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Burkina Faso : qui est Maître Batibié Benao, le futur Bâtonnier ?

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Me Batibié Benao a été élu le 23 septembre 2023 à Ouagadougou dauphin de l’Ordre des avocats du Burkina Faso. Il sera le bâtonnier du Burkina dès septembre 2024. L’homme a un parcours très riche dans la vie du prétoire. Qui est-il réellement ? Portrait

Par Daouda Kiekieta

Les avocats du Burkina Faso ont élu le 23 septembre dernier l’avocat de 44 ans (bientôt), Maître Benao Batibié, comme Dauphin pour succéder à l’actuel Bâtonnier à partir de septembre 2024. Selon la réglementation en vigueur, à un an de la fin du mandat du Bâtonnier, il est procédé à l’élection de son successeur, un dauphin.

C’est lui qui sera donc le prochain Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina. Il a été plébiscité avec 246 voix sur 268 votants. Son choix a été positivement apprécié au sein du Barreau. « C’est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » affirme Me Christophe Birba, avocat au barreau burkinabè.

«Les avocats qui sont constitués actuellement de beaucoup de jeunes se reconnaissent en lui, pour son engagement et sa contribution à l’ordre des Avocats », indique pour sa part Me Jacques Soré.

Maître Batibié Benao Bâtonnier
Maître Batibié Benao

De son côté, Me Paul Kéré, avocat au barreau, estime que le futur Bâtonnier est déjà au parfum des problèmes de l’ordre des avocats, tout comme son adversaire, Me Ali Neya qui n’a pas démérité, dit-il.

Un avocat au parcours inspirant

Inscrit au tableau de l’ordre des avocats du Burkina, depuis juillet 2007, alors qu’il n’avait que 28 ans, Me Benao a une solide expérience en droit des affaires et des investissements. Il est titulaire d’un master professionnel en Politiques de Développement et de Gestion des Industries extractives, obtenu à l’Université Ouaga 2 au Burkina. 

Le futur Bâtonnier fait ses premiers pas au cabinet Mamadou Savadogo en 2004, en tant qu’ avocat chargé du droit social, du recouvrement des créances bancaires, du contentieux de Droit Public. 

Diplômé d’une maîtrise de droit de l’Université Joseph Ki-Zerbo, ex Université de Ouagadougou, Me Benao reste dans ce cabinet jusqu’en 2010. C’est en 2011 qu’il co-fonde la Société civile professionnelle d’avocats (SCPA) LEGALIS, l’un des plus grands cabinets burkinabè à vocation sous-régionale. 

À LEGALIS, de 2011 à ce jour, Me Benao a été respectivement avocat-associé gérant, chargé du département public, foncier, et chargé du pôle minier et commande public.

Au-delà de cabinet, il a défendu des dossiers et organisé de grands événements à titre personnel, en qualité d’avocat collaborateur indépendant. 

C’est ainsi que depuis 2009, il est co-organisateur des Caravanes de la Défense Pénale au Togo, au Bénin, au Mali, en Côte-d’Ivoire, au Cameroun et au Burkina Faso. 

Ses collaborateurs reconnaissent en lui, sa rigueur, son dévouement.  « J’ai pu découvrir un avocat très procédurier, un avocat de grande rigueur juridique. Me Batibié Benao est surtout un avocat loyal. Il ne boxe pas en dessous de la  ceinture, il te dit où il va taper pour que tu te prépares » explique Me Christophe Birba.

Maître Batibié Benao Bâtonnier
Maître  Batibié Benao, futur bâtonnier du Burkina

Un avocat sur tous les chantiers d’ancrage de l’État de droit

Dans sa profession d’avocat, Me Benao a mené plusieurs combats pour l’ancrage de l’Etat de droit et l’épanouissement du corps. Dès 2005, il a été membre du comité thème de la 20e Conférence Internationale des Barreaux, tenue à Ouagadougou.

Il fut aussi lauréat du Concours international de plaidoiries conjoint de la Conférence du Stage du Barreau de Paris, de la Conférence Internationale des Barreaux et de l’Organisation Internationale de la Francophonie, session de 2006 à Yaoundé au Cameroun. 

« Il a été chargé de mission du Président de l’Union des Jeunes Avocats du Burkina (UJA-B). C’est pendant son mandat qu’il a contribué pour le jumelage avec l’Union des Jeunes Avocats de Nice », explique toujours Me Birba. 

En 2012, il a été le rapporteur général des états généraux de l’avocat. C’est de ces états généraux qu’a été propulsé le règlement UEMOA sur la profession d’avocat qui fait aujourd’hui «la fierté» des Avocats de l’espace UEMOA. Il a également co-fondé le Syndicat des Avocats du Faso dont il est resté secrétaire général pendant 10 ans. 

Le futur Bâtonnier préside la Commission d’enquête indépendante sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

L’avocat a défendu plusieurs dossiers emblématiques au Burkina, notamment celui du colonel Auguste Denise Barry poursuivi depuis 2018 pour   « tentative de déstabilisation du pays » dont le dossier vient d’être prescrit. 

Il a défendu plusieurs leaders d’opinion dont l’activiste Naïm Touré accusé en 2018 entre autres pour « proposition non-agréée de complot contre la sûreté de l’Etat et incitation à troubles à l’ordre public »

Il est l’avocat de la lutte contre la corruption et de la défense de la liberté de la presse. Il a assisté plusieurs médias en procès pour raison de délits de presse.

Maître Batibié Benao Bâtonnier
Me Christophe Birba

Les journalistes retiennent de lui qu’il est un avocat ouvert, sympathique, un procédurier, bref, un homme de droit dont les qualités et la valeur intrinsèque ne se marchandent pas. 

A titre d’exemple, en 2021, le parti au pouvoir d’alors porte plainte contre le journaliste d’investigation Yacouba Ladji Bama. Me Benao était à ses côtés. Il  avait assuré de façon brillante sa défense.

« En tant que journaliste, je ne peux pas ne pas mentionné son engagement constant aux côtés des médias et des organisations professionnelles des médias dans la défense de la liberté de la presse. Il est l’un des avocats régulièrement constitué dans la défense des journalistes lorsqu’ils sont poursuivis devant les tribunaux», soutient Boukari Ouoba, journaliste d’investigation.

En 2017, Me Benao est décoré Chevalier de l’Ordre du Mérite Burkinabè, agrafe Droits Humains. 

Il a participé à la relecture de plusieurs textes dont loi sur la chambre criminelle, loi sur les techniques spéciales d’enquête, loi sur la procédure pénale, loi sur la procédure civile, il était également membre de la commission constitutionnelle qui a élaboré le récent avant-projet de constitution.

«Ce Monsieur, simple et courtois a consacré sa vie à l’ordre et à l’épanouissement de l’avocat. Je me demande s’il a vraiment du temps pour chercher des honoraires » indique Me Christophe Birba.

Actuellement, Me Batibié Benao est chargé de cours au Centre professionnel des Avocats pour apporter sa contribution à la formation initiale des Avocats.

Dans sa vie hors prétoire, Me Benao, est qualifié serviable, selon ses collaborateurs. Il est toujours présent à tout ce qui intéresse l’ordre et les avocats.

Son confrère, Me Birba dit l’avoir connu à sa première année de Droit en 2006. « Il était déjà parti de l’université, mais il était là aux activités organisées par les étudiants », témoigne Me Christophe Birba.

« Au delà de l’avocat, c’est un intellectuel engagé qui ne se ménage pas lorsqu’il s’agit de défendre la justice, l’Etat de droit. Ce n’est pas le genre d’avocat qui n’existe que par ses dossiers judiciaires », ajoute pour sa part, le journaliste d’investigation Boukari Ouoba.

Des défis pour le futur bâtonnier

Me Benao a été élu autour d’un programme qu’il a défendu. Ce programme tourne autour de cinq axes. 

Il s’agit de la structuration institutionnelle de l’Ordre, de l’accès à la profession d’avocats, de la modernisation et l’amélioration de l’exercice professionnel, de la protection du périmètre de l’avocat et du développement par la formation et la coopération internationale.

Selon Me Paul Kéré, l’un des grands défis auxquels Me Benao serait amené à relever est la définition du périmètre de l’avocat. 

« Il s’agit d’abord de protéger ce périmètre et ensuite permettre au grand nombre de confrères de s’épanouir dans cette profession, parce que c’est une profession noble », souligne Me Kéré.

Maître Batibié Benao Bâtonnier
Me Paul Kéré

Je ne doute pas qu’il ait l’expérience et l’accompagnement nécessaire de l’ensemble de la profession pour pouvoir les relever, soutient Me Soré.

«J’ai personnellement pu noter des fortes attentes au sujet de la Mutuelle et de la souscription à l’assurance professionnelle collective. Un avocat malade et incapable de se soigner est forcément inefficace. Notre profession est très prenante et stressante. Il faut être physiquement solide pour s’occuper des problèmes des justiciables », commente Me Birba.

www.libreinfo.net 

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