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Ce 21 septembre 2022 a été le 3ème jour du procès Dabo Boukary, à la chambre criminelle de la Cour d’appel délocalisée au Tribunal de grande instance Ouaga II dans la capitale burkinabè. Un certain nombre de témoins ont comparu pour dire ce qu’ils ont vu et entendu les 16, 19, 20 et 21 mai 1990. L’accusé, le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba a été confronté à des témoins. 

Par Nicolas Bazié

M Seni Kouanda, promotionnaire de Dabo Boukary, a été le premier, en tant que témoin, à être appelé à la barre au tribunal de grande instance de Ouaga II, ce matin du 21 septembre 2022. Il était, au moment des faits, en mai 1990, le président de l’ANEB (Association nationale des étudiants du Burkina). Selon lui, l’accusé, aujourd’hui médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba était, à l’époque, «un espion» au sein des étudiants.

« Je n’ai jamais été un intermédiaire…»

Mamadou Bamba qui était étudiant en médecine au moment des faits en mai 1990, invité à la barre, a plaidé son innocence dans l’affaire Dabo Boukary. Il a rejeté tout ce qui lui est reproché : « Je n’ai jamais été un intermédiaire pour que des militaires puissent interpeller des gens. Ceux qui m’accusent ont leur opinion et moi aussi j’ai mon opinion …Je ne me reconnais pas dans ce qui est avancé ici ».

Confrontation entre témoin et avocat de l’accusé 

Me Mamadou Sombié, avocat de M. Bamba intervient à ce moment dans la confrontation. « Dire que mon client, M. Mamadou Bamba, était un espion, une taupe au sein des étudiants, ce n’est qu’une rumeur. Et la rumeur ne peut pas fonder une décision de justice».

Le témoin M. Seni Kouanda a rétorqué : « Ce ne sont pas des rumeurs Monsieur le président, permettez-moi de faire ces observations ». Il poursuit même en invitant Me Mamadou Sombié, l’avocat de l’accusé, à noter que M. Bamba était avec les militaires lors de l’arrestation des étudiants. « Vous devez retenir que c’est le comité révolutionnaire qui a conduit la traque des étudiants sur le campus, sous la direction de Mamadou Bamba » a soutenu le témoin Seni Kouanda face à l’avocat de l’accusé Me Sombié. 

Torture, bastonnade et …mort.

Le 19 mai 1990, Dabo Boukary, étudiant en 7eme année de médecine,  qui a été exclu de l’université de Ouagadougou, a été torturé, bastonné et est décédé dans la nuit au Conseil de l’entente. «Officiellement, on a dit que Dabo Boukary pouvait reprendre les cours à l’université, tout en sachant qu’il était décédé. Ce qui était vraiment dramatique. J’ai toujours ça dans la conscience» a dit le témoin Seni Kouanda devant la chambre criminelle de la cour d’appel. 

« Je ne connaissais pas Salif Diallo»

Salif Yonaba, un autre témoin appelé à la barre, était étudiant en droit au moment des faits. Il est ressorti au cours de l’instruction du dossier, qu’il avait été vu avec Salif Diallo, alors directeur de cabinet du Président du Faso de l’époque, M. Blaise Compaoré. Il niera cette affirmation en déclarant : « Lorsque j’ai appris qu’il a été dit que Salif Diallo était en train de discuter avec moi à l’université le 19 mai 1990, j’ai été sidéré. Ce jour-là, je n’étais même pas sur le campus et je ne connaissais pas Salif Diallo à l’époque ». En 1990, a soutenu M. Yonaba, « je n’avais jamais vu Salif Diallo ; j’entendais seulement parler de lui. La personne qui a été vue avec Salif Diallo, ce n’était pas moi » a-t-il dit.

Les témoignages des 11 personnes qui ont comparu devant la chambre criminelle, dans le procès Dabo Boukary, un dossier vieux de 32 ans, ont pris fin dans la matinée.  Les plaidoiries de la partie civile ont débuté dans l’après-midi.  

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