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Burkina Faso : L’artisanat, un héritage familial chez les Kiemtoré

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Assami Kiemtoré fait de l’artisanat depuis sa naissance. Sa spécialité, c’est la vannerie. Un travail noble qui lui permet de prendre en charge sa famille. Aujourd’hui âgé de 45 ans, il compte plus de 20 années de participation au SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou). Une participation qu’il juge opportune pour se faire des contacts. Avec la tenue prochaine du SIAO, M. Kiemtoré n’est pas sûr d’y participer. Libreinfo.net vous dresse le portrait de cet « artisan vannier de naissance »

Par Valérie Traoré

Père de trois enfants, Assami Kiemtoré fait de l’artisanat depuis son enfance. Dans sa communauté, à partir de 7 ans un enfant est déjà aguerri au métier d’artisan. Il est capable de confectionner un petit panier.

Je suis au rond-point des Nations-Unies de la ville de Ouagadougou, ce 19 décembre 2022. A quelques centaines de mètres de là, se trouve une association d’artisans installée au bord d’un canal.

Parmi ces travailleurs, se trouve M. Assami Kiemtoré. Ici, chacun exerce dans une spécialité. Ainsi, il y a notamment les fabricants de bracelets, les vanniers, les bronziers, les fabricants de sacs, et autres accessoires. Chaque artisan dispose d’un hangar.

artisanat Kiemtoré
La boutique d’objets d’art de Assami Kiemtoré

Je retrouve M. Kiemtoré sous son hangar d’environ 8 m2 avec son compagnon de tous les jours, M. Karim Nikièma.

Ce dernier raconte leur compagnonnage : « Nous travaillons ensemble depuis 2003 ; on était au grand marché de Ouagadougou. Depuis que marché central a pris feu, nous sommes venus nous installer ici, au bord de ce canal. Depuis 2003 nous sommes voisins et nous collaborons ensemble. »

artisanat Kiemtoré
M. Karim Nikièma, un compagnon de Assami Kiemtoré

M. Kiemtoré qui a une longue expérience dans l’artisanat se rappelle son parcours : « Je suis dans l’artisanat depuis mon enfance ; en gros, j’ai plus de 20 ans d’expérience dans le domaine ; mais mon père, qui est décédé, avait plus de 30 ou 40 ans d’expérience, puisque c’est lui qui nous avait tous initiés au métier. »

Il poursuit : « Nous avons d’autres membres de la famille au grand marché de Ouagadougou. » Je peux retenir de cet échange que l’artisanat est l’activité de base dans la famille Kiemtoré.

Qu’en est-il de sa collaboration avec les autres artisans ?

Les artisans vivent dans une ambiance conviviale. Autour de 12h, nous pouvons entendre des voix de part et d’autre des hangars. Des sujets sur le football sont abordés.

D’autres, par contre, écoutent les informations radiodiffusées. Mais quand vient le moment de travailler chacun se concentre sur son travail.

M. Issa Compaoré, un collaborateur de M. Assami Kiemtoré, installé à l’extrême gauche de son hangar, me confie : « Assami aime beaucoup son travail. En matière de travail, il est très strict. Voilà pourquoi il s’entend bien avec M. Karim Nikièma, puisqu’ils sont de la même génération. Il peut être tellement concentré sur le travail que lorsque tu l’appelles il ne t’entend pas. Hormis ça, notre collaboration se passe très bien.»

Lorsque dans mes questions, je fais référence au SIAO, c’est soudain le silence.

Assami Kiemtoré participera-t-il au SIAO ?

D’une voix nouée, il m’a fixé du regard, et je pouvais percevoir un découragement dans sa voix. Pour lui, le report de dates de tenue du SIAO, à plusieurs reprises, peut affecter cet événement de portée internationale.

Il m’ explique : « Les stands coûtent de 300.000 F. CFA à 500.000 F. CFA. Compte tenu de la situation sécuritaire, ce n’est pas évident que les gens viennent à cette fête. Nous n’allons pas aller nous asseoir là-bas et revenir avec des pertes. Ce n’est pas évident qu’on gagne une recette de 300.000F. CFA.» Et d’ajouter : « Je suis un habitué du SIAO depuis 1999 ; je participe au SIAO à chaque fois que c’est programmé mais cette année-ci, franchement, je ne pense pas y mettre pied.»

Son voisin prénommé Karim Nikiema, très attentif à nos échanges, se tourne dans notre direction en disant : « Je suis découragé de tout ; on ne gagne rien dans ce métier ; plus rien ne va. Je crois que les artisans n’ont plus la place qu’ils avaient auparavant. J’ai déconseillé à mes enfants de faire ce boulot ; ce métier-là n’a plus de valeur comme dans les temps passés. C’est les jours prochains du SIAO qui nous préoccupent. »

Après un soupir, M. Assami Kiemtoré me plonge dans le passé en ces termes : « Tu vois la vannerie comme ça, nous, on est né avec l’artisanat ; la vannerie comme ça, c’est notre culture. Avec les parents on se lève le matin, nous nous assoyons sous un arbre, les femmes ont leur place, les hommes aussi, sans oublier nous les jeunes à côté en train de suivre leurs manières de tresser.

A partir de 7 ans, un enfant de notre village peut fabriquer un panier, une corbeille. C’est maintenant que nous voyons les enfants faire d’autres métiers, sinon avant, à cet âge, c’est la vannerie seulement.»

artisanat Kiemtoré
Des objets d’art exposés dans une boutique

Ce métier n’est pas sans difficulté, nous dit M. Kiemtoré qui assure qu’en plus de la pénibilité du travail, il y a aussi la morosité du marché. Il nous explique leurs déboires d’artisans : « La principale difficulté, c’est le marché ; il n’y a pas assez de touristes ; aujourd’hui, avec la situation sécuritaire du pays, il n’ y a plus rien ; nous, on est assis ici entre nous, mais on ne voit rien du tout ; même les étrangers qui venaient souvent au pays pour acheter nos objets et aller les revendre, eux-mêmes ne viennent plus ; c’est très décourageant.»

Et de marteler : « C’est la principale raison qui nous inquiète en ce qui concerne notre participation au SIAO. »

« Nous avons même été contraints de diminuer les prix des produits ; ça varie, 1000 F CFA, 3000 F CFA, 5000 F CFA et plus. Pourtant les années précédentes, c’était 3000 F CFA, 5000 F CFA et plus. » a-t-il affirmé.

la majorité des artisans présents à nos échanges avec M. Kiemtoré souhaite que le Burkina retrouve sa paix d’antan et que cet évènement soit une réussite.

La Direction de la communication du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), avait annoncé le 15 décembre 2022, la tenue prochaine de la 16eme édition du SIAO. Les dates annoncées vont du 27 janvier au 5 février 2023.

Lire aussi: Burkina/SIAO 2023 : 350 artisans et 21 pays sont attendus

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