Les forces vives des 13 régions du Burkina Faso ont demandé aux membres de l’Assemblée législative de Transition (ALT), l’élaboration et l’adoption d’une loi interdisant et pénalisant l’homosexualité dans le pays. C’est ce qui ressort de la synthèse d’un rapport dévoilé le 22 septembre 2023 lors d’une séance plénière.
Par Nicolas Bazié
Du 10 au 12 juillet 2023, l’Assemblée législative de Transition a discuté avec les forces vives des 13 régions du Burkina Faso. Cela, sur les réformes politiques, institutionnelles et administratives de la Transition dans l’optique de recueillir leurs appréciations, précise le rapporteur Issaka Tapsoba.
Parmi les propositions faites par les populations, il y a l’interdiction et la pénalisation de l’homosexualité par une loi. Selon les forces vives de la nation, il faut lutter contre les déviances sexuelles, dissuader et prévenir la propagation de ces « phénomènes contraires aux mœurs, aux réalités religieuses et traditionnelles de la société burkinabè ».
Rien que le 25 août 2023, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a annoncé dans un communiqué, avoir adopté le 24 août, une décision qui interdit de diffusion les chaînes de télévision qui font la promotion de l’homosexualité.
Aux termes de cette décision, « les chaînes de télévision destinées aux enfants et aux adolescents sont exemptes de tout contenu ou scène à caractère homosexuel», a indiqué l’instance de régulation des médias.
Le communiqué a expliqué que « la mesure du CSC est motivée par la recrudescence de programmes audiovisuels accessibles aux mineurs et qui exposent des scènes d’homosexualité ou en font la promotion.»
Que dit la loi burkinabè sur ce cas d’espèce?
Au pays de Thomas Sankara, aucun texte n’a jamais pénalisé l’homosexualité depuis l’indépendance en août 1960. Le pays ne dispose pas non plus de lois accordant des droits spécifiques aux homosexuels. Le nouveau Code pénal ne comporte pas de modifications par rapport à l’homosexualité.
L’outrage public à la pudeur est par ailleurs rarement invoqué pour poursuivre des relations intimes entre deux hommes ou deux femmes. En revanche, de nombreuses personnes voient d’un mauvais œil les gays, les lesbiennes dans ce pays de plus de 20 millions d’habitants.
On se rappelle qu’en 2015, à l’approche des élections législatives, le Parti de la renaissance nationale (PAREN) du Pr Laurent Bado, a par exemple déposé une proposition de loi afin d’interdire la pédophilie et l’homosexualité. Cependant, les autorités actuelles vont-elles adopter une loi interdisant cette pratique qualifiée par nombre de personnes de “contre-nature” ?