Le retour de l’ancien Président du Faso Blaise Compaoré est annoncé pour le vendredi 8 juillet 2022. C’est un retour qui s’inscrit dans le cadre du forum sur la réconciliation nationale qui doit se tenir dans les prochaines semaines. Un retour qui a valu la réaction d’organisations de la société civile.
Par Nicolas Bazié
Il avait été chassé sous les hués d’une foule furieuse un certain 31 octobre 2014. Après avoir passé huit longues années en exil en Côte d’Ivoire, l’ancien Président du Faso, Blaise Compaoré qui a fait 27 ans au pouvoir, sera de retour au bercail.
« L’enfant terrible de Ziniaré » comme l’appellent certains, revient au Burkina Faso, pour une rencontre prévue, entre le Président Damiba et les anciens chefs de l’État Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando, Roch Kaboré et Jean Baptiste Ouédraogo. Selon certaines indiscrétions, il vient pour cinq jours.
L’enjeu, c’est la réconciliation nationale. Dans le cadre du dialogue prôné par le conseil des Sages, l’opposition, notamment le CDP, avait réclamé le retour effectif de Blaise Compaoré. C’est aussi le souhait d’une partie de la population, qui se réclame de lui. La réconciliation nationale tant attendue par les Burkinabè, connaîtra peut-être son épilogue, avec cette venue annoncée urbi et orbi.
« Blaise Compaoré sera là pour l’ouverture des pourparlers devant aboutir à une réconciliation nationale véritable », laisse entendre le président du M21 Marcel Tankoano, dans un entretien accordé à libreinfo.net.
Selon lui, il va falloir taire les divergences politiques et regarder l’essentiel. « C’est l’essentiel qui importe ici», a-t-il dit. Pour sauver le Burkina Faso, le président du M21 pense qu’il faut une cohésion sociale, une unité nationale. Ce qui va permettre selon ses dires, d’amorcer « un vrai développement ».
Et de préciser : « Damiba en appelant Blaise Compaoré ne voudrait pas faire une entorse à la justice. Ne voyez pas le retour du Président Compaoré comme une impunité savamment organisée ».
« Les criminels doivent être réconciliés avec les tribunaux»
Pour le Balai citoyen, l’une des figures emblématiques des OSC qui ont mis un terme au règne Compaoré, cette forme de réconciliation n’est pas claire. « Vouloir sacrifier la justice, sur l’autel des arrangements polico-diplomatiques et d’une prétendue réconciliation nationale est un leurre, une comédie institutionnelle qui fait le lit du terrorisme», réagi le mouvement dans un communiqué rendu public le 6 juillet.
La note affirme que « les criminels doivent être réconciliés avec les tribunaux, seule condition pour un État de droit et un vivre ensemble harmonieux».
Des OSC qui ont demandé le retour de Blaise Compaoré
En mai 2022, l’Initiative des femmes leaders pour l’unité et la réconciliation nationale (IFLURN) a plaidé pour l’inclusion des exilés politiques dans le processus de la réconciliation. Ces exilés étaient l’ancien Président Yacouba Isaac Zida, l’ancien patron de la gendarmerie nationale Djibril Bassolé. Mais, le grappin était plus mis sur Blaise Compaoré. « Nous en tant que mères c’est le pardon qu’on veut», avaient-elles lancé.
En plus, le Mouvement pour le retour du président Blaise Compaoré s’était penché sur la question. C’était en juin 2020. Ce jour-là, ses membres avaient fait comprendre qu’il y a nécessité que le Président Compaoré revienne sur la terre qui l’a vu naître. « Blaise Compaoré a géré ce pays-là dans une stabilité politique, économique et sécuritaire pendant des années. C’est pourquoi nous demandons son retour », ont-ils soutenu.
À quelques jours de l’élection présidentielle au Burkina Faso, le 22 novembre 2020, le président sortant Roch Kaboré avait évoqué la question du retour de l’ancien chef de l’État.
Blaise Compaoré revenir au Burkina Faso pourtant il est condamné à la prison à vie dans l’affaire Thomas Sankara ? On pourrait dire quel courage ! Les autorités actuelles l’ont-elles rassuré d’une certaine grâce présidentielle ? A y voir, cela y ressemble grandement.