption dans la quête du travail avec 66,6%, de la santé avec 33,7%. Il y a aussi le domaine des affaires avec 27,2% et de l’éducation avec 12,6%..
Pour Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du REN-LAC, le phénomène connaît une croissance depuis 2016 au Burkina Faso par manque de sanctions à l’égard des auteurs.
«L’impunité peut être le facteur favorable à cette montée de la corruption. Cette situation est particulièrement perceptible au niveau des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières (ECOFI) créés depuis cinq ans».
L’accroissement du phénomène de la corruption dans notre pays au cours des six dernières années a contribué à fragiliser davantage le tissu social, affaiblissant l’Etat de droit et altérant la confiance entre gouvernants et gouvernés, explique t-il.
Quelques recommandations pour lutter contre la corruption
Le REN-LAC recommande aux acteurs étatiques des valeurs comme l’exemplarité, la transparence et la recevabilité dans la gestion des affaires de l’Etat.
Il souhaite aussi que des mesures conservatoires soient prises à l’endroit des agents publics épinglés dans des affaires de corruption en attendant les procédures administratives et judiciaires.
Pour les corps de contrôle, le Réseau national de lutte anti-corruption demande à ce que des audits soient faits dans le secteur de la défense et de la sécurité. Cela, sur l’acquisition du matériel militaire et la gestion des primes des soldats dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.
Et pour la justice, l’assainissement de l’institution est recommandé. Pour Sagado Nacanabo, les comités de lutte anti-corruption mis en place dans les services marchent bien.
A titre d’exemple, il a cité la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM). «Un guichet spécial pour les particuliers a été instauré pour faciliter les démarches», précise le secrétaire exécutif du REN-LAC.
Dans le cadre des journées nationales de refus de corruption (JNRC) qui se tiennent du 1er au 9 décembre 2022, le REN-LAC a prévu de tenir une conférence publique le vendredi 9 décembre 2022 au Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) sur le thème de « Corruption et terrorisme au Burkina Faso : quelles perspectives ?».