Le Pr Alain Sanou met sur le marché du livre, « Les Sini : Hymne et épopée des Bobo », une œuvre qui présente le “sini”, comme un facteur d’identification de la culture Bobo notamment du village de Kibidouwé de la ville de Sya. La cérémonie de dédicace a eu lieu le jeudi 10 novembre 2022 à l’Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou.
Par Daouda Kiekieta
Face à la crise identitaire aux multiples facettes à laquelle l’Afrique fait face, le retour aux valeurs ancestrales se révèle capital.
C’est dans ce sens que l’enseignant-chercheur Alain Sanou, natif de Dioulassoba dans la ville de Sya, met en lumière la culture Bobo à travers son œuvre intitulée « Les Sini. Hymne et épopée des Bobo ».
L’ouvrage de 177 pages, réparti en trois grandes parties, retrace l’origine du « Sini », un chant panégyrique (éloge) qui anime le quotidien de chaque bobo. Le jour où un “bobo naît, on chante son sini, le jour où on lui donne un nom on chante son sini, quand il se marie on chante son sini et lors de son décès on chante son sini”, explique Pr Alain Sanou, qui ajoute que dans chaque village de Bobo, chaque lignage à son “sini”.
Selon l’auteur, le « Sini », qui est un genre de la littérature orale, exprime avec une certaine solennité, des sentiments élevés d’appartenance à une communauté humaine et religieuse par la valorisation de l’identité lignagère et spirituelle. « C’est en cela qu’il peut être traduit en français par hymne et épopée ».

Natif du village de Kibidouwé à Dioulassoba, M. Sanou a consacré une dizaine années à observer, enquêter et étudier le “sini” de son hameau.
“Je n’ai même pas encore terminé parce que le travail de recherche est un travail continu. Quand on travaille sur un genre comme les Sini, il ne faut jamais se précipiter. Il faut confronter les explications, c’est ce travail de comparaison et de confrontation qui permet d’avoir une juste compréhension du sini”.
Dans un contexte où les valeurs culturelles sont en perdition, le retour à la source permet de retrouver son identité, selon Pr Marc Nébié qui a présenté l’œuvre.
Il explique que le “sini” est un facteur d’identification à travers lequel la communauté bobo se retrouve parce qu’elle y puise ses valeurs. « Le Sini est une parole porteuse d’une idéologie, contrairement à la parole ordinaire », indique Pr Nébié.
Alain Sanou est un enseignant-chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Il est auteur de plusieurs études sur les relations entre la langue et la culture, l’analyse de la littérature orale, les nouveaux genres oraux et les mutations contemporaines de la tradition.