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Burkina Faso : lutte contre le terrorisme, « Il n’y a pas de dialogue local sans territoire», Kalifara Sere, administrateur civil

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La société burkinabè de géopolitique a tenu ce 27 août 2022, un panel dénommé Agora géopolitique 3. Placé sous le thème : « lutte contre le terrorisme au Sahel : comment construire une autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine mutation», des experts en sécurité et défense ont respectivement exposé sur l’ampleur du phénomène du terrorisme au Burkina Faso et les enjeux et défis géopolitiques.

Par Nicolas Bazié

Le terrorisme au Burkina Faso a atteint un point assez critique et il faudra plus que jamais riposter, déclarent ce 27 août, des experts en sécurité et défense nationale. Mahamoudou Sawadogo, Expert en sécurité a exposé sur les pistes de diversification de la coopération sécuritaire régionale et bilatérale: avantages, risques et leviers. Selon Mahamoudou Sawadogo, Expert en sécurité, on est condamné à la coopération régionale et bilatérale. « Ce n’est pas la communauté internationale qui viendra nous sauver », a-t-il fait savoir.

L’expert en sécurité soutient que « les groupes armés terroristes ont réussi leur décentralisation. Ce que nous, nous n’arrivons pas à faire».

Il affirme que le nombre des déplacés internes au Burkina Faso représente 83% du nombre des déplacés internes du Mali et du Niger réunis. « La crise humanitaire dans notre pays défit toutes les prévisions».

« Il faut tenir un langage de vérité avec les populations. Plus nous allons maquiller la réalité, plus elle nous reviendra de plein fouet», a-t-il conseillé.

Mahamoudou Sawadogo renchérit en indiquant qu’aujourd’hui, la Kalachnikov circule comme des «petits pain». « Un bon iPhone portable coûte plus cher qu’une Kalachnikov de nos jours. Conséquence, la criminalité a atteint un niveau très élevé», déplore l’expert en sécurité et ancien officier de la gendarmerie nationale.

«On tue avant de réconcilier et non le contraire»

Le contexte sécuritaire actuel au Sahel et la question de l’autonomie stratégique est le thème sur lequel Kalifara Sere, Expert en gouvernance locale a exposé. Pour lui, la procédure de lutte contre le terrorisme doit être revue. Parlant du dialogue avec les terroristes, il est catégorique: « C’est l’armée qui donne le ton : tuer et réconcilier ».

«On tue avant de réconcilier et non le contraire. Il n’y a pas de dialogue local sans territoire», déclare Kalifara Sere qui ajoute que l’autonomie stratégique se construit avec une vision stratégique. Selon son propos, toutes les entités de l’armée doivent travailler en synergie pour être puissantes. En plus, il appelle à éviter « l’obésité institutionnelle», (nombre élevé d’institutions).

Pour ce qui est de la coopération, M. Sere trouve qu’on ne doit laisser personne et qu’on travaille avec tout le monde dans le respect.

« Nous avons l’une des meilleures armées d’Afrique. Nos militaires sont formés dans de meilleures écoles. C’est une armée qui a subi plusieurs chocs traumatiques…», conclut-il.

La vulnérabilité du Burkina Faso

Communicant sur l’aperçu de la politique et la stratégie de sécurité nationale du Burkina Faso, le Colonel major Ousmane Traoré, secrétaire général de la défense nationale a fait comprendre que le Burkina a fait face à plusieurs chocs qui ont créé des ruptures stratégiques et qui ont fait rejaillir toutes les vulnérabilités qui le menaçaient.

Il a cité entre autres l’arrivée en 2020 de la COVID-19, I’insurrection populaire de 2014 et l’avènement du terrorisme en 2016.

« Chacun a une responsabilité dans la construction de l’architecture du pays qu’est la sécurité nationale», dit le Colonel-major. Il annonce que la réorganisation de l’administration et de la défense nationale sont en cours de réalisation. Cette nouvelle réorganisation selon ses dires va permettre de mettre à la disposition du Président du Faso un conseiller à la sécurité.

« La guerre n’est pas forcément l’utilisation des armes»

« La meilleure stratégie c’est de gagner sans combattre et cela appelle à l’utilisation d’un certain nombre de ressources, d’outils», estime le Colonel Auguste Denise Barry, ancien ministre de la sécurité qui est convaincu que « la guerre n’est pas forcément l’utilisation des armes».

Il s’est entretenu avec le public sur les pistes de renforcement de l’autonomie en matière de réflexion stratégique, de mobilisation de ressources nécessaires à la guerre et de logistique sécuritaire. Sur ce thème, l’ancien ministre sous la transition de 2015 soutient à contrario, que le dialogue avec les groupes armés terroristes n’est pas à exclure.

Il demande ainsi, à ce qu’on produise une réflexion stratégique décomplexée à l’échelle africaine, dans la lutte contre le terrorisme. « Aucun sacrifice n’est de trop parce que personne ne va décrocher la lune pour nous», clame Denise Barry.

L’Afrique selon ses indications doit arrêter de « chercher sa reconnaissance dans le regard d’autrui. Elle doit avoir la liberté des choix et la mobilisation des intelligences pluridisciplinaires ».

Il fait observer que « si ce qui a été fourni à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie était aussi mis à la disposition de l’Afrique de l’ouest, on ne parlera plus de terrorisme aujourd’hui».

Lire aussi : Terrorisme: le Niger et le Burkina Faso invitent le Mali à une coopération militaire sous régionale

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