Le jeudi 13 mai 2021, les fidèles musulmans de la ville de Fada N’Gourma ont abandonné toute occupation pour célébrer la fête du Ramadan. La grande prière s’est déroulée sous haute sécurité, au regard de l’insécurité dans la localité.
Par Soanguipali Coulidiati, correspondant Kompiénga
Sur les grands axes de la ville de Fada N’Gourma, l’on pouvait remarquer une affluence inhabituelle. A bord de véhicules privés, de véhicules de transport en commun, de tricycles et de motos à deux roues, les fidèles musulmans, habillés de leurs beaux vêtements, se sont rendus sur les lieux traditionnels de célébration de la fête du Ramadan. La place des martyrs et le marché à bétail ont été les grands lieux de rassemblement des fidèles.
Sur le lieu de prière au marché à bétail, l’espace s’est révélé trop petit pour contenir l’ensemble de tous ceux qui sont venus prier. Certaines personnes ont dû prendre place sous des hangars de commerce à cause du manque de la place. Dans un contexte d’insécurité, la place consacrée à la prière du jour était sous haute surveillance des forces de défense et de sécurité déployées à cet effet.
Dirigée par l’Iman Idrissa Sana, la prière a débuté à 9 heures. il a traduit sa reconnaissance au tout puissant de leur avoir permis de voir ce jour, qui met fin aux 30 jours de jeûne.
Dans son prêche, l’Iman Sana a rappelé aux fidèles musulmans que la vie vertueuse qui a caractérisé les 30 jours de jeûne ne doit pas être abandonnée. Ils doivent faire l’effort de mener cette vie après le mois de ramadan car cela permet à chaque fidèle qui observe ce principe d’accroitre sa foi. Selon l’orateur du jour, les bonnes pratiques du musulman ne doivent pas être faites pour plaire aux hommes mais plutôt au Puissant Dieu.
Le message de l’iman Sana a aussi concerné la cohésion sociale et la sécurité dans la région de l’Est. L’homme de Dieu a invité les fidèles à abandonner tout comportement qui porte préjudice à leur prochain. Tout cas suspect doit être signalé aux autorités administratives et sécuritaires pour parer à toute éventualité.
Pour Kadri Maïga, président régional du mouvement sunnite, l’Aid el-Fitr, aucune religion ne dit qu’il faut tuer son prochain pour être admis au royaume de Dieu. Il demande à tous ceux qui endeuillent les familles dans le monde et au Burkina en particulier, d’avoir peur de Dieu car nul n’a le droit de tuer son prochain.
Parmi les personnes déplacées internes, il ya celles qui pratiquent la religion musulmane. Ibrahim Sana est un cultivateur d’un village situé près de Nagré à 30 kilomètres de Fada N’Gourma. Il a abandonné tout pour se réfugier à Fada. A la question de savoir comment il célèbre la fête du Ramadan, il répond qu’en dehors de la grande prière de ce matin au marché à bétail, il n’a rien comme manifestation pour la célébration de l’Aid el-Fitr. Cette situation s’explique selon lui par le manque de moyens pour faire la fête comme les années où il était chez lui.
Il assure qu’il fait preuve de résilience dans la nouvelle vie qui s’est imposée à lui. Il se contente d’un petit commerce de vente de pièces détachées de motos. L’activité ne marche pas comme c’était le cas quand il était chez lui. Il a lancé un appel au gouvernement pour la restauration de la sécurité afin qu’il puisse regagner son village et y mener une vie digne.