Lors de son deuxième grand oral avec les journalistes de la télévision nationale (RTB) et la chaîne privée Canal 3, ce 4 mai 2023, le président de la Transition du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré a réitéré son refus de négociation avec les groupes armés terroristes. Selon lui, la négociation ne servirait qu’à déplacer le problème et non le résoudre. Lisez l’anecdote qu’il a raconté à ce sujet.
Par Daouda Kiekieta
« On ne négocie pas. Il n’y a pas un centimètre de ce territoire qu’on va négocier. On ne donnera rien. Si les contribuables nous donnent 1f, on préfère payer des armes que de négocier. Je pense qu’on a mis dans la tête des gens cela pour nous garder longtemps dans la guerre.
Cela me permet de rebondir sur quelque chose qu’on est obligé de dire. En 2020 il y’a des négociations (avec les terroristes) pour tenir les élections. Nous, en tant que combattants, ça nous fait très mal.
On était en détachement en 2020. On a reçu des instructions d’arrêter tout ce qui est opération. Cela veut dire qu’on ne sort plus de nos bases, on reste statiques. Déjà, ça fait très mal aux combattants de voir cela.
Pire, des terroristes nous ont nargué. Ils ont appelé les villageois et leur ont montré des valises d’argent. Ils ont ensuite dit aux villageois d’aller informer les militaires que le gouvernement ne peut pas les combattre, c’est pourquoi il négocie avec eux.
Donc de venir dire aux militaires et aux VDP de déposer les armes. Les gens sont vivants, vous pouvez vous renseigner.
Les militaires qui forçaient pour sortir (de leurs bases, ndlr) ont été punis. Certains étaient à Bourzanga, ils peuvent témoigner. En effet, des VDP ont été attaqués (en son temps, ndlr) et trois d’entre eux sont tombés.
Le détachement est allé donc pour leur porter secours et il a été attaqué à son tour. Non seulement le détachement n’a pas reçu d’appui, pire, on leur a demandé : qui leur a dit de sortir ?
Plusieurs personnes étaient dans cette situation. Cela a donc fait tomber la combativité des soldats. Ils étaient découragés. Cela a persisté et les soldats partaient dans les détachements pour s’asseoir. Voilà le premier problème que cela a amené.
Deuxièmement, l’argent qui a été donné aux terroristes a été utilisé par ces derniers pour s’équiper. Ils se sont bien installés.
C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à entendre des voix d’enfants au poste, parce qu’ils (terroristes ndlr) ont créé un réseau et commencé à détruire les moyens de communication (pylônes). Les populations ne pouvaient plus nous alerter.
Troisièmement (conséquence), cela a coupé le lien entre nous et les populations : des populations vous appellent, « Naaba » (chef en langue locale Mooré), ils sont par-ci, ils sont par-là. Pendant ce temps, nous sommes interdits de sortir.
Vous êtes obligé de faire semblant, de tourner. Les populations vont vous alerter une fois, deux fois…elles commencent à dire qu’il n’y a pas de vérité dans notre combat.
Pourtant, nous ne pouvons pas leur dire qu’on est interdit de sortir. [Conséquence] on ne recevait plus d’alertes.
Voilà ce que négocier donne. C’est juste déplacer les problèmes ».
