Le mouvement M30 est sorti dans les rues de Ouagadougou ce 12 août 2022, pour exiger une fois de plus, le départ de l’ambassadeur de France au Burkina Faso Luc Hallade et la rupture des accords de coopération avec la France. Sauf que la police nationale a dit niet à cette marche sur l’ambassade et a dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogène.
Par Nicolas Bazié
Ils sont sortis battre le macadam. Eux, ce sont les membres du mouvement M30 Naaba Wobgo. Ils tiennent vaille que vaille à faire partir l’ambassadeur Luc Hallade du Burkina Faso, depuis le mois de juillet. Et ce 12 août, au rond point des Nations unies, sur l’avenue de l’indépendance, la manifestation s’est transformée en course poursuite, digne d’un film de James Bond.

Un policier s’est d’abord approché des manifestants pour discuter, mais ils ont catégoriquement refusé de replier. « Le gouvernement ne devrait pas interdire cette marche», a pesté un manifestant visiblement très remonté.
La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) va alors utiliser la force pour rétablir l’ordre. A coup de gaz lacrymogène, les manifestants ont été dispersés, laissant leurs pancartes derrière eux. Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Non aux accords de coopération militaire, non aux complicités des banques», «non à vos projets d’exploitation de la jeunesse du Burkina Faso, dégagez!». Ils ont même été pris en tenaille et pulvérisés dans les environs du Tribunal de grande instance Ouaga I.
Quant à Yéli Monique Kam, coordonnatrice du mouvement M30, c’est en vain que nous l’avons cherchée pour lui arracher quelques mots. En effet, aussitôt arrivée au rond point des Nations unies, aussitôt les coups de gaz lacrymogène ont éclaté. De 14h à 17h, la Yennega de l’éducation a brillé par son absence.

Le jet du gaz lacrymogène par la police n’a pas été du goût de Abdoul Nassirou Sanfo qui s’est mis dans une colère noire. Ancien prétendant à l’élection présidentielle de novembre 2020, il a déclaré que cet acte posé montre à souhait que le pouvoir du Président Damiba est fini. « Dieu lui-même va agir», dit-il. «Que l’armée française quitte notre territoire », scandent les manifestants.

Ce n’est pas la première fois qu’un mouvement se retrouve dans de pareilles situations. Le 30 juillet 2022, des individus avaient fait irruption au lancement officiel du M30 pour semer le désordre. Ce jour-là, Yéli Monique Kam avait porté plainte contre X pour agression.
Aussi, lors du lancement du Front patriotique, «de gros bras» avaient également fait une descente perturbant ainsi l’activité. Ce qui a d’ailleurs failli dégénérer. Les membres du front ont porté plainte pour «trouble à l’ordre ».
