La rentrée scolaire s’annonce difficile pour les parents d’élèves à Tougan dans la province du Sourou. Les ménages qui tirent leurs revenus de la terre n’ayant pas pu mener une activité agricole cette année en raison de la crise sécuritaire ont des difficultés à faire face à la rentrée des classes. Reportage.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
En cette veille de la rentrée scolaire, c’est l’inquiétude généralisée à Tougan dans la province du Sourou en raison de la situation financière due à l’insécurité.
Selon Moussa, parent d’élève, n’ayant pas pu travailler dans son champ, le retour de ses enfants à l’école est incertain au regard des difficultés. «Nous sommes vraiment confrontés à plusieurs problèmes en même temps. Pour manger même, c’est très compliqué.» explique-t-il
Il avoue qu’en toute sincérité : « la scolarité des enfants cette année, c’est très difficile, les années antérieures, on vendait les récoltes pour pouvoir payer les frais de scolarité des enfants. Mais cette année on n’a pas pu cultiver. C’est donc très difficile. »
Le constat est le même chez Adama qui fait remarquer qu’avant, il se basait sur les récoltes, la vente du niebé et autres mais aujourd’hui: « Nous avons avons fui Daka, notre village laissant nos vivres et nos animaux pour nous retrouver ici à Tougan.»
Quant à Roger, originaire de Daka, il se désole de ce qu’il n’a rien actuellement pour inscrire ses enfants à l’école.
Pour sa part, Boussitoua, désemparé, originaire de Kassan et résident au secteur 2 de Tougan il reconnait que la question de scolarité de ses enfants est une nécessité mais que la réalité est autre. Il est impuissant devant la situation:
«Les enfants doivent aller a l’école , mais j’ai tout perdu : mes greniers, mes animaux. Actuellement, je n’ai absolument rien pour m’occuper de ma famille, n’en parlons pas des frais de scolarité. Nous avons bénéficié d’aide en vivres mais il y a très longtemps.»
Des appels aux bonnes volontés
C’est dans ces conditions qu’ils lancent des appels à solidarité pour les accompagner dans le cursus scolaire de leurs enfants.
Ainsi, Seydou au secteur 6 de Tougan dit ceci : « Comme, nous sommes des personnes déplacées. Tout est arrêté ici. Alors pour la scolarité des enfants ce n’est pas sûr. A moins qu’on nous aide cette année, sinon par nous-mêmes c’est très difficile. »
Même son de cloche chez Salam domicilié au secteur 4 de Tougan, qui lance un appel aux autorités pour accompagner les parents d’élèves qui sont actuellement dans le dénuement total.
« Il y a la scolarité et les fournitures à payer. Nous demandons vraiment à l’État de faire quelque chose pour les parents d’élèves à Tougan. Beaucoup ne font rien d’autre à part les travaux des champs. Et voici qu’on a pas travaillé cette année ». dit-il.
«C’est un appel aux autorités et aux ONG sur place ici pour nous soutenir. Nous en avons vraiment besoin. Je propose aussi aux chefs d’établissement d’augmenter les tranches de paiement des frais de scolarité. Aussi que les ONG négocient pour que les projets viennent à Tougan pour accompagner beaucoup d’enfants qui sont dans le désespoir».
Au delà des difficultés liées à cette reprise des activités pédagogiques, la situation sécuritaire du Sourou et principalement celle de Tougan est très préoccupante.