Depuis quelques jours, l’on assiste à des rumeurs sur les réseaux sociaux, faisant cas d’une pénurie de carburant. Le 19 avril 2022, des stations d’essence étaient bourrées du monde à Ouagadougou. Cela a continué jusqu’au 20 avril matin. Le ministre du commerce Abdoulaye Tall avait pourtant dit dans un communiqué publié le 15 avril, que les stocks à la SONABHY ( Société nationale burkinabè d’hydrocarbures) sont suffisantes pour faire face à la demande nationale. Cependant, l’afflux massif devant les stations d’essence, laissent entrevoir qu’il y a bien une pénurie. Pour avoir le cœur net, une équipe de Libreinfo.net a décidé de faire un constat.
Par Nicolas Bazié
La Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) a rassuré le 19 avril 2022, qu’ il y a assez de réserves de carburant, pour assurer la demande nationale. Cependant, les rumeurs ont conduit à un épuisement de stocks de carburant dans certaines stations d’essence de Ouagadougou.
Mercredi 20 avril 2022. Nous sommes à la station Shell de Ouaga inter, non loin du mur de l’aéroport international de Ouagadougou. Il est 10h30. Nous faisons semblant comme si nous venons mettre de l’essence dans notre moto et ce, malgré que nous voyons la station vide.
Deux pompistes qui sont assis nous balancent la main, signe annonçant qu’il n’ y a pas de carburant. Nous avançons quand même et nous lançons un débat sur la pénurie. Notre reportage se fait dans la discrétion.
« Hier nous avons eu chaud ici et même ce matin. Mini cars, voitures personnelles, et motos avaient fermé la voie, bloquant la circulation », nous raconte un pompiste en riant. Il poursuit que « des clients ont failli se frapper à cause de l’essence ».
« L’affluence était telle, que nous n’avons même plus d’essence. Regarde par toi-même, il n’y a plus rien. Il y aura certainement de l’essence d’ici là », nous confient les deux pompistes qui sont bien disposés à débattre avec nous.
Cette supposée pénurie de carburant, a été l’occasion ou jamais pour certains de se faire de l’argent. En effet, nombre de personnes ont fait irruption dans les stations d’essence, avec de gros bidons à la main. Un pompiste nous explique : « Il y a eu des clients qui sont venus prendre de l’essence pour aller le revendre à 1000F le litre ».
Ce qui a fait selon lui, que personne ne voulait acheter le carburant à 1000F le litre, au niveau ceux qui vendent dans les bouteilles. D’où l’inondation des stations d’essence. Il va plus loin en indiquant que les stations ont rempli leurs caisses d’argent les 19 et 20 avril.
Une rumeur qui se confirme
Au départ, il n’y avait pas de pénurie de carburant, nous informe un pompiste. « Ce que les gens n’ont pas compris, c’est que tout ce qui a été dit n’était qu’une rumeur. Il y avait de l’essence. En tout cas à notre niveau il n’y avait de pas de soucis », a-t-il fait savoir.
Et d’ajouter : « Les Burkinabè aiment trop les rumeurs dans ce pays. Hier on a vu quelques personnes qui sont venues mettre de l’essence et qui ont appelé leurs connaissances pour les conseiller de se ravitailler parce qu’il y a pénurie. Ce qui était faux ».
Pour ce qui est du gasoil dit-il, les gens avaient raisons. Il y a avait un manque de gasoil. « Des gens ont quitté la frontière du Ghana pour venir s’approvisionner chez nous à plus de 800 000 F CFA. Malheureusement le gouvernement n’a pas cru aux alertes. Pourtant c’était vrai », nous a-t-il fait noter.
Notre débat a pris fin après une quinzaine de minutes de discussion. Nous continuons notre constat, question de nous assurer si d’autres stations d’essence ont des réservoirs vides.
« C’est maintenant qu’il y aura une vraie pénurie de carburant »
Sans surprise, aux station April Oil, SOGELB et Shell de Kalgondé nous remarquons qu’il n’y a pas de clients. seuls les pompistes sont présents. Nous nous rendons à la station ORYX de la Zone d’activité diverses (ZAD), mais le constat est le même.
Nous revenons à la station Shell de Ouaga inter pour rapporter la nouvelle. « Moi je savais qu’il y aura un manque de carburant. Les clients ont tout vidé », a laissé entendre l’un des pompistes qui soutient que c’est maintenant qu’il y aura sans aucun doute une pénurie de carburant. « Vous voyez là où les rumeurs peuvent nous conduire », lance-t-il en secouant la tête.
Il rassure néanmoins que des citernes sont à la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures pour se procurer du carburant. Cependant, avance-t-il, « je craint qu’il y ait de l’affluence là bas aussi. Si cela arrive, c’est maintenant qu’il y aura une vraie pénurie de carburant et j’en suis sûr ».
Le ministre du commerce Abdoulaye Tall à l’issue du conseil des ministres du 20 avril 2022, a une fois de plus tenu à rappeler qu’il a du carburant. » Les réserves sont suffisantes pour faire face à la demande nationale », a-t-il rassuré.