Il est de nouveau possible d’exporter de la noix de cajou brute du Burkina. Ce sont les autorités burkinabè qui en ont décidé ainsi le 20 mai 2025. Une bonne nouvelle pour les exportateurs qui avaient interdiction formelle de le faire il y a de cela deux mois. Une mesure qui entre en droite ligne de la volonté du gouvernement à suffisamment disponibiliser la matière première pour les unités de transformation locale.
Si depuis le 28 mars 2025, l’exportation de la noix de cajou brute était suspendue sur toute l’étendue du territoire, c’est bien pour une raison fondamentale : le renforcement de la compétitivité de l’industrie nationale de la noix de cajou, à travers l’approvisionnement des unités de transformation locale en matière première.
Les autorités burkinabè semblent conscientes de l’importance de cette matière à forte potentialité économique et de lutte contre la pauvreté dans les zones rurales et urbaines.
Deux mois donc après l’interdiction d’exportation, la mesure est aussitôt levée, le 20 mai 2025. Le gouvernement explique qu’ « au regard du niveau d’approvisionnement des unités de transformation ainsi que de l’engagement des commerçants à mettre la noix brute de cajou à la disposition de ces unités, il a décidé de la levée de la mesure ».
Un détail important. Le gouvernement dit se réserver le droit de procéder à la suspension de la mesure « si d’aventure les besoins au plan national se font ressentir ». Ce qu’il faut également relever, c’est qu’au Burkina, la pomme de cajou sera désormais transformée en jus, vin, vinaigre et autres produits.
Cela, grâce à la future unité industrielle dédiée à la transformation de pommes de cajou dans la commune de Péni, dans la région des Hauts-Bassins, dont la pose de la première pierre a eu lieu le jeudi 22 mai 2025. Il s’agit d’une usine d’une capacité annuelle de transformation de 5 000 tonnes de pommes de cajou et qui va générer 112 emplois directs et plus de 10 000 emplois indirects.
En plus de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté ainsi que de la création d’autres produits dérivés, il faut compter l’amélioration de la qualité des produits et leur adaptation aux exigences du marché international pour les rendre plus compétitifs ; la réduire de la dépendance à l’exportation de matières premières brutes et la création d’une chaîne de valeur plus durable ; la contribution au développement économique et social des régions productrices, en créant de nouvelles opportunités et en améliorant les infrastructures ; etc
Un pilier stratégique de l’économie burkinabè
L’anacarde occupe une place importante dans l’industrialisation du Burkina qui produit près de 200 mille tonnes de noix de cajou en moyenne durant les cinq dernières années et dont le prix du kilogramme est fixé à 385 FCFA, pour la campagne de commercialisation 2025.
En 2021, la noix brute de cajou a occupé le 4e rang des 10 principaux produits d’exportation du Burkina et le 2e rang des produits agricoles exportés après le coton, selon des données issues d’un rapport sur la balance commerciale. C’était il y a 4 ans.
A l’époque, la pomme de cajou a généré une recette totale de 64,37 milliards de FCFA, représentant 2,3% de la valeur des exportations totales du pays.
En 2023, soit deux ans après, l’anacarde, dont la culture a été introduite au Burkina en 1950 pour lutter contre la désertification et préserver l’environnement et la fertilité du sol, était toujours à la deuxième place des produits agricoles d’exportation du pays. Et ce, avec plus de 120 000 tonnes vendues sur le marché extérieur, pour plus de 60 milliards de francs CFA (environ 95 millions de dollars), selon les données du Conseil burkinabè de l’anacarde.
Considérée comme « un élément économique » à partir de 1981 avec le Projet anacarde financé par la Caisse centrale de la coopération économique (CCCE) et le Centre de formation et de promotion professionnelle agricole (CFPPA), la noix de cajou est produite dans quatre régions à savoir les Hauts-Bassins, les Cascades, le Sud-Ouest et le Centre-Ouest.
Ce n’est un secret pour personne, la valorisation de cette matière première par l’État burkinabè permet aujourd’hui à un grand nombre de personnes de tirer leurs ressources vitales. C’est sans doute pour cette raison que les autorités ont lancé, il y a 28 ans (en 1997) un programme de développement de la filière anacarde qui visait à planter un million de plants d’anacardiers.
De nos jours, ce sont des milliers de personnes, des femmes en majorité, qui se sont investis dans la production de la noix de cajou. Elles sont transformatrices artisanales, ouvrières, contrôleuses et trieuses.
Dans la Stratégie nationale de développement de la filière anacarde (SNDFA), on note plus de 45 000 ménages qui évoluent dans le maillon production, transformation et commercialisation. Et l’activité mobilise plus de 7 800 personnes et plus de 11 000 commerçants et exportateurs. Ce qui montre à suffisance que la filière anacarde constitue un pilier stratégique de l’économie burkinabè.
C’est d’ailleurs ce qui est ressorti de la 2e édition du Forum national des acteurs de la filière anacarde (FNAFA) tenu en décembre 2024. A cette occasion, il a été relevé qu’« au-delà des vertus nutritionnelles qu’elle offre, la noix de cajou joue un rôle essentiel dans la génération de devises au profit du Burkina Faso. En plus de cela, elle contribue fortement à accroître les moyens de subsistance de nombreux acteurs agricoles ».