Titao, le chef-lieu de la province du Loroum, dans la région du Nord souffre le martyr, il n’y a pas de nourriture. Lassés d’entendre des ravitaillements, des voix autorisées se sont confiées à Libreinfo.net ce lundi 22 août 2022. Parmi elles, le chef de Titao et un notable. Dans cet entretien, ils décrivent, la souffrance des populations qui croupissent sous l’effet de la faim.
Par Nicolas Bazié
Titao est frappé de plein fouet par les affres du terrorisme. Certains habitants disent qu’ils n’ont jamais vécu une telle situation de toute leur existence. « Si dans cinq jours une solution n’est pas trouvée, j’ai peur que nous mourions tous de faim. Déjà, deux personnes sont mortes car, n’ayant pas eu à manger depuis plusieurs jours », indique à Libre info, le notable Harouna Boina qui perd ses mots. Avec un ton très « pathétique », il nous confie que de nombreuses personnes sont en train de flâner et ne savent où aller.
Cela fait plus de 25 jours maintenant que les habitants n’ont pas vu de céréales, raconte le notable. Tout manque à Titao, il n’y a plus rien dans les boutiques. C’est uniquement le maïs frais que l’on peut acheter. Mais encore faut-il être fort pour en avoir, parce que les gens se battent.
« Lorsque nos femmes partent en brousse pour cueillir quelques feuilles afin de les préparer, les terroristes les enlèvent, les frappent et retirent les feuilles cueillies », nous décrit Boina qui soutient qu’ils n’en peuvent plus.
L’hélicoptère de l’armée burkinabè qui partait parfois les ravitailler ne vient plus. En plus, des commerçants venus de Ouagadougou et qui veulent aller dans la ville de Titao avec un convoi de vivres sont bloqués à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord,situé seulement à 45 kilomètres de Titao, affirme notre interlocuteur. Ce sont environ 30 000 personnes qui vivent le calvaire dans la Cité de la mare au Phacochère,dit-il..
« Ces commerçants m’ont appelé ce matin (lundi 22 août ndlr) me disant qu’ils veulent retourner à Ouagadougou. Nous demandons au nom de Dieu, à nos autorités de les aider à nous sauver. Sauvez-nous, parce que la situation dépasse notre entendement. Nous ne savons pas ce que nous avons fait pour mériter cette souffrance », lance-t-il désespérément.
Il poursuit : « À Titao, il est impossible d’effectuer une distance de plus d’un kilomètre. C’est difficile à dire mais, ce matin, cinq personnes sont venues chez moi pour demander à manger. Malheureusement moi aussi j’ai faim, je n’ai pas pu les aider. Je m’en veux tellement. Lorsque vous arrivez à l’hôpital, c’est la désolation… Trop c’est trop ! ».
« Je partage le peu que j’ai avec eux »
Nous avons aussi contacté le chef de Titao. Avec lui, c’est le même son de trompette. Il explique qu’on peut empocher ses 500 F ou 1000F et ne rien trouver pour acheter. Selon lui, il n’y a ni huile, ni sorgho, ni sucre encore moins du maïs.
Le gouvernement, dit-il, avait promis de venir avec des vivres, et il y a eu même un recensement à cet effet. « Nous croyions que dans ce mois le convoi de ravitaillement allait venir », a-t-il fait savoir.
Il continue en déclarant que les gens défilent chez lui pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent. « Je partage le peu que j’ai avec eux. Le problème est vraiment sérieux », laisse entendre le chef de Titao.