Ceci est une interview de RFI avec Eric Melet, reprise en partie par Libreinfo.net pour vous.
Développer le transport ferroviaire en Afrique est plus que jamais une priorité pour Bolloré Africa Logistics, en passe de vendre ses activités au groupe italo-suisse MSC. Eric Melet, président directeur général de Bolloré Raiways, a accordé un entretien à RFI lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan. Il détaille sa stratégie et répond aux critiques visant le groupe français.
RFI : Récemment, le groupe Bolloré s’est réengagé à investir davantage dans le rail en Afrique. Pourquoi ce choix ?
Eric Melet : Effectivement, nous avons été les tout premiers à croire que le développement du chemin de fer sur le continent africain était indispensable. Il n’y a pas de meilleur mode de transport inclusif et durable. Les 2 500 km de voies que nous opérons représentent 4 000 cheminots, mais aussi à peu près 400 sous-traitants. C’est l’un des prochains enjeux de développement des flux sur le continent. Le transport ferroviaire est toujours le plus compétitif dès lors qu’il s’agit de transporter des tonnages importants, par exemple dans les activités industrielles de cimenterie. Peut-être que l’Afrique à l’occasion de développer son chemin de fer et son fret mieux que ne l’a fait l’Europe. Je pense que l’Afrique a une opportunité, si l’on fait preuve de beaucoup d’inventivité collectivement entre les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds et les partenaires privés.
Allez-vous embaucher du personnel ?
Nous embauchons très régulièrement dans les réseaux puisqu’en réalité, il y a également un changement générationnel, la ressource humaine est l’élément principal. Une fois que vous avez perdu le savoir-faire, c’est très difficile. Donc, nous embauchons plusieurs centaines de personnes chaque année. Nous avons une école de formation certifiée par un diplôme de l’État au Burkina Faso. Nous avons plusieurs centres de formation, donc oui, nous embauchons en permanence.
Vous (Bolloré) subissez des critiques. Récemment, une manifestation a été organisée début mars à Ouagadougou (Burkina Faso) pour demander une meilleure gestion du chemin de fer par le groupe Bolloré. Que répondez-vous à ces critiques ?
Je réponds qu’il est légitime que les populations souhaitent arriver à faire toujours mieux avec les infrastructures des pays. Mais dans ce genre de manifestations, il y a beaucoup de choses fausses qui sont dites. Dire par exemple que les infrastructures appartiennent à Bolloré. Non, dans les partenariats publics-privés de ce type, les infrastructures sont la pleine propriété des États. Les États nous ont fait confiance pour essayer de les développer et de les exploiter au mieux. Et je réponds que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso font partie des rares pays qui ont réussi à maintenir et à développer un outil, malgré des années très difficiles. L’emploi n’en a pas souffert, les investissements sur le matériel roulant se sont faits. Nous avons franchi la barre du million de tonnes malgré une pandémie et des situations parfois compliquées. Maintenant, il est certain, et c’est notre objectif, qu’il faut passer un nouveau cap et qu’il faut faire passer ces réseaux ferroviaires à un nouveau niveau de performance.
Donc, contrairement aux critiques, vous nous assurez que Bolloré n’engrange pas des bénéfices au détriment de l’État burkinabè…
Pour dire les choses très clairement, je ne trahirai pas de secret en vous disant que depuis la création de Sitarail, Bolloré n’a pas reçu un euro de dividendes. Il a investi dans ce réseau avant tout pour porter les flux de marchandises dans la sous-région. Il y a investi par conviction que ce mode de développement doit s’imposer et qu’il est aussi nécessaire pour les flux de marchandises.
Source : RFI lire l’intégralité: Eric Melet (Bolloré): «L’Afrique a une opportunité avec le rail»
