Sous le pouvoir de l’ex-président Roch Kaboré, des deuils nationaux étaient décrétés après chaque attaque terroriste ayant occasionné plusieurs morts. Les autorités actuelles de la Transition semblent changer la manière, mais les assaillants, eux, continuent d’endeuiller le pays. En lieu et place des deuils, on assiste à des décorations après les attaques des groupes armés.
Par Daouda Kiekieta
Depuis l’avènement du terrorisme, l’ex-président du Faso Roch Kaboré a décrété plusieurs fois des deuils nationaux soit pour rendre hommage à des soldats ou à des civils mort dans des attaques terroristes. Ces deuils se manifestent par la mise en berne du drapeau national et l’interdiction des réjouissances populaires.
Au cours des six dernières années, l’on a assisté à une “surabondance” de deuils au point que certaines personnes s’interrogent sur la portée de ces hommages dans un contexte où les attaques sont monnaie courante.
En effet, après l’attaque de l’hôtel Splendid et du café-restaurant Cappuccino, le vendredi 15 janvier 2016 où 30 personnes avaient été tuées, les deuils nationaux se sont succédé jusqu’à la chute du pouvoir Kaboré.
Le 18 août 2021, par exemple, dans la commune de Gorgadji 47 civils et militaires avaient été tués. Un deuil de 3 jours a été décrété pour rendre hommage aux victimes. L’on se rappelle également que suite au drame d’Inata le 14 novembre 2021, où 57 personnes dont 53 gendarmes et 4 civils ont péri dans une attaque complexe, un deuil de 72h avait été décrété, pour ne citer que ces évènements.
Des deuils, l’on passe aux décorations
L’arrivée des militaires au pouvoir le 24 janvier 2022 a mis fin à ces deuils nationaux, sans pour autant juguler les tueries de civils et militaires qui continuent d’endeuiller le Burkina Faso. En lieu et place de ces deuils, l’on assiste à des décorations après les différentes attaques. Des décorations qui visent selon les autorités, à “saluer la bravoure et l’engagement des hommes” face à la barbarie des groupes terroristes.
La première décoration de ce genre a été celle des soldats du détachement de Bourzanga le 22 mai 2022 au lendemain de la riposte dudit détachement à une attaque terroriste “complexe”. Cinq soldats ont perdu la vie, plus de 40 terroristes tués et du matériel saisi des mains de l’ennemi.
A la suite du détachement militaire de Bourzanga, l’Unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale (USIGN) bénéficie également de la reconnaissance de la nation. Quinze éléments de cette unité ont été décorés de la Croix du combattant pour magnifier « la bravoure » et « l’engagement », le lundi 23 mai 2022 au camp Paspanga de Ouagadougou.
Le vendredi 10 juin 2022, le Président de la Transition a effectué une visite au détachement du Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (GARSI) à Barani dans la Boucle du Mouhoun. Cette visite a été ponctuée par des décorations de l’ensemble du personnel alors que trois (03) gendarmes ont été tués au lendemain d’une attaque qui a visé ledit GARSI.
Ces décorations montrent à suffisance que l’armée burkinabè monte en puissance contre les groupes armés terroristes sauf que des dizaines de civils meurent toujours dans des attaques terroristes. La dernière en date est l’attaque contre les populations civiles de Seytenga dans la région du Sahel dans la nuit du 11 au 12 juin, bilan officiel 50 morts. Ce qui a contraint le président Damiba a décrété un deuil national de 72h.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, qui a renversé le 24 janvier le président élu Roch Kaboré, accusé d’être inefficace face à des violences, a assuré vouloir faire de la question sécuritaire, sa « priorité ». Après une relative accalmie les semaines suivant sa prise de pouvoir, le régime militaire du Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba fait face à une recrudescence d’assauts des groupes terroristes qui ont fait des centaines de morts, civils et militaires.