L’Union nationale des administrateurs civils du Burkina Faso (UNABF) s’est penchée sur les conditions de travail de ses membres, dans le contexte sécuritaire difficile que traverse actuellement le pays. C’est à l’occasion d’un panel organisé le 14 mai 2022 à Ouagadougou. Il s’est agi au cours de panel, de faire l’état des lieux de l’administration du territoire au Burkina Faso et de dégager des perspectives, en vue d’une résilience des travailleurs de l’administration du territoire.
Par Daouda Kiekieta
Placé sous le thème, « Administration du territoire au Burkina Faso dans un contexte de forts défis sécuritaires : état des lieux et perspectives », ce panel se veut un cadre de réflexion et de prospection sur les conditions dans lesquelles les administrateurs civils, les secrétaires administratifs et les adjoints administratifs exercent leurs activités.
Selon Bassouleymane Ouattara, président de l’UNABF, beaucoup de chefs de circonscription administrative ont des difficultés pour se rendre dans leur juridiction. « Beaucoup de collectivités ont des difficultés pour tenir les sessions et des conseils municipaux dans les collectivités territoriales », a-t-il dit. « En de pareilles circonstances, qu’est-ce qu’on fait ? Et comment ? », s’est-il interrogé
C’est pour apporter des réponses « appropriées et durables » à ces questions que l’UNABF, partenaire social rattaché au ministère de l’administration territoriale, « a jugé utile d’organiser la présente rencontre afin de mener la réflexion », a martelé M. Ouattara.
Les participants à ce panel ont eu droit à trois communications, sur : « état des lieux de l’administration du territoire au Burkina Faso », « bande frontalière et sécurité au Burkina » et « formes et approches d’administration du territoire en période de crise sécuritaire ».
Selon Victorien Narcisse Ouangrawa, directeur de l’administration du territoire au ministère en charge de l’administration territoriale et panéliste, « L’administration du territoire se trouve dans une situation très difficile, en ce sens qu’il y a des localités difficiles d’accès ».
Face à cette situation, Victorien Ouangrawa a estimé que l’administration du territoire « arrive quand même à tenir debout grâce à sa capacité de résilience ».
« Si rien n’est fait, on arriverait au scénario de l’effondrement de l’Etat »
Dix (10) régions burkinabè sont frontalières avec des pays voisins. Le contrôle de cette bande frontalière s’est complexifié avec la crise sécuritaire, selon Abdoul Azise Sodoré, enseignant-chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo et panéliste du jour.
Pour lui, la situation actuelle était bien prévisible. En effet, selon le chef de département géographie de l’Université Joseph Ki-Zerbo, un plan d’aménagement du territoire national prévoyait l’engrenage de la crise sécuritaire.
« Je rappelle que le premier schéma national d’aménagement du territoire, revisité et adopté en 2017, attirait déjà l’attention de l’Etat sur la nécessité d’agir toute suite et maintenant. On avait prévu deux scénarios pessimistes. Le premier était celui dénommé « Silmandé », c’est-à-dire celui qui a du repli identitaire et on n’avait dit qu’il fallait faire vite ». Malheureusement, déplore M. Sodoré, « on n’y est pas parvenu et vous voyez qu’on est déjà dans cette situation ».
Si rien n’est fait, poursuit le panéliste, « on arriverait au deuxième scénario qu’on a appelé « Dougmato », c’est-à-dire l’effondrement de l’Etat où l’Etat arrive à peine à contrôler une partie de son territoire ». « Nous sommes pratiquement dans cette situation, donc l’enjeu c’est d’agir toute suite et maintenant », prévient-il.
Parmi les enjeux majeurs de cette crise, M. Sodoré a noté que la question de la mobilité des personnes et des biens est l’un des enjeux énormes. « Les bandes frontalières sont aujourd’hui des zones difficiles d’accès ».
Pour ce faire, il propose des actions allant dans le sens, notamment, du désenclavement des zones à fort défis sécuritaires, pour permettre aux administrateurs de continuer à représenter l’Etat dans ces localités. « Ceux qui sont par exemple à Bogandé, à Djibo, aimeraient avoir aussi des voies, des goudrons faciles d’accès. L’Etat se représente aussi à travers ses investissements », a-t-il souligné.
En rappel, l’UNABF organise entre autres activités des panels, des symposiums, des conférences publiques. Chaque année, et ce depuis 2014, un panel et le panel de ce jour entre dans le cadre de cette coutume.